ÉDITORIAL Absentéisme des professeurs : quelle est la réalité ?
Au lendemain de sa nomination, la nouvelle ministre aurait du tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de dire que les professeurs en école publique étaient régulièrement absents.
Comment se prendre les pieds dans le tapis et mettre en l'air toute la communication politique du remaniement ? Amélie Oudéa-Castéra, la ministre de l'Éducation nationale, de la Jeunesse, des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques a la recette. Voulant exprimer à la sortie d'un déplacement, à côté du Premier ministre, une expérience personnelle avec ses enfants en école privée, elle a provoqué une polémique dont elle n'a pas fini d'en supporter les conséquences. Un peu comme son prédécesseur Claude Allègre qui avait été écrasé par son histoire de mammouth... Au lendemain de sa nomination, la nouvelle ministre aurait dû tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de dire que les professeurs en école publique étaient régulièrement absents. Surtout que, renseignements pris, il semble que son histoire ne soit pas tout à fait réelle. Le tollé tout au long du week-end ne risque pas de s'arrêter. Le Syndicat national des enseignements de second degré (SNES) et le FSU, avaient déjà lancé un appel à la grève pour le 1er février prochain sur les conditions salariales et de travail. Désormais le mouvement risque de porter sur les propos de leur ministre. Mais dans le fond, est-ce que la ministre a raison ? La réponse est non. En 2019, un rapport de la Cour des comptes a fait le calcul. Et ce sont 2,6% des enseignants qui ont été absents au moins un jour au cours d’une semaine contre 3,2% parmi les autres corps de métier de la fonction publique d’État. Des absences pour maladie dans la quasi-majorité des cas. Mais aussi pour suivre des formations. Ou encore liées à l’organisation du service public lui-même ou par exemple à la présence en tant que jury d’examen. Enfin, c'est anecdotique mais tout aussi réel, des professeurs sont absents pour des voyages ou des sorties scolaires. Peut-être que l'on pourrait donc préconiser à la ministre tout juste arrivée en fonction de retourner à l'école. Pour s'appuyer sur une réalité et éviter les fantasmes...