PONT-SAINT-ESPRIT Le lieutenant Bodoignet fait le point sur le centre de secours
Cela fait maintenant deux ans que le lieutenant Luc Bodoignet est à la tête du centre de secours de Pont-Saint-Esprit. Deux ans fortement marqués par la pandémie de covid-19. Il fait le point.
On pourrait presque dire que c'est un retour aux sources pour le lieutenant qui a démarré sa carrière de sapeur-pompier professionnel au centre de Pont-Saint-Esprit en 1989. En 2002, il est allé sur Nîmes pendant huit ans, puis trois ans sur Alès, 2 ans et demi sur Bagnols/Cèze et quatre ans et demi sur Roquemaure. Au total, il cumule pas moins de 33 ans de carrière.
Avec son adjoint, le lieutenant Dominique Bony, il dirige maintenant le centre de secours de Pont-Saint-Esprit qui rayonne sur treize communes. Sous ses ordres, il y a 80 sapeurs-pompiers (70 volontaires et 10 professionnels). Comme c'est le cas dans tous le département, 80% des interventions résident dans du secours à la personne.
Il y a deux interventions qui ont marqué le chef de centre en 2021. Une à l'issue tragique, l'autre heureuse. Le 23 juin, deux ressortissants allemands ont eu un accident de pédalo au niveau de l'embouchure entre l'Ardèche et le Rhône à Pont. Malgré la tentative de sauvetage d'un jeune homme qui aspire à devenir pompier, les deux personnes sont décédées. Le 19 septembre, une femme tombée dans le Rhône a été secourue par les pompiers et s'en est sortie saine et sauve.
1 700 interventions effectuées en 2021
Au total, en 2021, le centre de secours spiripontain a effectué 1 700 interventions : "On a retrouvé le niveau de 2019, qui avait été une grosse année niveau feux de forêt contrairement à 2021", atteste le lieutenant Luc Bodoignet. Suite aux confinements successifs en 2020, l'activité humaine a diminué et automatiquement, les bobos et incidents aussi. Pendant le premier confinement, les interventions des pompiers du Gard ont diminué de 25%. À Pont-Saint-Esprit, il n'y a eu que 1 508 interventions en 2020.
En revanche, les chefs de centre de secours ont vu leur charge de travail se transformer avec le covid. Il y avait une plus grosse attention à porter à l'aspect administratif. La vie sociale au sein du centre a été bousculée : "Je n'ai eu que deux mois normaux pour faire connaissance avec l'équipe. Depuis le covid, on ne peut pas faire de grandes réunions, de moments conviviaux... On ne peut pas faire venir nos familles, ni les jeunes du conseil municipal des enfants...", déplore le lieutenant.
La priorité est de "sanctuariser" le centre de secours. Cela a marché puisqu'il y a eu très peu de contaminations au sein des équipes. Mais les délais opératoires ont augmenté car à chaque transport de patient covid dans le camion, les hommes en intervention doivent s'astreindre à changer de tenue, à se doucher et à tout nettoyer : "Il y a tout un protocole qu'on continue d'appliquer aujourd'hui." Les locaux sont régulièrement aérés, les gestes barrières appliqués et les sapeurs-pompiers vaccinés.
Douze adolescents inscrits à l'école de jeunes sapeurs-pompiers
De bonnes conditions que les sapeurs-pompiers attribuent aussi à leur centre neuf, qu'ils occupent depuis 2018. Depuis deux ans, le centre spiripontain bénéficie d'un large renouvellement du parc automobile. Rien qu'en 2021, la caserne a reçu deux nouveaux véhicules (un avec une citerne grande capacité pour lutter contre les feux de forêt et un spécialisé dans la dépollution qui est capable de lutter contre le risque chimique ou de colmater les fuites). Au total, il y a 16 véhicules (dont trois engins de feu) et deux bateaux.
Parmi l'effectif de 80 hommes, 15 sont spécialisés dans le risque chimique, 5 conducteurs de bateau, deux dans le GRIMP (groupes de reconnaissance et d'intervention en milieu périlleux) et le lieutenant Bodoignet est lui-même habilité comme observateur aérien. Il peut être mobilisé pour survoler en avion le département et faire une première évaluation des feux de forêt.
La particularité du centre de secours spiripontain est qu'il dispose d'une école de jeunes sapeurs-pompiers volontaires. Actuellement, douze jeunes âgés entre 12 et 14 ans viennent tous les samedis se former. Il s'agit de la 3e promotion qui en est à sa 2e année. Le cursus dure quatre ans et leur permet d'avoir de grandes facilités pour devenir sapeur-pompier volontaire.
Concernant les projets pour 2022, le lieutenant Bodoignet préfère rester prudent. Tant que le covid est présent, il est difficile de lancer de grandes actions : "On va essayer de maintenir les effectifs au niveau, de poursuivre l'avancement dans les qualifications. Le reste, on le fera plus tard, ce n'est pas grave."
Marie Meunier