VILLENEUVE-LÈS-AVIGNON La révision du Plan local d’urbanisme adoptée après un âpre débat
Depuis l’installation des nouveaux élus du conseil municipal de Villeneuve, plusieurs choses ont changé.
Le maire et certains élus certes, la salle aussi, les conseils étant délocalisés à la salle polyvalente des Hauts de Villeneuve, covid-19 oblige. Mais le changement le plus flagrant concerne les débats : là où auparavant ils étaient la plupart du temps expéditifs, désormais ils sont étayés, âpres et, fatalement, longs.
Ce fut le cas jeudi soir pour l’approbation de la révision du Plan local d’urbanisme (PLU). Tout sauf une surprise d’une part parce que cette procédure a été engagée en 2013, et d’autre part puisque l’urbanisme a été un des principaux sujets de la campagne des municipales. Une révision qui comporte « peu de modifications », d’après le cabinet Cyclades, qui a élaboré le document.
Quelques éléments : la révision compte sur une hausse de la population de la commune de 0,8 % par an d’ici à 2030, ce qui amènerait Villeneuve à 12 995 habitants à cette date, des nouveaux habitants que le PLU compte loger à 80 % dans les Opérations d’aménagement et de programmation (OAP), où on retrouve notamment le secteur de la Combe, du carrefour des Maréchaux, celui du Ravin des Chèvres ou encore le controversé projet de ZAC des Bouscatiers (nous y reviendrons).
« Peu de modifications » donc, ce qui donne plus 26 hectares de zones urbanisées, mais moins 46 hectares de zones à urbaniser (c’est à dire de zones où l’urbanisation est appelée à se développer), et moins 23 hectares de zones agricoles, au profit des zones naturelles.
L’opposition demande le report
Voilà pour un topo rapide du document, place aux débats. Le premier à se lancer sera Morgan Buisson (« Liste Sociale écologique et solidaire »), soulevant un éventuel problème de compatibilité avec le Schéma de cohérence territoriale du Grand Avignon, le fameux SCoT, qui a été approuvé récemment, pour demander le report du vote de la révision du PLU. Une demande effectuée aussi, et pour les mêmes raisons, par Florent Lemont (groupe « Union citoyenne de Villeneuve »).
Monique Novaretti (« Union citoyenne de Villeneuve »), évoquera elle aussi le SCoT, affirmant que « le PLU s’appuie sur le SCoT de 2008 et pas celui de 2019, ces projets sont obsolètes. » Et l’opposante de remettre en question la projection de hausse de population, en rappelant que Villeneuve avait au contraire perdu des habitants ces dernières années. Elle insistera aussi sur les « 600 logements vacants » du centre-ville avant de dénoncer une nouvelle fois le projet de ZAC des Bouscatiers, « qui va détruire 35 hectares boisés sous le fallacieux prétexte des logements sociaux. »
Une zone « qui va couper le corridor vert » de la commune, renchérira Florent Lemont, « elle menace la préservation de l’écosystème et de la biodiversité », ajoutera Anne Daniel (« Liste sociale écologique et solidaire »). Anne Daniel fera ensuite part de l’opposition de son groupe au projet d’école de golf dans la plaine de l’Abbaye, « le golf étant un des sports les plus polluants. »
La maire Pascale Bories répondra sur le SCoT que « si on attend l’ensemble des compatibilités, on peut attendre longtemps », et que cette révision du PLU « a été discutée avec le Grand Avignon, les services de l’État et approuvée tout le long des étapes. » Sur le projet d’école de golf, « toute demande d’opération quelle qu’elle soit sera soumise à la loi sur l’eau et vue avec les services de l’État ».
Quant au centre-ville, « il est soumis au PSMV (le secteur sauvegardé, ndlr), ce n’est pas l’objet du débat. » Sur les différentes ZAC, la maire demandera « où est l’étalement urbain des zones présentées dans le PLU par rapport aux écoles, au collège, au lycée et aux zones commerciales ? » Plus loin, Pascale Bories affirmera que ce PLU « travaille à limiter l’imperméabilisation des sols, à développer des zones vertes non constructibles, à limiter l’emprise des zones constructibles. » Autant d’éléments « que nous n’avions pas dans le PLU. Il est donc urgent de le voter », ajoutera-t-elle.
Relancée sur le projet d’école de golf, « il n’y a pas de gentil ou de méchant, de sport de riche ou de pauvre, estimera la maire. Le PLU est là pour autoriser, mais nous avons mis suffisamment de contraintes, et les services de l’État imposent également des contraintes. » Et Pascale Bories de souligner le fait que le projet « n’est absolument pas sur 30 hectares, il s’agit d’une école, nous sommes très loin du compte. » Et d’ailleurs, la maire rappellera que la dans la révision du PLU, « l’emprise du projet a été réduite. »
Pas de quoi convaincre l’opposition, qui votera contre comme un seul homme à l’issue d’une heure de débat.
Thierry ALLARD