NÎMES Le personnel menacé par les trafiquants, la médiathèque de Pissevin fermée jusqu'à nouvel ordre
La ville de Nîmes décide de fermer la médiathèque Marc-Bernard à Pissevin pour protéger ses agents.
La ville de Nîmes fait état d'une aggravation de la situation depuis quelques semaines et du risque d’atteinte grave à la sécurité des agents municipaux dans le quartier de Pissevin. Ainsi, Jean-Paul Fournier, maire de Nîmes, annonce la fermeture au public de la médiathèque Marc-Bernard, installée place Claude-Debussy, à compter du mardi 6 juin et jusqu’à nouvel ordre tant que la sécurité de ses agents en poste ne sera pas assurée. "Une terrible décision, mais le sentiment de ne plus avoir le choix. Après de nouveaux incidents graves ces dernières semaines venant s’ajouter à une situation déjà très tendue", fait savoir la municipalité. "Des dealers exercent une forte pression sur le quartier de Pissevin depuis plusieurs années. Mais la situation, connue de tous, vient de prendre une tournure qui m’interpelle et me choque. Malgré les interventions régulières des forces de police, des délinquants s’adonnant en toute impunité au trafic de stupéfiants, menacent au quotidien le personnel municipal de notre médiathèque", dénonce le maire Jean-Paul Fournier. Le premier édile de Nîmes poursuit : "Aujourd’hui, il y a un risque d’atteinte grave à la sécurité des agents. C’est pourquoi, après échange avec Pascal Gourdel, adjoint délégué au Personnel, Sophie Roulle, adjointe déléguée à la Culture, et Richard Schieven, adjoint délégué à la Sécurité, j’ai décidé de fermer la médiathèque Marc-Bernard à compter du 6 juin 2023." Une décision qui n'est pas évidemment définitive mais la Ville attend des mesures fortes de la part de l'État. "Agir prioritairement sur la suppression du point de deal""Je suis prêt à revenir sur cette décision et à rouvrir le site si des actions concrètes et inscrites dans la durée des services de l’État conduisent à une sécurisation des lieux. J’ai ainsi demandé à Madame la Préfète, lors d’une réunion de travail, d’agir prioritairement sur la suppression du point de deal situé devant l’entrée de la médiathèque. Pour ce faire, nous réclamons notamment l’affectation d’une Unité de Force Mobile (UFM) avant qu’un drame ne se produise", reprend le maire. "Je garde l’espoir que nous serons entendus au plus haut niveau et que cette affectation de force ne saura tarder car cette terrible décision va à l’encontre de mon profond attachement, et celui de la majorité municipale, au maintien des services publics sur l’ensemble du territoire, et plus spécifiquement dans les quartiers de reconquête républicaine (QRR). Je ne peux tolérer de laisser cet équipement vide alors qu’il joue un rôle culturel et sociétal fondamental pour le quartier. J’ai bien conscience de l’impact de cette décision sur le sentiment d’impunité déjà très fort des dealers, mais il n’est pas envisageable un instant que cela soit au prix de la sécurité du personnel municipal", conclut-il. Depuis décembre dernier, des dealers exercent une pression de plus en plus forte sur le quartier avec l’instauration de "barricades/points de contrôle" pour encadrer leur commerce illicite, et ce, au droit de la médiathèque. Ainsi, depuis plusieurs mois, les 18 agents du centre culturel sont victimes de menaces et d’agressions verbales au vu et au su de tous. Dès lors, la Ville a sollicité l’organisation d’un Groupe de Partenariat Opérationnel (GPO) afin de rassembler l’ensemble des acteurs concernés sur le secteur. Ce GPO s’est tenu quelques semaines après, mais, hélas, sans mettre fin au trafic et à ses conséquences lourdes pour les habitants et les agents intervenant au quotidien. Aujourd’hui, ils font même l’objet de contrôles et de palpations en pleine rue avant d’accéder à leur poste de travail. Pourtant, dès l’apparition des points de contrôles, la Ville a mis en place des patrouilles fixes d’agents de la police municipale pour sécuriser la sortie du personnel de la médiathèque. Une action partagée ensuite avec la police nationale, mais qui ne peut s’inscrire dans la durée, et qui ne peut répondre à l’aggravation des faits. Les trafiquants sur le toit pour guetter la policeUn nouveau palier a été franchi puisque les trafiquants ont pénétré dans le bâtiment, jusqu’ici sacralisé, allant jusqu’à filmer et photographier le personnel, et accédant au toit pour surveiller les alentours et prévenir de l’arrivée des forces de police. Une majorité des agents de la médiathèque a exercé son droit de retrait pour alerter sur son exposition à un danger grave et imminent. « Je ne peux tolérer que des agents de la fonction publique territoriale soient victimes de tels agissements et exactions », a témoigné Jean-Paul Fournier, lors d’une rencontre avec la préfète du Gard, Marie-Françoise Lecaillon, pour agir au plus vite. Pour la Ville de Nîmes, une seule solution à l’heure actuelle : obtenir des services de l’État l’affectation de façon quasi-permanente d’une unité de Force Mobile aux abords de la place Claude-Debussy pour faire disparaître le point de deal actuellement en place et sécuriser les abords de la médiathèque. Lors d’une réunion le 31 mai avec les services de la préfecture du Gard, la Direction départementale de la sécurité publique et la procureure de la République, un point précis a été fait sur la situation actuelle dans le quartier de Pissevin, avec la volonté de trouver une solution pour éviter à tout prix de fermer un équipement public. Malgré des propositions d’actions volontaires, les représentants de l’État dans le Gard n’ont pu confirmer l’affectation d’une UFM pour sécuriser le secteur. Sophie Roulle, adjointe déléguée à la culture, a pu s’entretenir quelques minutes sur le sujet avec le président de la République, Emmanuel Macron, en marge de son déplacement à Garons, vendredi 2 juin. Mais, n’ayant pas de réponse concrète et considérant l’urgence et la gravité des faits déroulés ces derniers jours, la Ville de Nîmes a pris la décision douloureuse d’une fermeture pour protéger ses agents. |