ALÈS Les rimes du "Poète noir" illuminent le Cratère
Ce samedi soir, Kery James alias "Le Poète noir" faisait escale au Cratère théâtre d'Alès pour délivrer ses rimes profondes dans le cadre d'un concert acoustique intimiste.
Au début des années 2000, le grand Charles Aznavour disait de lui qu'il écrivait "merveilleusement notre langue". Un hommage retentissant qui hissait Kery James au rang de figure incontournable du rap français. À 45 ans et avec près de trois décennies de carrière musicale derrière lui, celui que tout le monde surnomme "Le poète noir" faisait escale à Alès ce samedi soir.
Dans le cadre intimiste d'une grande salle du Cratère pleine comme un œuf, le réalisateur du film à succès Banlieusards a livré un concert acoutistique d'une rare intensité. Accompagné de ses fidèles compagnons de scène aux claviers et percussions, Kery James a revisité les titres les plus poignants de son répertoire agrémenté de quelques récents morceaux.
Une vibrante reprise du célèbre Hier encore a résonné comme un hommage à celui qu'il considérait comme un père spirituel, lequel avait saisi bien avant tout le monde la qualité de sa plume incisive au service d'un message de paix et de tolérance. Un peu plus tôt, Kery James avait brisé le silence avec 28 décembre 1977 pour une entrée fracassante. Constat amer, Lettre à la République, Amal, les puristes ont été servis.
Avec Douleur ébène, le Guadeloupéen a fait se lever le public du Cratère comme un seul homme. Lequel ne s'est jamais rassis, porté par l'énergie d'un artiste qui ne vieillit pas malgré sa longévité faisant de lui un ancêtre du "rap game". Après 1h30 de concert, le poète noir s'est éclipsé. Les spectateurs ont alors dégainé le flash de leur smartphone pour ne pas voir les lumières s'éteindre et, sans se laisser réclamer trop longtemps, le fondateur d'Ideal J a ressurgi pour une dernière danse.
En guise de bouquet final, le rappeur a invité son public sur le nuage du vivre-ensemble à la faveur d'une divine interprétation de Banlieusards. Un petit regard à gauche, un petit regard droite, et l'on devinait sans peine l'émotion qui transpirait sur le visage de nos voisins. "Quand vous sortirez d'ici, vous pourrez dire que vous avez assisté à un vrai concert de rap français", a conclu le chanteur. Celui d'un lyriciste accompli que la direction du Cratère a eu l'audace de ramener à Alès. Pour le plus grand bonheur des 900 spectateurs qui n'oublieront jamais qu'il faut "vivre, ou mourir ensemble".