À 15 ans, bientôt 16, Martin Coutas a déjà vu Julien Doré en concert à trois reprises, dont deux fois l'an dernier. Ce n'est pas le seul artiste qu'il suit, puisque depuis tout petit ses parents l'emmènent sur les bords de scène. Soprano, Kendji Girac,  Bigflo & Oli, "et même Calogero pour me rendre la pareille", s'amuse Valérie, sa maman. Toutefois, c'est bel et bien le chanteur gardois à la crinière dorée qui l'emporte dans son coeur : "J'aime sa musique, la personne qu'il est", indique Martin. Et à chaque fois, c'est le même moment de bonheur : "Même s'il est dans son fauteuil, Martin danse, reprend les chorégraphies." 

Cet adolescent, élève en classe de seconde de l'école en ligne Baac to school - il a obtenu les félicitations au premier trimestre - est atteint d'une dystrophie musculaire congénitale, une maladie rare d'origine génétique qui touche ses muscles. "Martin a passé les premières années de sa vie à l'hôpital, à tel point qu'il a eu peur d'en partir", se souvient Valérie.

Et la même d'ajouter : "Il a failli mourir trois fois." Et si la maman le précise, ce n'est pas pour que chacun s'apitoie sur le sort de son fils, mais pour montrer sa force, son envie de vivre même si sa vie n'est pas un long fleuve tranquille. Martin sait qu'il peut compter sur sa famille et ses soutiens, ceux qui accompagnent l'association Martinou Le Crapouillou créée il y a une dizaine d'années.

Parmi eux, Éric Rave, un collègue de Renaud, le papa de Martin, qui le premier a lancé une action au profit de l'association. L'homme avait parcouru plus de 500 km à pied en une semaine, jusqu'en Bourgogne. Et sans le savoir, il a impulsé une nouvelle dynamique chez la famille saint-gilloise, puisque depuis Martin, poussé par son père entre autres, participe à des courses un peu partout dans le Gard. Une passion à laquelle il a dû mettre un coup de frein : "Martin s'est fait opérer du dos il y a deux ans. Il a maintenant des tiges, donc il faut que ce soit du plat, des pistes goudronnées."

Des cailloux voyageurs pour faire rêver Martin

Grâce aux réseaux sociaux, Martin parcourt le monde, sans limites. Depuis un peu plus d'un an, grâce à l'artiste nîmois Julien Sevry (Toril d'artistes) qui décore des cailloux. Ceux-là sont destinés à voyager et des dizaines et des dizaines ont été lâchés dans la nature. Le navigateur Éric Péron, quatrième de la Route du rhum, en a découvert un à Saint-Malo et l'a amené jusqu'en Guadeloupe. "Il y a plein d'endroits où on ne pourra jamais aller et grâce à ces cailloux, on peut les découvrir. Et puis ça fait réviser la géographie à Martin." Valérie ne perd pas le nord... 

Le jeune homme garde un caillou précieusement, non pas pour lui, mais pour Julien Doré. Martin aimerait le lui remettre en personne. Il lui a adressé un message sur Facebook, relayé par de nombreux soutiens, dont Catherine Deschamps, une amie de Valérie. On ne sait jamais, après tout... Le Saint-Gillois ne perd pas espoir, même s'il sait le chanteur très occupé et sollicité. "S'il ne répond pas, ce n'est pas grave, l'essentiel, c'est d'essayer." En tout cas, le message est passé.