NÎMES Le festival flamenco, c'est pour bientôt
En ouverture du 32e festival flamenco, c'est la danse envoûtante et libératrice de Rocío Molina qui lance les festivités et qui interroge sur l’origine et le sens du vrai. Du 13 au 22 janvier, le festival sera le meilleur moyen de sentir le soleil de l'Andalousie à Nîmes.
Après un rendez-vous manqué l’année passée, le festival flamenco du théâtre de Nîmes fait son grand retour cette année. Le festival en profite pour renforcer sa marque de fabrique, singulière et authentique, mélange des genres et des époques. Entre le chant d’Inés Bacán et la danse de María Moreno, de merveilleux moments de musique, dont la Carte Blanche à Dani de Morón, guitariste talentueux. Yinka Esi Graves, jeune artiste en devenir, sera accueillie en résidence et la danseuse Ana Morales dévoilera une étape de création de son prochain spectacle.
Les 13 et 14 janvier, Rocío Molina, chorégraphe incontournable de la scène actuelle flamenca, poursuivra son exploration artistique dans le projet Trilogía sobre la guitarra, dont le premier volet Inicio (Uno), exclusivement basé sur la guitare du maestro Rafael Riqueni a été présenté avec succès en janvier 2020 à Nîmes.
L’objectif de la danseuse est de prolonger ce travail approfondi sur la guitare dont l’expressivité se déploie du plus simple au plus complexe. Pour cette seconde pièce intitulée Al Fondo Riela (lo otro del Uno), elle convie les guitares expertes d’Eduardo Trassierra et Yerai Cortés, qui entament un dialogue puissant, incorporant les harmonies et rythmes du duo. Dans une scénographie qui laisse place à la dualité grâce à un jeu de miroir, chacun est à l’écoute de l’autre : l’un onirique, sublime et tragique, l’autre ingénieux. Une véritable création poétique.
Journée double
Le 15 janvier, deux rendez-vous dont Yinka Esi Graves à 18h qui viendra mettre son grain de sel. Solo brut et dénudé de la danseuse flamenca britannique, à la recherche des liens entre résistance et silence de la femme noire. The Disappearing Act est la première création solo de Yinka Esi Graves, danseuse britannique installée en Espagne. Elle propose une pièce qui combine danse, musique live et texte pour explorer l’articulation entre résistance et invisibilité déployée par la femme noire dans la diaspora. Comment le corps fait-il face à la recherche d’une mémoire incarnée dans des espaces qui souvent lui nient sa propre histoire ?
En écologie, la crypsis, concept ici fondamental, désigne la capacité d’un animal à éviter sa détection par ses congénères. Une stratégie de prédation ou de fuite ? S’inspirant des habilités de l’animal en question, la danse se centre sur des techniques de métamorphose et de camouflage comme moyens de survie dans des environnements hostiles. Une performance originale à découvrir absolument.
Le même jour à 21h, place au chant avec Pedro El Granaíno qui présente Granaíno Jondo, une œuvre profonde, accompagné du guitariste Antonio de Patrocinio Hijo. Cantaor parmi les plus sollicités du paysage flamenco, Pedro El Granaíno offre avec ce spectacle son œuvre la plus classique et sans doute la plus intime. Il en émane l’arôme des plus grands, Camarón de la Isla, Tomás Pavón ou encore Enrique Morente.
Sa voix, teintée de plaintes obscures et forgée par un rythme inné, possède une capacité de transmission inimitable. Il envoûte le public et son aura n’a de cesse de s’étendre dans les festivals du monde entier. Pour lui, l’essentiel reste la scène : c’est bien là que tout se vit et se transmet. Accompagné du guitariste Antonio de Patrocinio Hijo, son fidèle complice, et des palmeros Luis Dorado et Joaquín González, il célèbrera à Nîmes un flamenco des plus authentiques.
Pour la suite du festival, le programme complet et la billetterie sont par ici.