UZÈS-PONT-DU-GARD Comment rendre la destination touristique encore plus attractive ?
Depuis trois ans, la SPL (société publique locale) Destination Pays d’Uzès-Pont-du-Gard s’occupe de développer le tourisme sur le territoire des deux communautés de communes éponymes. Ce jeudi matin, se tenaient à l’Ombrière les Assises du tourisme, pour déterminer la stratégie touristique de demain.
L’objectif est de déterminer l’identité de ce territoire aux multiples facettes et atouts, et de le rendre encore plus attractif. « Cette volonté de changement » devra émerger « d’une vision commune partagée », affirme en préambule, Elisabeth Viola, 1re vice-présidente de la SPL. Alors pour co-construire cette nouvelle ambition : socio-professionnels, élus et le nouveau conseil d’administration de la SPL travaillent ensemble depuis plusieurs mois au travers d’ateliers.
Mais cette diversité dans la destination peut aussi être une difficulté pour situer l’offre touristique. Comment faire en sorte que le touriste ne soit pas perdu entre la romanité du Pont-du-Gard, une Uzès plus médiévale, mais aussi les villages de cachet, ou encore la ruralité ? Le message doit être clair et uni, tout en prenant en compte les spécificités des deux territoires : l’Uzège et le Pont-du-Gard.
On a senti d’ailleurs une petite guerre d’ego au moment du débat sur la marque territoriale. L’agence Malice qui travaille sur l’identité visuelle a présenté deux propositions d’univers graphiques : la marque « Up* pays d’Uzès Pont du Gard », assez punchy, simple, moderne avec un logo épuré, ou bien la marque « AmUZES-vous », plus élégante, avec des références aux arches du Pont-du-Gard dans le logo. C’est cette deuxième option qui a recueilli le plus de suffrages mais qui a suscité quelques remarques. Notamment de Pierre Prat, président de la CCPG, trouvant que le logo représente davantage Uzès et pas assez son territoire. Un manque d’équilibre aussi souligné par Nicolas Cartailler, maire de Remoulins. Promis l’agence Malice va rectifier le dosage.
En selle vers un tourisme plus durable
Mais trouver une identité à la Destination n’est pas le seul enjeu soulevé à ces Assises du tourisme. Il faut aussi prendre en compte les nouvelles pratiques durables comme le tourisme à vélo. Il y a ceux qui en font seulement pendant leurs vacances, d’autres qui l’utilisent comme un moyen de déplacement du quotidien. Et c’est sur ce "slow tourism" que mise le loueur de vélo Sun E bike qui s’installe à Uzès : « C’est pas venir ici dans le Gard puis partir dans les Bouches-du-Rhône, puis partir ailleurs dans le Var. Non c’est rester à un endroit et prendre le temps de voir sur un, deux voire trois jours », explique le loueur, Julien Vacher.
Ce qui va faire la différence aux yeux du voyageur et l'attirer, c’est la présence de voies vertes et de pistes cyclables mais aussi d’hébergements adaptés et d’aménagements comme le balisage précis, des toilettes le long des pistes, des arceaux, des kits de gonflage… La SPL a engagé un travail depuis quelques temps auprès des prestataires pour que ces derniers soient labellisés "Accueil vélo" : « Nous avons la chance d’avoir la Via Rhôna à proximité et la voie verte reliant le Pont-du-Gard à Uzès qui offrent de nouvelles présences de touristes sur le territoire. […] Quand on a créé une maison d’hôte, il nous est apparu évident d’avoir ce label, véritable critère accentué par l’essor du vélo électrique qui permet aux gens de se lancer, sans craindre les côtes », justifie Didier Bérard, à la tête du Prieuré Notre-Dame à Montfrin.
Créer une attraction d'ampleur pour faire venir la clientèle hors saison
En misant sur ce côté sportif et nature, la SPL compte bien attirer un public plus jeune et familial. Mais il ne faut pas oublier qu’on se situe sur un territoire riche de culture et de patrimoine. L’aqueduc romain ou les ruelles pittoresques d’Uzès sont des incontournables des tour-opérateurs. Pendant toute la saison touristique, des groupes viennent sur le territoire les découvrir.
L’un des enjeux serait d’arriver à les capter hors saison, mais ce n’est pas si simple : « Hors saison, les groupes viennent 4 à 5 jours. S’ils viennent, il faut vraiment que ce soit attractif, qu’il y ait un gros événement. À Menton, on y arrive avec la fête du citron. On a essayé ici avec la fête de la truffe mais c’est une clientèle très spécifique », développe l'autocariste Philippe Masson, qui organise des voyages pour les clientèles allemandes et hollandaises.
Laurence Meynard, à la tête de "Phocéens voyages", préconise une grosse exposition autour de peintres impressionnistes ou postimpressionnistes connus, comme c’est le cas aux Carrières de Lumières des Baux-de-Provence. « Ça fonctionne bien, on a une clientèle très culturelle », assure-t-elle. Des projections de toiles sur le Duché ou sur le Pont-du-Gard, ça en jetterait, c’est clair...
Habitants et professionnels comme ambassadeurs
Sur le papier, la destination a tout pour elle, pourrait-on se dire. Au point que cela apparaîtrait "fake" ? Comme une vitrine aux yeux du touriste ? Pour Amandine Thiriot, présidente de la SPL Destination Pays d’Uzès-Pont-du-Gard, il y a une « nécessité à être en proximité avec les visiteurs ». Pour cela, le site Internet de l’office de tourisme va être refondu et un blog va faire son apparition. On pourra y trouver des témoignages, des expériences… en somme du vécu qui met en valeur le territoire. Et toujours dans cette volonté de faire "vrai", de recherche d’authenticité, des vidéos promotionnelles vont être réalisées avec des habitants du territoire. Le casting est toujours ouvert si vous êtes intéressé pour être figurant (il faut cliquer ici).
Vous l’aurez compris, la stratégie touristique va s’enrouler autour de ces quatre axes. Si rien n’est encore arrêté, il parait évident qu’il faut capter de nouveaux voyageurs en se reposant sur la renommée qu’a déjà le territoire mais aussi en avançant le côté plus sportif, plus familial de la Destination. « La diversification est essentielle pour faire vivre la destination toute l’année », conclut Amandine Thiriot. Reste à trouver ce sur quoi on veut miser…
Marie Meunier