NÎMES Une rentrée scolaire masquée pour les enfants
Ce matin à l’école élémentaire Charles-Martel, à Nîmes, les élèves ont effectué la première rentrée depuis le reconfinement décidé par le président de la République la semaine dernière. Nouvelles mesures sanitaires obligent, les enfants devaient être impérativement masqués. Chez les élèves comme chez les parents, cela suscitait quelques inquiétudes.
Il est 7h30 devant l’école située dans la rue Charlemagne. Si la rentrée est planifiée pour 8h20, les premiers enfants arrivent peu à peu. Ils doivent appuyer sur la sonnette pour que la porte s’ouvre. Benoît laisse sa fille devant l’école avec une certaine appréhension : « Je ne trouve pas normal que les écoles soient ouvertes. Je fais du télétravail et j’aurais préféré qu’elle reste avec moi à la maison. »
« Je ne sais pas s’ils vont pourvoir garder le masque toute la journée »
Au fil des minutes, les voitures se succèdent à un rythme plus intense. Mélanie est pressée mais elle prend tout le temps qu’il faut pour embrasser et donner des conseils à ses jumelles. Une fois les petites filles entrées dans l’établissement, la jeune femme repart énergiquement et elle affirme : « Moi, rien ne me préoccupe, rien ne m’en inquiète ! »
Mais tout le monde ne partage pas cet avis. Cédric et son fils arrivent, et le papa relate la crainte de son enfant : « Je suis rassuré par les mesures prises par la municipalité. En revanche mon fils était inquiet ce matin car il se demandait s’il aller devoir garder le masque toute la journée. » C’est là une des questions du jour, car désormais, à partir de six ans, les élèves doivent porter un masque.
Dans la cour, les maîtresses rappellent les consignes à certains indisciplinés. « Les masques, on ne les enlève pas ! », explique l’une d’entre elles. C’est bientôt l’heure de l’ouverture du portail et Virginie, une maman nîmoise s’interroge : « Je ne sais pas s’ils vont pourvoir garder le masque toute la journée ». Puis elle fait part de son désaccord avec certaines règles à respecter : « Je ne comprends pas que l’on doive remplir une attestation pour amener les enfants à l’école. »
À 8h20, tous les enfants entrent dans l’école et les parents retournent à leurs occupations. Pendant ce temps là, deux policiers patrouillent dans le quartier et un véhicule militaire passe dans la rue. C’est dans ce contexte anxiogène que la rentrée a eu lieu ce matin.
À Bagnols/Cèze...
Nous nous sommes également rendus à l’école élémentaire Célestin-Freinet à Bagnols-sur-Cèze. Un peu avant 8h, directeurs et instituteurs étaient déjà sur le pied de guerre pour accueillir les enfants dès 8h30. Dès ce week-end, ils ont installé signalétique, plots et cordons : « On a remis en place le dispositif de séparation de classes. Chacune a sa zone », explique le directeur, Vincent Causse. C’est bien pour éviter le brassage mais moins pour les amitiés : « Ma meilleure amie n’est pas dans la même classe que moi. Je ne peux pas jouer avec elle à la récré », atteste Gaby, en CM1, qui hausse les épaules.
À l’accueil, la photocopieuse tourne à plein régime. La charte de la laïcité est imprimée par dizaines d’exemplaires. Le directeur demande à une professeure en charge d’une classe de CE2 si elle a prévu de faire quelque chose pour parler de l’assassinat de Samuel Paty. « Je vais déjà voir ce que les élèves ont à dire, comment ils l’ont vécu. Mais on travaillera dessus tout le mois de novembre », répond-t-elle. Une minute de silence sera respectée dans chaque classe à 11h.
Un "marathon lavage de main" avant de rentrer en classe
Dernier point sur les stocks de masques jetables. Il reste à peine deux boîtes… Heureusement, quasiment tous les enfants sont venus avec le leur sur le nez. Il est maintenant obligatoire dès 6 ans.
Il est 8h20, les grilles des deux entrées s’ouvrent. Du côté du personnel de l’école, on a veillé scrupuleusement à ce qu’elles restent bien verrouillées jusqu’alors en raison du risque attentat. C’est pour cette raison également que le maire, Jean-Yves Chapelet, a décidé de ne pas se rendre contrairement à d’habitude dans les écoles pour la rentrée.
Du côté de chez certains parents d’élèves, l’inquiétude est palpable. « J’avais décidé de ne pas remettre ma fille à l’école à la rentrée de septembre car elle est fragile. Mais bon, c’est comme ça, elle y retourne. Cette année est un peu compliquée pour tout le monde. Et puis rester à la maison, c’est dur surtout que moi, je ne peux pas télétravailler », explique son papa, Cyril Pradier.
Dans la cour, les enfants suivent scrupuleusement le cheminement jusqu’à l’emplacement dédié à leur classe. Avant de commencer les cours, passage obligé par le « marathon du lavage des mains. ». Et avec 20 lavabos disponibles dans la cour, c’est un véritable ballet millimétré qui s’opère. Mais qui prend du temps. Le procédé devra être répété avant et après chaque récréation. « On va demander aux familles de fournir du gel hydroalcoolique pour gagner un peu de temps. Au moins avant la récréation », lâche le directeur. Il est maintenant temps de commencer la journée et d’apprendre, en essayant de retrouver un semblant de normalité.
Norman Jardin (à Nîmes) et Marie Meunier (à Bagnols/Cèze)