SAINT-LAURENT-D'AIGOUZE Comme chien et chat à la cave coopérative
Le propriétaire de l'ancienne cave coopérative viticole voulait vendre son bien à la société Animo Concept, numéro un Français de la propreté canine. Tel un chat, le maire de la commune Thierry Féline a sauté sur l’occasion en rachetant le lot afin de créer un pôle administratif. Le destin des douze salariés de la société Kaï Expert qui occupent les lieux actuellement est incertain.
Le destin des douze salariés de la société Kaï Expert qui occupe les lieux actuellement est incertain. Le propriétaire de la cave coopérative viticole située en centre-ville de Saint-Laurent-d'Aigouze, Norbert Requier, entrepreneur aujourd’hui à la retraite, voulait vendre son bien à la société Animo Concept, dont le patron Olivier Rasse est un habitant de la commune depuis vingt-sept ans. Thierry Féline, le maire de la commune, a sauté sur l’occasion afin d’exercer son droit de préemption en rachetant le lot. Il a déboursé 1,78 millions d'euros afin de construire un pôle culturel associatif et communal ainsi qu'un parking gratuit ouvert à tous. S’il semble que l’acquisition du bien par la mairie soit définitivement actée pour 2023, il reste des questionnements notamment en ce qui concerne la société qui occupe le bâtiment ainsi que le sort de ses douze salariés.
Entre chien et loup
Thierry Féline a bataillé ferme en puisant dans son expérience de clerc d'huissier pendant six mois afin de racheter par préemption l'ancienne coopérative viticole. Le maire de Saint-Laurent-d'Aigouze souhaite déplacer des bureaux associatifs et administratifs existants dans certains locaux (qui seront vendus) vers ce nouveau centre administratif. Ce déplacement de centres d’intérêts rapportera de l'argent qui permettra à la commune d’effectuer les travaux inhérents au projet autour de l’ancienne cave coopérative. En attendant, la commune percevra les loyers de la société de logistique implantée sur place, qui d'après l'élu, seront supérieurs à l’annuité du prêt relatif à l’acquisition.
Mais l'histoire n'est pas terminée. La société de logistique Kaï Expert, représentée par son patron Jean Sébastien Dedieu, qui occupe les lieux actuellement, jouit toujours d’un bail de neuf ans qui n’en est encore qu’à sa deuxième année, selon Norbert Requier. L'acquisition de l'ensemble immobilier, qui représente 5 000 m2 de bâti sur un hectare et demi de terrain en centre-ville, aurait été actée, selon Thierry Féline, pour l'été 2023.
Pour Animo Concept, c'est retour à la niche
L’actuel propriétaire Norbert Requier avait racheté le site avec sa propre entreprise de logistique, La Saladelle, qui avait commeclients à l’époque les sociétés Barcardi-Martini et Pernod-Ricard, pour lesquelles il stockait et livrait sur le quart-Sud de la France. Le site a été loué ensuite à Kaï Expert, société de logistique également, dont l’entrepôt venait de brûler. Norbert Requier raconte qu’il a failli vendre en 2015 à un promoteur qui voulait construire une maison de retraite. Déjà Thierry Féline avait fait «capoter l’affaire en ne signant pas le permis de construire à temps», explique le retraité.
Aujourd’hui, Olivier Rasse, président de la société Animo Concept, est le principal client de KaÏ Expert, c’est la raison pour laquelle il voulait racheter le site. Mais il a l'impression que Thierry Féline a joué au chat et à la souris avec lui. « Les maires qui se sont succédé nous ont tous promis une zone artisanale et rien n’est jamais arrivé. Je suis citoyen de la ville depuis 27 ans et je n’ai jamais pu implanter ma société ici, explique t-il. Alors que son entreprise est basée à Marsillargues. Thierry Féline m’a appelé au téléphone pour me dire que le site était à vendre. Alors j’ai voulu l’acheter mais il a excercé son droit de préemption juste avant. Ensuite au téléphone, il m’a dit merci. Je lui ai servi de lièvre», ajoute t-il.
"Qu'est-ce qu’ils vont devenir ?"
L'entrepreneur, qui voulait poursuivre ses activités sur Saint-Laurent-d'Aigouze, s’est fait une raison mais reste inquiet pour les employés de la société en place dans la cave coopérative. Selon lui, la mairie paye déjà des annuités de prêt alors qu'elle n'est pas encore propriétaire et l'éviction de la société Kaï Expert par la commune couterait 1,5 millions d'euros aux Saint-Laurentais. «Cette histoire m'a coûté 80 000€, j’ai été trompé. Mais cette affaire n'est pas encore terminée, j'ai porté plainte. Je suis inquiet en tant que citoyen de la commune et je pense au patron de Kaï Expert et à ses employés, qu'est-ce qu’ils vont devenir ?», lance t-il. Thierry Féline a réussi a racheter le site mais il faudra maintenant trouver une solution pour ce qui concerne le personnel qui y travaille actuellement.
Yannick Pons