NÎMES Un an ferme pour une agression au pic à rôti en centre-ville
Un quinquagénaire est condamné à un an ferme à purger à domicile sous bracelet électronique en comparution immédiate, ce mardi 17 mai. Il est l'auteur de violences avec un pic à rôti et une arme de poing semi-automatique, survenues le 10 mai dernier rue Saint-Remy à Nîmes, sur un voisin prénommé Abdel.
« En fait j’avais peur de lui, je lui ai mis un coup de fourchette pour me défendre, mais je n’avais pas d’arme, sinon je n’aurai pas utilisé le pic à rôti, pointe le quinquagénaire, t-shirt noir et barbe poivre et sel. J’ai 52 ans, il en a 25, il a un gabarit balèze, et depuis un an, il me fait vivre un martyr... » Le juge rembobine calmement. « Ce n’était pas votre première altercation ? », demande le président Jean-Michel Perez. Le prévenu hoche la tête. « Le vendredi, il m’a mis deux patates dans les yeux, devant mon propriétaire, qui a essayé de me dire de me calmer. Il n’est pas normal, il est méchant, quand je me retrouve seul avec lui dans la cage d’escalier, il est impressionnant, impressionnant ! »
« Il a des yeux qui crachent du sang »
La victime raconte aux enquêteurs qu’Éric l’aurait d’abord planté dans le dos avec la fourchette à barbecue, puis dans le ventre, en criant « meurs, meurs, meurs », comme un hystérique, avant de lui porter deux autres coups dans le biceps, avant qu’Abdel ne se débatte et désarme son agresseur. « N’importe quoi, c’est moi qui avais peur de lui, il me tape 24h sur 24, je vous le jure ! J’en ai marre de me faire taper dessus, à mon âge, j’ai pas mérité ça. Je ne sais pas où je l’ai tapé, j’avais les yeux fermés. Il fait peur à tout le monde, il est immense, il a des yeux qui crachent du sang ! Si je sors, je ne veux plus retourner là-bas, je ne veux plus le voir ! »
« C’est mon anniversaire, et je suis à la barre...»
Le juge évoque le pistolet avec lequel la victime aurait été visée. Le prévenu s’emporte. « Si j’avais une arme, j’aurais tiré dessus, croyez-moi ! Je n’avais pas d’arme, juste une fourchette pour lui faire peur, mais ça n’a pas suffit, s’écrie Éric, offusqué. Le voisin confirme parce qu’il a peur lui aussi ! »
Le troisième voisin, chez qui la bagarre a explosé confirme en effet que c’est Éric qui aurait frappé le premier. « Il a tourné sa veste grave, je ne le comprends pas, souffle l’homme de 52 ans. En plus, c’est mon anniversaire aujourd’hui, et je suis à la barre devant vous… C’est un méchant, vous le savez, vous avez des dossiers sur lui : en janvier, il a cassé ma porte avec une hache, la police l’a bien vu. Moi, depuis le vendredi, je ne rentrai plus chez moi tellement j’avais peur de tomber nez-à-nez sur lui. Ce pic, je l’avais juste pour me défendre… »
« Ces coups auraient pu le tuer »
Le casier de Rémy comporte huit mentions principalement pour des vols et des violences ou des délits routiers. Au chômage, l’ancien électricien vit au RSA depuis plusieurs années. « Je suis surpris que vous continuiez à nier les faits, malgré les évidences. Ces coups auraient pu le tuer s’il ne vous avait pas désarmé ! », pointe le procureur qui requiert un an d’emprisonnement ferme contre Éric.
Son avocate tente de réduire la peine demandée. « Sachant qu’il a aussi peur d’Abdel, le témoignage du troisième voisin doit être relativisé. D’autant que le certificat médical ne montre par exemple aucune trace de coup de fourchettes dans le dos de la victime !, s'indigne Laurence Aguilar. Et il est encore plus dommage que ce dernier ne soit pas venu aujourd’hui raconter sa version car je rappelle que c’est d’abord lui que les policiers ont retrouvé dehors, avec les deux armes en main ! »
Pierre Havez