GRAND AVIGNON Emilio Calcagno, un vent nouveau souffle sur le ballet de l’opéra
Le nouveau directeur de la danse de l’Opéra du Grand Avignon, Emilio Calcagno, arrivé en septembre dernier, présentera sa première création pour le Ballet de l’opéra dans un mois. On fait les présentations.
Plus qu’une carrière, « sa vie est un long voyage chorégraphique », dit de lui le vice-président du Grand Avignon délégué au spectacle vivant, Claude Morel. Il faut dire que le CV d’Emilio Calcagno, originaire de Catane en Sicile installé en France depuis 32 ans, parle pour lui, avec notamment un long passage dans le ballet Preljocaj et les scènes les plus prestigieuses. Artiste en résidence à la scène nationale de Maubeuge depuis 2018, il travaille aussi avec le Ballet national de Tunis.
Un profil pour faire rayonner l’opéra du Grand Avignon « au-delà du bassin de vie, à l’échelle nationale voire internationale », avance Claude Morel. L’Agglo a mis plus de 20 millions d’euros pour rénover l’opéra, et compte désormais « le faire rayonner », insiste l’élu. L’idée est de voir le ballet de l’opéra passer « d’un ballet néoclassique à vocation locale à un ballet qui devient une compagnie intégrée à l’opéra avec une dimension plus large, qui puisse faire des créations qui tournent en France et à l’international », développe le directeur de l’Opéra Frédéric Roels.
Voilà pour l’ambition, maintenant voici l’esthétique. Le mot revient régulièrement dans la bouche du directeur, qui voulait, à l’occasion du changement de direction du ballet, l’amener vers « une esthétique contemporaine. » Si Emilio Calcagno a été choisi, c’est avant tout car « l’esthétique de son travail me plaît beaucoup, c’est une danse très physique, engagée, originale, qui connaît les bases classiques pour les transformer », énumère Frédéric Roels.
Le directeur souligne aussi « sa parfaite compréhension de ce qu’est un ballet d’opéra », « son envie de travailler à partir de l’existant », le ballet comptant 12 danseurs et 2 stagiaires, et « sa vision claire de ce que peut amener la danse sur le lien social. » Le directeur insiste sur le fait que son directeur de la danse est à mi-temps et conserve sa compagnie, Eco, « pour qu’il puisse mener sa propre vie de chorégraphe hors de l’opéra. »
Un spectacle dans le vent
Le principal intéressé travaille depuis septembre sur un double chantier en parallèle : monter sa première création pour l’Opéra du Grand Avignon, Storm, et apprendre à connaître son nouveau ballet. « Ils ont des corps qui ont déjà une histoire, on ne doit surtout pas l’effacer, il y a un bagage », dit-il, soucieux de respecter l’histoire tout autant que de faire évoluer le ballet. Le chorégraphe, qui définit sa danse comme « assez physique, rapide, j’aime la partition chorégraphique dans l’espace, les diagonales, les croisements des corps », a eu envie, sur Storm, de « mettre en danger les danseurs. »
Emilio Calcagno redoute plus que tout le ronronnement, le confort aseptisé. Alors pour sa première création au pays du mistral, le chorégraphe rajoute un élément : le vent, matérialisé par six ventilateurs industriels « qui vont tout le long perturber et bercer les danseurs », dit-il. Le vent, « pour moi n’est pas quelque chose de violent, j’ai noté qu’il calme les danseurs sur scène, il les nettoie, les épure. » Il servira le propos du spectacle, qui tourne autour du déluge à l’orée de la catastrophe.
Emilio Calcagno prend beaucoup de plaisir à bâtir sur les solides bases classiques de ses danseurs qui « se prêtent au jeu », précise-t-il, en détournant des techniques classiques comme les pointes. « J’aime les choses variées, je ne veux pas être que d’une couleur, j’aime la diversité », martèle-t-il. C’est la raison pour laquelle il va s’échiner à faire venir d’autres chorégraphes au ballet, car il croit que « les danseurs peuvent grandir en rencontrant d’autres chorégraphes, d’autres écritures. » Toujours dans cette optique, il privilégiera les créations sur les reprises, pour ne pas tomber dans « un certain confort artistique. »
Storm sera présenté le 26 décembre à 16 heures et le 28 décembre à 20h30 à l’Autre scène de Vedène, avant, envisage le chorégraphe, de tourner sur la saison 2022-2023.
Informations et billetterie ici.
Thierry ALLARD