NÎMES Restaurateur nîmois violemment attaqué pour sa Rolex : 5 ans ferme pour l’agresseur
Un jeune Tchétchène de 20 ans est condamné à cinq ans d’emprisonnement par le tribunal judiciaire de Nîmes, jeudi 9 juin, pour le vol extrêmement violent d’une montre de luxe à un restaurateur nîmois, le 13 août 2020.
Ce soir-là, vers 1h50 du matin, alors qu’il rentre chez lui à moto, le patron de ce restaurant du centre-ville bien connu est attaqué par deux hommes cachés dans un buisson à proximité de sa maison. À son arrivée, le duo lui saute immédiatement à la gorge et le cogne à coups de poing américain après lui avoir enfoncé un gant et une casquette dans la bouche pour le réduire au silence. Mais la victime parvient tout de même à alerter les voisins, mettant ses assaillants en fuite, avec, pour butin, une Rolex d’une valeur de plus de 50 000 euros.
« L’argent, l’amour de ma vie »
Mais dans le buisson, les deux complices laissent un mégot contenant l’ADN du prévenu. Interrogé par les enquêteurs, Mairbek dément avoir participé à l’agression mais admet avoir pisté le restaurateur grâce à un système de géolocalisation installé sur sa moto. Sur le téléphone de son complice, les policiers retrouveront plusieurs photos montrant le patron devant son établissement ou devant sa moto, des recherches sur Internet correspondant au modèle exact de sa Rolex et des vidéos de liasses de billets précisant « l’argent, l’amour de ma vie ».
Lutteur de haut niveau
« Comment à votre âge, on en vient à frapper quelqu’un aussi fort, au point de lui casser les côtes et de le blesser à travers son casque, et ce de manière préparée ? », demande durement le président, Jean-Pierre Bandiera. Le prévenu reste sans voix à cette question, démentant avoir utilisé un poing américain. « Ce doit être le choc avec le casque », lâche-t-il, seulement, expliquant avoir commis ce vol contre 2 000 euros, mais refusant de donner le nom de ses commanditaires, par crainte de représailles. « Depuis votre détention en février 2021, vous avez multiplié les altercations et les violences. Sans compter que vous êtes un ancien lutteur de haut niveau. Vous ne semblez pas craindre grand monde », lui fait remarquer le juge.
« J’entends encore leurs coups sur mon casque »
La victime s’avance à la barre. « Je ne suis pas un homme qui parade en ville. Cette montre est un objet précieux, mais très discret, c’est pour cela que je me permettais de la porter tous les jours », explique le restaurateur. Pour moi, un client a dû la repérer dans mon établissement. »
Il se remémore l’agression avec précision. « C’était d’une violente sauvagerie. Je remercie mes anges gardiens d’avoir eu un casque car sans celui-ci j’aurais peut-être été défiguré, empêché de reprendre un jour mon travail, voire tué, car il y avait bien des coups de poing américain. J’entends encore le bruit de leurs coups sur mon casque…, assure-t-il. Il n’y a eu aucune parole, ni menace, C’était comme un cauchemar où on ne sait plus ce qui relève du rêve ou de la réalité. »
Association de malfaiteurs
Le parquet réclame 6 ans de prison contre le jeune Tchétchène. « Sa victime n’est pas un richissime collectionneur de montres de luxe mais un restaurateur qui travaille depuis des dizaines d’année et qui s’est fait dérober une montre d’une valeur sentimentale aussi importante que son prix, avance Philippe Ughetto. L’agression a été d’une violence inouïe. Renversé de sa moto et roué de coups pour lui arracher sa montre, il aura des fractures des côtes et des plaies aux lèvres et aux joues. Avec la surveillance mise en place auparavant, les repérages, la pose du téléphone pour géolocaliser sa moto et les filatures : c’est une véritable association de malfaiteurs. »
Échapper aux bombes
Son avocate tente de réduire cette lourde peine. « Aujourd’hui, il est seul à répondre de ces actes, alors que chacun sait qu’il a œuvré pour des commanditaires, qui ont la connaissance de la valeur d’une telle montre et les réseaux pour la revendre, pointe son avocate Aude Hamza. Mais il a beau être très fort en MMA et en arts martiaux, il n’a pas peur pour lui, mais pour la vie de sa famille qui a connu l’horreur, survivant dans des caves pour échapper aux bombes et à la guerre dans leur pays. »
Pierre Havez (avec Jade Tlattla)