VAUVERT Jean Denat défend la corrida dans une lettre ouverte
Dans une lettre ouverte, Jean Denat, maire de Vauvert et premier vice-président de la communauté de communes de Petite Camargue défend la liberté des cultures régionales, et en particulier la corrida.
En réaction au débat initié par Aymeric Caron, fraîchement élu député de Paris et connu pour son engagement envers la cause animale, fervent défenseur des traditions camarguaises, Jean Denat a pris sa plus belle plume pour défendre de la corrida. Ci-dessous son courrier in extenso.
"Depuis que l’Homme a entrepris de raconter son histoire, le taureau en fait partie. Ainsi peut-on interpréter les premières traces d’un affrontement entre l’Homme et le taureau que l’on trouve en Dordogne, dans les grottes de Villars, il y a 23 000 ans, puis dans celles de Cers, de Lascaux. Ces peintures nous invitent à un voyage aux origines de la culture méditerranéenne. Ce sont les premiers témoignages d’un véritable mythe autour du taureau qui va traverser les millénaires sur l’ensemble du bassin méditerranéen sous des formes très diverses jusqu’au spectacle codifié, réglementé, de la corrida, dépositaire de la richesse et de la diversité actuelle du patrimoine tauromachique français qui réside dans trois spectacles taurins autonomes : la corrida, la course landaise et la course camarguaise.
Qu’elle intrigue ou qu’elle fascine, la corrida a toujours soulevé des passions. Introduite en France au siècle des Lumières comme une illustration du pouvoir de l’Homme et de la civilisation sur la nature brute, elle reste une source d’inspiration pour de nombreux grands artistes. Elle permet de maintenir le sens des rites, de la mort, de l’animalité, dont notre époque s’est considérablement éloignée et dans un monde où le statut de victime a supplanté celui de héros. Les adversaires de la corrida lui opposent la souffrance de l’animal et à ce titre veulent qu’elle soit interdite. On peut craindre que si une telle démarche aboutissait elle serait poursuivie pour toutes les pratiques taurines, courses landaises et camarguaises.
S’il ne s’agit pas ici contester le droit aux anti-corrida de ne pas adhérer au spectacle de la corrida, il s’agit par contre de préserver la liberté de ceux pour qui elle n’est pas un acte de cruauté, mais un moment d’admiration pour la bravoure et la puissance du taureau, et pour le courage et le sang-froid de l’Homme. Je souhaite rappeler que la tauromachie, régionale et minoritaire, est un élément de résistance à la mondialisation de la culture, à l’uniformisation des mœurs portées par la toute puissance d’une civilisation anglo-saxonne dominante et conquérante. Comment concilier la volonté de préserver les cultures minoritaires dans le monde entier, au nom de la diversité, et ne pas accepter les diversités culturelles régionales dans notre propre pays ?
Le législateur français a déjà tranché, et à plusieurs reprises, ce débat. La corrida est légale. Si le code pénal punit les actes de cruauté envers les animaux, il précise que cette disposition ne s’applique pas pour la corrida « lorsqu’une tradition locale ininterrompue peut être invoquée ». La jurisprudence est venue confirmer cette légalisation en considérant que « la tradition locale ininterrompue » ne s’applique pas à une entité administrative, mais à un ensemble démographique, une communauté historique et culturelle liée à un terroir.
Le législateur est à nouveau sollicité. Je souhaite que le débat parlementaire permette à chacun de s’exprimer dans le respect de la diversité des points de vue qui traversent tous nos courants politiques. J’attends de l’Assemblée nationale et du Gouvernement de notre pays qu’ils s’engagent à respecter notre diversité culturelle régionale et à maintenir nos traditions tauromachiques sous les formes que nous connaissons : corrida, courses camarguaises, abrivados et bandidos, et courses landaises."