SAINT-ALEXANDRE Le sous-préfet en visite pour s’enquérir des projets et des problèmes
Il a « trouvé le temps entre deux séquences de sécurité civile », au coeur d’un été mouvementé : le secrétaire général de la préfecture et sous-préfet d’arrondissement François Lalanne était en visite à Saint-Alexandre ce mercredi.
Saint-Alexandre, 1 200 habitants, entre Bagnols et Pont-Saint-Esprit, ses maisons en pierre, son centre-village perché et ses projets. Des projets que le maire Jacques Bertolini présentera au sous-préfet d’arrondissement, pour lesquels la commune a investi « presque 2 millions d’euros depuis le début du mandat. » Une coquette somme pour un village de cette taille, d’autant que Saint-Alexandre a souffert, comme beaucoup de communes, de baisses des dotations de l’État. « En six ans, nous allons dépasser les 150 000 euros de pertes de dotation », soulignera le maire. Malgré tout, le village a investi, sans contracter d’emprunt ou augmenter les impôts.
Quel est le secret de Saint-Alexandre ? « Nous faisons un peu de business, nous avons vendu des terrains que nous avions achetés », note Jacques Bertolini, répondant à une question du sous-préfet d’arrondissement. Deux millions d’euros, pour quels projets ? « Nous avons rénové les façades de la mairie et de l’église, ainsi que la toiture de l’église, détruit deux bâtiments en centre-village, j’espère boucler un projet de construction de bâtiment à leur place, nous avons refait le lavoir, fait un terrain de boules, un plateau sportif, un kilomètre de voirie, et nous allons en faire un autre à la rentrée », énumèrera Jacques Bertolini, alors que François Lalanne prenait studieusement des notes.
La voirie, évoquée par le maire comme « une croix » onéreuse : « aujourd’hui, le kilomètre de voirie c’est 900 000 euros, et nous n’avons pas beaucoup d’aides, donc si on fait un kilomètre on n’a plus de sous pour faire autre chose. » Alors pour limiter les frais, la municipalité a mis en place un système de provisionnement de 30 000 euros par an pour maintenir la voirie. Toujours au rayon réalisations, un bassin de rétention a été creusé de l’autre côté de la N86, la salle polyvalente a été repeinte et des investissements ont été mis sur l’école communale. L’école et la salle des fêtes vont d’ailleurs être prochainement équipés d’ombrières photovoltaïques, ce qui permettra de changer le système de chauffage de l’école. Quant à la RD 311, l’entrée de village, elle a été refaite récemment avec le concours de l’État et du Département, et les travaux du pôle santé vont démarrer en septembre. Une clinique vétérinaire est également à l’étude.
L’eau et l’assainissement, sujets sensibles
La zone artisanale du village, gérée par l’Agglo du Gard rhodanien, « commence à bien fonctionner » et va accueillir bientôt une micro-crèche privée. Un dossier sur lequel « l’Agglo nous a mis quelques bâtons dans les roues », lancera le maire, visiblement déterminé à faire passer quelques messages. Ainsi, il sera également critique envers l’intercommunalité sur le dossier de l’attractivité de la zone artisanale, « c’est une compétence de l’Agglo, je n’en dirai pas plus. »
Autre message, cette fois aux services de l’État, sur le transfert des compétences eau et assainissement à l’Agglo au 1er janvier prochain. Un transfert voulu ni par la commune ni par l’Agglo, mais rendu inéluctable par la loi : « les Agglos ne pourront pas différer la prise de compétence, alors que les communautés de communes ont obtenu la possibilité de différer jusqu’à 2026 », rappellera François Lalanne. Bref, pas de quoi faire décolérer Jacques Bertolini, qui explique que sa commune et la voisine de Carsan fonctionnaient sur l’eau en syndicat commun depuis 1972, avec succès. « Depuis deux ans nous avons été obligés de prendre Saint-Nazaire et Vénéjan pour ne pas perdre le statut de syndicat, et ce n’est pas un cadeau », ajoute l’élu. Les deux nouvelles communes sont en effet en retard sur Saint-Alexandre, notamment sur les questions de rendement du réseau.
C’est encore pire sur l’assainissement : la commune a bâti il y a une quinzaine d’années sa propre station d’épuration, « et on va la léguer à l’Agglo quand on l’aura quasiment payée », grogne Jacques Bertolini. Pendant ce temps, d’autres communes, comme Pont-Saint-Esprit ou Laudun-l’Ardoise, présentent un retard certain sur l’assainissement. « Quand on voit certains communes qui vont amener quelque chose de pourri, on est en droit de demander quelque chose, car c’est Saint-Alexandre qui a payé, ce n’est pas normal », tonne le maire. Un maire qui craint de mettre dans le pot commun des équipements payés sur les deniers de sa commune et en bon état pendant que d’autres communes, qui ne se sont pas emparées de ces problématiques en temps et en heure, vont en quelque sorte laisser l’Agglo s’en occuper.
« L’héritage dans le Gard rhodanien va être très contrasté, reconnaîtra François Lalanne. Il va être délicat de faire converger tout ça. » C’est le moins qu’on puisse dire… Alors le sous-préfet d’arrondissement indique avoir « conseillé à l’Agglo du Gard rhodanien de faire une étude afin de faire converger tout ça. » Reste à remettre les mauvais élèves au niveau, et pour y arriver « l’Agence de l’eau et l’État vont sans doute aider davantage Pont-Saint-Esprit et Laudun-l’Ardoise pour que ces efforts en investissement ne se répercutent pas sur les communes vertueuses », avance François Lalanne.
Nul doute que le sujet va de nouveau faire débat dans les prochains mois à Saint-Alexandre et sur tout le territoire.
Thierry ALLARD