TRESQUES Le crassier va devenir centrale photovoltaïque
C’est un crassier en friche, une petite colline faite en Siporex, le matériau de construction fabriqué ici même sur ce qui est devenu la zone de Bernon, à Tresques, des années 1970 à 2003.
C’est sur ce million de mètres cubes de déchets inertes que l’entreprise Voltalia va démarrer la construction d’une centrale photovoltaïque d’une puissance de 3 MégaWatts, sur ce crassier propriété de la commune de Tresques et sur un terrain enclavé en contrebas propriété de l’Agglo du Gard rhodanien. En tout, 7 728 modules photovoltaïques vont être installés, pour produire 4,6 GWh, soit la consommation annuelle moyenne de 4 447 habitants et l’équivalent de 960 tonnes de CO2 évitées, profitant à plein des « 2 852 heures d’ensoleillement que compte notre beau département, un des dix les plus ensoleillés de notre pays », notera le député Anthony Cellier.
Un projet au long cours, au très long cours même, puisqu’il a été initié en 2010, comme l’a rappelé le directeur France de Voltalia Patrick Delbos. Car ce « site exemplaire, avec un bon ensoleillement, la réutilisation de friches et un raccordement proche », selon les termes du directeur, abritait aussi quelques Orphys Brillant, une espèce protégée d’orchidées, et des secteurs de pelouses à Aphyllantes. Il a donc fallu renoncer à la partie du terrain concernée, et redimensionner le projet. « C’est comme ça, dura lex sed lex, mais malgré tout nous sommes là », glissera le maire de Tresques Alexandre Pissas, philosophe, avant de souligner que ce projet allait « habiller le crassier et produire sans déboiser, sans arracher de vignes, sur une zone où il était difficile d’envisager une reconversion. »
Une zone d’activité sur laquelle une centaine de salariés, répartis dans une vingtaine d’entreprises, travaillent chaque jour. Une zone gérée par l’Agglo, qui compte « favoriser les énergies renouvelables, mais nous ne pouvons agir que sur les zones d’activités », rappellera le président de l’intercommunalité Jean-Christian Rey, avant d’ajouter que « l’Agglo a été plus que bienveillante vis-à-vis de ce dossier. » Un dossier qui s’inscrit dans un contexte favorable, notamment grâce au Contrat de transition écologique Aramon-Gard rhodanien, mais aussi à l’objectif de la Région Occitanie de devenir la première région à énergie positive d’Europe d’ici à 2050.
Un objectif rappelé par le conseiller régional et président de la commission transition écologique et énergétique Hussein Bourgi : « c’est une ambition, et pour y arriver, il faut multiplier par trois la somme des énergies renouvelables produites sur le territoire régional, et par douze l’énergie solaire. » Alors les initiatives comme celles de Bernon sont bienvenues : « à côté des collectivités nous avons besoin d’entreprises qui viennent investir, qui font des paris, même si dix ans c’est très long pour une entreprise, poursuivra Hussein Bourgi. Vous allez participer au développement économique, générer de l’activité et créer des emplois. » Et des recettes pour les collectivités : outre le loyer de 4 500 euros par an et par hectare, les retombées fiscales du projet seront d’environ 15 000 euros annuels pour la commune et l’Agglo.
Une manière aussi de participer à la transition énergétique, qui va ramener la part du nucléaire à 50 % de la production d’énergie du pays d’ici à 2035, en augmentant dans le même temps la part des énergies renouvelables, comme le rappellera le député Cellier. « Nous sommes sur la bonne trajectoire, la transition écologique ne se fera qu’avec les territoires, c’est ce que j’ai voulu impulser en inscrivant ce territoire dans la dynamique du Contrat de transition écologique », affirmera Anthony Cellier. « Nous participons activement et concrètement à la transition vers une production énergétique plus propre et moins chère », estimera pour sa part le directeur de Voltalia.
Les travaux doivent démarrer dans les prochains jours, et la mise en service est prévue pour le mois d’août prochain.
Thierry ALLARD
thierry.allard@objectifgard.com
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Un financement participatif : Voltalia ouvre le financement du projet aux riverains, pour leur faire profiter d’une partie des retombées économiques. L’opération a été confiée à une filiale de la Banque postale, Lendopolis, et permet de co-financer le projet en échange de rémunérations brutes annuelles de 5 à 6 % par an en moyenne.