FAIT DU JOUR Les 30 ans du Cargo : du beau monde sur le pont
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Jean-Marc Pailhole
- Photo Yannick PonsJean-Marc Pailhole, l'homme qui porte la scène mythique arlésienne depuis le début, dévoile quelques noms de la programmation exceptionnelle de l'anniversaire qui aura lieu au mois de septembre.
Même s’il répète à qui veut l’entendre qu’il n’a pas fait ça tout seul, Jean-Marc Pailhole porte le Cargo de nuit depuis trente ans. « Il y a toujours eu une fée au-dessus de nos têtes », confie l'Arlésien.
Si aujourd’hui, tout semble sur orbite autour de Jean-Marc Pailhole, le capitaine au long cours, la vie du cargo n’a pas été un long fleuve tranquille. L’associé des débuts est parti, mais Jean-Michel, l'ingé-son, qui a fait de cette salle une merveille acoustique, est resté. Les moments financiers difficiles ont été nombreux, mais sans cesse dépassés. Salika est là, Sylvain aussi, Loïc, Pascal…
Le petit salinier a côtoyé les plus grands
Tout a commencé à Salin-de-Giraud, où Jean-Marc Pailhole grandit. Un CAP de mécanicien en poche, le salinier s’inscrit aux beaux-arts d’Avignon. Un grand écart qu’il ne sait pas trop expliquer, mais qui lui ouvre les portes de l’art et plus particulièrement de la photographie. Assistant de Lucien Clergue, il découvre la photo sous un autre angle.
Un jour, il reçoit un coup de fil et embarque sur un premier bateau, celui d’un festival méditerranéen de musique. Venise, Barcelone… Il passe rapidement de photographe à responsable de communication et commence à programmer des concerts. Michel Petrucciani, William Sheller, Mtislav Rostropovitch… et Didier Lockwood, qui deviendra le parrain du Cargo. Il découvre le jazz avec Deezie Gillespie, rencontre Jacques Higelin mais aussi Coco, la femme de sa vie. Alors il revient sur Arles. Jean-Marc investit la cave de l’hôtel Atrium. Il en fait un piano-bar, Fats Domino venait y jouer !
Cargo par hasard
Le Cargo, c’est arrivé par hasard « et pas rasé » s’amuse l’Arlésien. « Je cherchais un vrai bateau, mais dès que j’ai lu les normes de sécurité, j'ai abandonné ». C’est alors qu’il tombe sur ce hangar désaffecté, rue Sadi Carnot. Il n’y avait rien, il a fallu tout construire, la scène, la loge aujourd’hui parsemée de graffitis d’artistes, le balcon, la mezzanine, le bar et le restaurant… Le restaurant, c’était un bureau d'assurances. Au premier étage, un garage de pièces détachées pour vieilles voitures
La scène est inaugurée en présence de Didier Lockwood. Le Cargo a connu les débuts de Bénabar, Cali, Bertignac, Zebda. C’était un café labellisé scène nationale de musique comme les a créés Jack Lang, comme l’Affranchi à Marseille, qui a démarré au même moment. À force de confiance et d’amitié avec les producteurs et les artistes, Jean-Marc réussit à faire venir des pointures. Et puis il y a les escales du Cargo, une plus grande scène déportée au théâtre antique d’Arles. Le Cargo a accueilli le retour des Rita Mitsouko, Massive Attack, Simple Minds, Rodrigo et Gabriella, Pete Doherty, Vianney…
Putain, 30 ans !
Aujourd’hui, le cargo fête dignement ses 30 ans et ça commence au mois de septembre avec Guts, ce DJ français extrêmement talentueux et libre comme l’air. Ensuite, il y aura Thomas Fersen, Louis Bertignac, et beaucoup de surprises.
Et puis des groupes arlésiens se reforment pour l’occasion. Pony Pony Run Run, ou Fatche 2. L'anniversaire sera fêté jusqu’au 20 décembre avec Cassius Club, Yuksek et encore une grande surprise, promet Jean-Marc. Malheureusement, après le décès de "Carton" on ne verra pas les Raoul Petite, ce groupe qui est une véritable histoire d'amour avec le Cargo depuis 28 ans.
En attendant, la programmation magique du lieu offre Hugh Cornwell au mois de mai (ex-guitariste et chanteur des Stranglers), et puis Nick Cave, Air et Fontaines D.C cet été aux escales !