Publié il y a 5 h - Mise à jour le 01.03.2025 - Thierry Allard - 3 min  - vu 43 fois

VILLENEUVE-LÈS-AVIGNON Gustave Fayet exposé chez lui, à l’Abbaye Saint-André

Gustave et Marie Viennet, aux côtés du coordinateur scientifique de l'exposition Olivier Schouwer

- Thierry Allard

À la fois artiste, contemporain et ami de Gauguin, Redon ou encore Matisse, grand collectionneur, directeur de musée, entrepreneur prospère et mécène, Gustave Fayet est mort en 1925, il y a tout juste cent ans. Cet anniversaire sera commémoré à travers une série de huit expositions jusqu’à 2027 qui passeront notamment par la Fondation Louis-Vuitton, et qui commence à l’Abbaye Saint-André de Villeneuve.

Huit expositions, il fallait bien ça pour aborder toutes les facettes de cette personnalité hors du commun. Pour commencer, la première exposition, à Villeneuve, aborde ses liens avec la Provence, lui le Biterrois. À Villeneuve et plus précisément à l’Abbaye Saint-André, un lieu qu’il acquiert après avoir rencontré l’écrivaine Elsa Koeberlé en 1916. Aujourd’hui encore, ses descendants Marie et Gustave Viennet sont propriétaires de l’Abbaye. Ici, Gustave Fayet puisera une bonne partie de son inspiration pour ses aquarelles, dessins et peintures, dont l’exposition regorge.

Autoportrait de Gabriel Fayet, père de Gustave Fayet • Thierry Allard

Une exposition chronologique, qui commence donc par le début, et l’influence qu’auront sur lui son père Gabriel et son oncle Léon, tous deux peintres. On la perçoit dans les premiers croquis d’un tout jeune Gustave Fayet, alors adolescent, « qui se forme en suivant les exemples de son père et de son oncle », retrace le coordinateur scientifique de la saison Fayet Olivier Schouwer. Une influence qu’il revendique jusque dans sa signature, où il cite son père. Gustave Fayet se met ensuite à la peinture et peint des paysages biterrois, mais aussi provençaux, perpétuant la tradition familiale. Il expose alors dans toute la région, de Montpellier à Toulouse.

Des croquis de Gustave Fayet • Thierry Allard

Puis il découvre Adolphe Monticelli. Le peintre marseillais, « un des peintres préférés de van Gogh », rappelle Olivier Schouwer, est une connaissance du père de Gustave Fayet. Le jeune peintre aime l'oeuvre de Monticelli au point que ses deux premiers achats de collectionneur seront, à 25 ans, deux toiles du Marseillais, exposées à Villeneuve. À partir de là, Gustave Fayet délaisse la peinture pour la collection d’oeuvres, de Gauguin notamment (il en aura près de 200), et la direction du musée de sa ville, Béziers. « Il ne revient à la création qu’à partir de 1912 environ, sans doute stimulé par ses échanges avec Odilon Redon à l’abbaye de Fontfroide », rejoue le coordinateur scientifique de l’exposition.

Deux tableaux de Monticelli, les premiers acquis par Fayet, sont exposés • Thierry Allard

Devenu aquarelliste, il revient à ses premières amours, les paysages, et multiplie les vues de Villeneuve. Il se lance aussi dans des aquarelles plus abstraites sur des buvards, représentant une botanique fantasmée, qui sera le sujet de l’exposition de l’année prochaine à l’Abbaye Saint-André. Seul un exemplaire est exposé pour cette exposition-ci, témoignage de son amitié avec Elsa Koeberlé, à qui il l’avait offert.

Une vue de Villeneuve par Gustave Fayet • Thierry Allard

Les amitiés ont guidé la vie et l’oeuvre de Gustave Fayet. Il s’installe à Toulon à l’orée des années 1920, où il côtoie le cercle littéraire local, Maurice Pottecher, André Suarès ou encore Maurice Guierre, avec qui il se met sur plusieurs projets d’illustrations de livres. Il illustrera également le « Miréio » de Frédéric Mistral.

Le seul autoportrait connu de Gustave Fayet • Thierry Allard
La Provence a inspiré Gustave Fayet • Thierry Allard

La dernière salle de l’exposition retrace « le troisième Fayet », comme le présente Olivier Schouwer. Celui qui poursuit son oeuvre, inspiré par le contact avec les artistes qu’il collectionne, les impressionnistes et Odilon Redon en tête. « Il révèle le caractère onirique du paysage », reprend le coordinateur scientifique. Gustave Fayet, fidèle à son amour de l’oeuvre de Monticelli, se prend de passion pour Van Gogh, plus précisément « pour le Van Gogh provençal », glisse Olivier Schouwer. Les tournesols de Fayet exposés à Villeneuve, si le coordinateur scientifique doute qu’ils soient un hommage à Van Gogh, peuvent toutefois être vus comme un témoignage de cette admiration.

Gustave Fayet a lui aussi peint des tournesols • Thierry Allard

Alors qu’il est devenu un entrepreneur à succès dans les tapis, tapisseries et papiers-peints, qui lui valent la majeure partie de sa renommée, Gustave Fayet se fait aussi un nom dans la peinture et rejoint la Société nationale des Beaux arts. Creusant son sillon à travers une oeuvre expressive et sensorielle qui restitue la lumière écrasante et le mistral turbulent de sa Provence d’adoption, « Gustave Fayet, affirme Olivier Schouwer, ici n’est plus l’élève de son père. »

« Gustave Fayet en Provence », du 1er mars au 31 octobre à l’Abbaye Saint-André de Villeneuve-lès-Avignon, en partenariat avec le Musée d’Art Gustave Fayet à Fontfroide. Plus d’informations ici.

Notez que, dans le cadre de la saison consacrée à Gustave Fayet, une exposition sur ses illustrations du « Miréio » de Mistral sera proposée au Museon Arlaten, à Arles, du 21 juin au 21 septembre prochains.

Thierry Allard

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