GRAND AVIGNON « Contre vents et marées », l’Opéra reprend dans ses murs
« Contre vents et marées » : le titre choisi par le directeur de l’Opéra du Grand Avignon, Frédéric Roels, est sans équivoque et décrit bien l’état d’esprit qui préside à l’orée d’une nouvelle saison encore particulière.
Mais particulière cette fois pour une bonne raison, du moins une raison plus positive que la crise sanitaire qui a perturbé grandement les deux précédentes, car la saison 2021-2022 verra l’Opéra regagner ses murs originels, place de l’Horloge à Avignon. Un bâtiment historique qui, « après quatre ans de fermeture est prêt à rouvrir pour une nouvelle page de son histoire », souligne le président du Grand Avignon, Joël Guin.
Quatre ans de fermeture pour des travaux du sol au plafond, « tout à fait nécessaires », estime l’élu avant de rappeler qu’ils auront coûté la bagatelle de 19 millions d’euros financés par l’Agglo, le Département, la DRAC et le mécénat. « J’y vois un signe d’espoir, de confiance », témoigne Frédéric Roels en évoquant ces lourds travaux, un signe en espèces sonnantes et trébuchantes, notamment.
C’est donc dans ses murs, ainsi qu’à l’Autre scène de Vedène (Vaucluse) que l’Opéra va reprendre ses quartiers pour une saison de 88 spectacles. Une saison « contre vents et marées » donc, aussi car « l’élément marin a inspiré de nombreux artistes », note le directeur, qui a construit la saison avec l’Orchestre national Avignon-Provence dirigé par Debora Waldman.
La photographe Clara Chichin est artiste associée pour cette saison et a notamment fourni les visuels des spectacles, alors que la compositrice Joséphine Stevenson et les metteurs en scène Sandra Pocceschi et Giacomo Strada seront artistes en résidence. Autre nouveauté : Emilio Calcagno, danseur notamment chez Angelin Preljocaj, prend la direction du ballet de l’Opéra du Grand Avignon.
Puccini, Bizet, Bellini ou encore Tchaïkowski
Côté opéras et opérettes, la saison s’ouvrira les 15 et 17 octobre avec une nouvelle production, Peter Grimes de Benjamin Britten, « un chef d’oeuvre du XXe siècle sur l’exclusion, la marginalisation, une oeuvre extrêmement puissante », pour Frédéric Roels, qui met en scène le spectacle signé de Federico Santi. Les 12, 14 et 16 novembre, place à Madama Butterfly de Giacomo Puccini, « un opéra incontournable », dixit le directeur de l’Opéra, qui l’a reprogrammé après les annulations dues au covid. La direction musicale est signée de Samuel Jean et la mise en scène de Daniel Benoin.
De l’opérette, avec Les chevaliers de la table ronde d’Hervé les 29, 30 et 31 décembre, avec Christophe Talmont à la direction musicale et Jean-François Vinciguerra à la mise en scène, un spectacle « avec beaucoup de second degré », commente Frédéric Roels. Un opéra participatif, comprendre un spectacle où le public est invité à chanter avec les artistes, est programmé pour le 16 janvier. Il s’agit de Carmen, reine du cirque de Bizet, sous la direction musicale de Léo Warynski, mis en scène par Andrea Bernard. « Le public est invité à chanter et à être protagoniste, les extraits à apprendre seront à télécharger et des répétitions seront organisées, c’est une action à laquelle je crois beaucoup », note Frédéric Roels.
Du belcanto avec La Sonnambula de Bellini, « une de ses oeuvres les plus subtiles et les plus touchantes », pour le directeur, les 25 et 27 février sous la direction musicale de Beatrice Venez, mis en scène par Francesca Lattuada. Mozart ne sera pas absent de cette saison, avec Idomeneo les 25 et 27 mars, avec Debora Waldman à la direction musicale et les artistes associés Sandra Pocceschi et Giacomo Strada à la mise en scène. Un spectacle qui se passe au retour de la guerre de Troie « sur la question de l’héritage dans un monde de chaos et de destruction », explique Frédéric Roels.
Les 22 et 23 avril, l’opéra recevra Dido and Aeneas de Purcell, « avec un orchestre baroque, l’Ensemble Diderot, pour un très joli opéra baroque », note Frédéric Roels. Le tout sous la direction musicale de Johannes Pramsolher et Benoît Benichou à la mise en scène. Enfin, last but not least, le dernier opéra de la saison sera La dame de pique de Tchaïkowski, les 27 et 29 mai avec Jurjen Hempel à la direction musicale et Olivier Py à la mise en scène. « Un grand opéra romantique » pour Frédéric Roels, en collaboration avec l’Opéra de Toulon.
Les compositrices à l’honneur
Côté concerts symphoniques, l’Orchestre national d’Avignon Provence a concocté une programmation qui fait la part belle aux compositrices, comme Louise Farrenc le 14 octobre pour Maestoso, ou Mel Bonis pour Le Miracle (26 novembre), qui doit son titre au fait que, le jour de sa création, en 1795, un lustre monumental de la salle de concert s’est décroché sans faire le moindre blessé. Espérons qu’il n’en sera pas de même à l’opéra d’Avignon, dont le lustre fait… 600 kilos. Toujours au rayon des compositrices, citons Augusta Holmès pour Passionnément, le 13 mai.
Pour la danse, quatre nouvelles productions de l’opéra sont au programme, avec le spectacle Pitch de Martin Harriague, qui se tiendra le 22 octobre. Un spectacle sur Tchaïkowski. Le nouveau directeur du ballet, Emilio Calcagno, proposera Storm les 26 et 28 décembre, avec « un très gros ventilateur face auquel la danse va devoir s’imposer », présente Frédéric Roels. Citons également Les animaux bizarres s’il vous plaît de Kaori Ito le 21 mai, mêlant danseurs amateurs et professionnels, et Faune du Danois Pontus Lidberg et Who dreams us ? De Carolyn Carlson les 11 et 12 juin.
Parmi les autres spectacles de danse, on retient L’Alonzo King Lines Ballet le 1er décembre et Folia de Mourad Merzouki, un grand succès partout où il est joué, ce qui sera sans doute le cas le 23 janvier à l’opéra d’Avignon.
Quelques grands noms
Citons également la présence de la soprano avignonnaise, Julie Fuchs, avec le pianiste Alphonse Cemin le 23 octobre, des grands noms pour le théâtre musical, avec Laetitia Casta dans Clara Haskil, prélude et fugue de Serge Kribus le 24 novembre ; Camélia Jordana dans Andando Lorca 1920 de Pascal Sangla le 7 décembre ; Michel Fau dans George Dandin ou le mari confondu de Molière et Lully le 13 février ; Dominique Pinon pour Re: Les Monstres d’Alexandros Markéas le 19 mars ou encore Nathalie Dessay pour Pannonica le 12 avril.
Côté concerts, Benjamin Biolay viendra défendre les titres de son dernier album en date, Grand Prix, le 11 décembre, et en musique de chambre, Renaud Capuçon sera sur la scène de l’opéra avec le pianiste David Fray le 7 décembre. Sept spectacles famille sont aussi au programme, le premier Dans ce monde le 9 octobre par le chorégraphe Thomas Lebrun à l’Autre scène.
Enfin, pour une pause déjeuner améliorée, cinq spectacles gratuits seront proposés à 12h30 en novembre, décembre, janvier, mars et juin.
Voilà pour le programme dressé à gros traits. Notez que des abonnements sont proposés, avec un pass trois spectacles pour 100 euros parmi une gamme de propositions. Plus d’informations ici.
Thierry ALLARD