NÎMES Rafael Vidal, créateur de la future école ISDD : "C'est le projet humain qui nous intéresse"
L'ISDD, International School of Digital Design ouvrira ses portes à la rentrée 2016. Son créateur, Rafael Vidal, est aussi le directeur du centre de formation Images, basé à Ville Active depuis 23 ans et spécialisé dans le webdesign, l'infographie et le design d'espace. L'établissement privé délivrera des diplômes allant jusqu'au Bachelor et cible les candidats post-bacs, dont une grande majorité étaient contrant de poursuivre leurs études à Marseille, Montpellier, Toulouse ou ailleurs en l'absence d'école pour les accueillir à Nîmes. Avec pour mission de former des bilingues sur la stratégie numérique. Interview de Rafaël Vidal.
Objectif Gard. Vous êtes parti du constat que l'offre de formations dans la communication et le numérique était insuffisante à Nîmes ?
Rafaël Vidal. On a effectivement remarqué qu'il y a avait un besoin. Mais ce qui est encore plus compliqué, c'est que depuis 2009 environ 30 à 40 % de nos effectifs à Images ont déjà un BTS ou un Master. On s'est demandé ce que ces gens venaient faire dans un centre de formation professionnel à 35 ou 45 ans alors qu'ils avaient passé un diplôme mais n'avaient pas pu continuer leurs études. Certains nous ont dit que s'ils nous avaient connu après le bac ils seraient rentrés directement en première année de prépa chez nous. C'est là qu'on s'est interrogé sur la création d'un Bachelor à Nîmes.
Vous pensez attirer combien de candidature ?
Pour la première année de prépa, on attend une trentaine de personnes et une quinzaine en première année. On a pas mal de BTS Communication qui s'inscrivent directement en première année.
Quel type d'enseignement allez vous proposé ?
La différence, c'est qu'on est dans un cursus professionnel fait par des professionnels. Donc cela n'a rien à voir avec un cursus initiale fait par des professeurs. Nous, on parle de formateurs. Pour mon expérience au sein d'Images, ce sont des gens qui sont tous en activité professionnelle en dehors de leur rôle de formateur, ils sont web master web designer, architectes, designers d'espaces. On n'est pas dans un transfert de savoir et de connaissance théorique mais plutôt dans un transfert de connaissance pratique en lien avec les entreprises d'aujourd'hui. On ne va pas expliquer l'histoire de l'impression depuis Gutemberg, on n'a pas le temps pour ça. Nous, on rentre dans le cœur du métier notamment sur la charte graphique, les tendances de demain. On étudie sur ce qui se passe aux États-Unis, au Mexique, en Angleterre, en Allemagne, et à partir de ces tendances graphiques on va leur apprendre à dessiner des campagnes de publicité, des sites internet, de la 2D et de la 3D. La logique est très différente.
Mais comme toute école privé, cela a un coût.
Oui, il est de 5 000 euro par ans. Mais l'idée c'est de ne pas piéger les gens pendant quatre ans en leur permettant un retour à l'emploi chaque année. C'est difficile aujourd'hui pour les familles de valider une formation sur quatre ans (prépa, 1er, 2ème et 3ème année) avec des budgets énormes, c'est quand même 5 000 euros par an. Mais finalement on est pas très cher, si on compare aux écoles parisiennes où les frais de scolarité avoisinent les 10 000 euros. On veut surtout pas endetter les familles, on va chercher un projet professionnel dès la première année pour l'étudiant. Libre à lui de poursuivre ses études ou pas mais ils pourront déjà travailler dans une agence de communication ou une agence de publicité. On propose aussi des prêts à taux zéro pour aider les parents. Aujourd'hui, le Bachelor est une opération de business puisque en concurrence avec le Master. Je ne rentre pas dans ces querelles là. Nous, notre culture c'est celle des centres de formation professionnels, on est une coopérative. C'est le projet humain qui nous intéresse. À quoi ça sert d'enfermer un jeune qui va se contenter du premier niveau pour devenir infographiste print / web, ce qui est déjà un vrai métier que l'on enseigne nous depuis 23 ans à Images.
Quels sont les profils que vous recherchez ?
Le cœur de l'ISDD c'est le projet professionnel des jeunes. C'est un peu fou de faire car on se met une balle dans le pied en leur proposant de ne faire qu'une année s'ils le souhaitent et de rejoindre le monde professionnel. On pourrait les coincer pendant 4 ans, à quoi ça sert ? Ce qui compte pour nous, c'est le projet professionnel du jeune. Rien ne les empêche de revenir plus tard pour suivre d'autres formations. Ce sont des mondes très différents qui peuvent se côtoyer par de la compétence partager. Nous visons le développement personnel, notre logique est ancrée dans celle du monde professionnel tout en étant à l'écoute aussi des difficultés des parents à débourser 20 00 euros. Pour seulement se retrouver avec une attestation de fin de stage, ça fait un peu cher.
Ça existe.
Je sais, on a tourné le dos à ça en disant que si l'élève ne va pas au bout du Bachelor, au moins il aura un très bon niveau technique avec un diplôme reconnu par l’État à l'issue de la première année.
Vous vous sentez appuyé par les élus ?
Je pense qu'il y a une curiosité intellectuelle, autant du côté de la ville que de l'agglo qui ont un département sur les écoles numériques. J’étais invité récemment pour parler du coworking que nous allons aussi mettre en place. Ils sont assez curieux de cette initiative car nous avons l'ambition de maintenir les étudiants nîmois dans leur ville. Cette initiative est entendue aussi car ils connaissent Images depuis 23 ans et qu'ils savent que nous sommes une coopérative. Ce n'est pas un enrichissement personnel du gérant que je suis puisque je suis simplement salarié d'une école. L'idée c'est de favoriser le facteur humain, et on est quand même le centre de formation le plus ancien de Nîmes avec un fichier de plus de 3 300 entreprises dans la communication visuelle et globale.
Les inscriptions sont ouvertes dès maintenant et jusqu'au 16 aout.
Baptiste Manzinali