PONT-SAINT-ESPRIT La question de l’amiante à l’Hôtel-Dieu enflamme le conseil municipal
On a d’ores et déjà pu constater l'opiniâtreté de Gilbert Baumet sur de nombreux sujets, comme le Plan local d’urbanisme. On le voit à nouveau aujourd’hui avec l’Hôtel-Dieu et plus précisément sur la présence supposée d’amiante dans l’ancien hôpital.
Avant même le début du (long) conseil de jeudi soir, Gilbert Baumet nous avait glissé qu’il "y aura(it) de l’amiante ce soir", à l’occasion de deux délibérations ayant trait au bâtiment. La première concernait une demande de subventions pour les travaux d’urgence qu’il a fallu exécuter suite à l’affaissement d’un élément de charpente, pour près de 100 000 € financés pour 40 % par la mairie. "Je voudrais poser avec sérénité un certain nombre de questions", déclamera l’ancien maire dont les interventions en conseil sont rarement porteuses de sérénité, il faut bien le dire. "Fatalement, comme ce bâtiment est laissé à l’abandon depuis de nombreux mois, il y a des dégâts, a-t-il poursuivi. Et vous n’avez pas fini les travaux car un problème demeure : la présence d’amiante. Il y a 44 lieux où il y en a dans le bâtiment, alors vous n’avez pas fini !" Et Gilbert Baumet de sortir un rapport qui prouverait ses dires. Puis remettant une pièce dans la machine de la polémique qu’il a lui-même créée en février, Gilbert Baumet affirmera que son successeur "aurait dû avertir toute personne susceptible de travailler sur les lieux, c’est sérieux, ça relève du code pénal, c’est honteux !".
« Allez-y au pénal, M. Baumet ! »
Le maire Roger Castillon estimera l’intervention de son prédécesseur "très orientée" et que s’il y avait de l’amiante, ce serait "dans certaines canalisations, peut-être dans certaines toitures, mais pas dans les faux-plafonds", comme il l’avait déjà affirmé lors d’une conférence de presse. En clair : il n’y aurait pas de danger pour les intervenants du chantier. "Alors allez-y au pénal, M. Baumet ! On se défendra", rétorquera Roger Castillon. Mais, comme redit plus haut, Gilbert Baumet n’est pas homme à lâcher facilement. Illustration par l’exemple : "Vous n’auriez pas dû me répondre, vous êtes tombé dans le piège, répondra-t-il au maire. Vous reconnaissez qu’il y a de l’amiante. Or, où qu’elle soit, elle est dangereuse !" Une affirmation que Roger Castillon qualifiera d’"ânerie" sans faire démordre son prédécesseur, qui sera moqué par l’adjoint Christian Jourdan, architecte dans le civil : "Je suis très content d’avoir un expert en amiante dans la salle, vous devriez ouvrir un cabinet." La demande de subvention fera office de victime collatérale de ce débat, puisque la délibération sera votée avec cinq voix contre, celles du groupe Aimons Pont-Saint-Esprit et de l’élu FN Alain Salsano. "Une façon élégante d’aider les affaires de la commune", commentera le maire.
« Un long bla-bla »
Puisque le monde est bien fait, la délibération suivante concernait également l’Hôtel-Dieu et plus précisément le lancement d’une nouvelle consultation pour le projet de cession du bâtiment, la première démarche qui datait de 2016 n’ayant pas permis d’aboutir sur ce projet. "C’était un long bla-bla dans la première consultation et ça s’est fini dans l’impasse. Et ce soir, on repart dans une deuxième consultation avec un bla-bla ressemblant, lancera Gilbert Baumet. Je suis inquiet car entre-temps, il faut faire des travaux et nous ne sommes pas sortis de l’auberge. » Le maire lui répondra que "la procédure prend du temps, elle va permettre à des entreprises de nous faire des propositions et le processus sera conclu au cours du premier trimestre 2019".
Et parce qu’un échange entre les deux septuagénaires ne serait pas complet sans un petit tacle, Roger Castillon rappellera à Gilbert Baumet que "pour l’instant, notre dépense la plus importante sur ce projet, ce sont les 156 000 € que nous avons dû payer car vous n’aviez pas honoré l’engagement d’acquisition que vous aviez effectué". La délibération sera votée avec quatre voix contre, celles du groupe Aimons Pont-Saint-Esprit.
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Abstention. Une fois n’est pas coutume, une abstention est venue de la majorité jeudi soir. Il s’agit de celle de René Lamarre sur la délibération concernant une convention entre la Ville et l’Établissement public foncier Occitanie sur la construction du nouveau collège. Ce sont des points techniques qui provoquent le vote de l’élu qui se dit par ailleurs favorable à la construction du nouveau collège. Des incertitudes sur le calendrier et les délais de construction expliquent son abstention, incertitudes que le maire n’a pas comprises. "Ton abstention t’appartient mais je ne la comprends pas bien", répondra le maire.
Emprunts. Deux emprunts ont été votés jeudi soir. D’un montant de deux millions d’euros chacun, ils serviront à financer les investissements de la Ville. Le premier, souscrit auprès de la Caisse des dépôts, a un taux indexé sur le Livret A et sera consacré au chantier de l’entrée sud. Le second, souscrit auprès de la Banque postale à un taux fixe d’1,45 %, servira pour moitié à l’entrée sud mais aussi aux travaux de la caserne Pépin, à la démolition de l’ancienne caserne des pompiers et à l’aménagement de la placette Bruguier-Roure. Des emprunts contenus dans une décision modificative du budget votée également jeudi soir. Seul le taux variable du premier emprunt provoquera une question d’Alain Salsano, interrogation à laquelle la première adjointe Claire Lapeyronie répondra : "Les conditions nous ont paru raisonnables, le taux est indexé sur le Livret A." Le premier prêt sera voté avec cinq voix contre, le second avec quatre voix contre et une abstention.
Thierry ALLARD