ÉDUCATION La première unité d'enseignement maternelle autisme de l'Agglo a ouvert à Boisset-et-Gaujac
Depuis début octobre, la toute première unité d'enseignement maternelle autisme (UEMA) d'Alès Agglomération a ouvert à Boisset-et-Gaujac. La troisième du département seulement. Elle profite à six enfants atteints de troubles autistiques âgés de 3 à 5 ans et a été officiellement inaugurée ce vendredi matin.
"Heureusement qu’il y a eu cette UEMA car j’avais dû démissionner pour m’occuper de mon fils l'an dernier. Je l'avais inscrit en très petite section dans une école traditionnelle et ça ne s'est pas très bien passé." Ces mots de Cindy, jeune maman de Guillermo, bambin de 3 ans et demi scolarisé en petite section, en disent long sur l'importance de l'évènement du jour. Un peu plus d'un mois après son ouverture, la nouvelle unité d'enseignement maternelle autisme a été inaugurée ce vendredi matin.
"C'est la première de l'Agglo", prévient Julien Heddebaut, maire de Boisset-et-Gaujac, commune hôte. Elle est aussi la troisième du département, seulement, après Remoulins et Milhaud. Mais comment a-t-elle atterri dans cette petite commune de 2 500 âmes nichée entre Anduze et Alès ? "L’Unapei a répondu à notre appel à projets avec un projet de grande qualité", assure Françoise Dardaillon, directrice départementale adjointe de l'agence régionale de santé (ARS) Occitanie.
Et d'ajouter : "Si ce projet a pu se réaliser, c’est aussi grâce à l’engagement fort de la commune." Sollicité par l'inspecteur de circonscription de l'Éducation nationale, Julien Heddebaut n'a en effet pas tergiversé longtemps pour donner son aval. "Ici on a eu une fermeture de classe maternelle l’année dernière. J’avais ce local qui matchait assez bien avec le projet", rejoue-t-il.
Et le maire de mettre en avant le caractère "inclusif" de sa commune : "On est une terre d’inclusion à Boisset. On avait déjà le foyer Artes par exemple." Et maintenant une UEMA qui tient surtout à la contribution financière (260 000 euros) de l'ARS, laquelle s'inscrit dans la stratégie nationale du plan autisme. Un investissement qui a permis une demi-douzaine d'embauches, dont celles d'une éducatrice spécialisée et d'une monitrice éducatrice à temps plein.
Une monitrice éducatrice à mi-temps, un accompagnant éducatif et social, une neuropsychologue et une psychomotricienne complètent une équipe de professionnels chapeautée par la cheffe de service, Virginie Papillon. Avec eux, Annabelle Gisquet, enseignante professionnelle de l'Éducation nationale, est armée pour "faire la classe" en offrant une prise en charge quasi individualisée à six enfants atteints de troubles autistiques divers et de pathologies associées pour certains. "J’ai suivi un diplôme universitaire à la fac de médecine et je vais passer un examen pour être enseignante spécialisée", confie celle qui a déjà opéré en institut médicoéducatif auprès d'enfants déficients mentaux.
Dans un environnement structuré faisant la part belle aux pratiques ritualisées qui donnent un "cadre" rassurant aux enfants, l'enseignante trouve peu à peu ses repères. Et les élèves aussi. "Beaucoup de parents ont exprimé leur fierté d’amener leur enfant à l’école, d’avoir la photo de classe comme dans une école normale. On a déjà des retours très positifs de parents qui ont perçu des améliorations à la maison", raconte Anabelle Gisquet. "Cette unité offre toutes les conditions nécessaires à l’apprentissage", veut croire Françoise Dardaillon.
Pour sa première année d'existence, l'UEMA de Boisset-et-Gaujac ne profite pas directement aux enfants boissetains. "Parmi les six, aucun enfant n'habite la commune. Ils viennent de Saint-Hilaire, Saint-Privat, Salindres, Fons et Générargues", précise Julien Heddebaut. Qu'importe aux yeux de l'édile boissetain qui croit "beaucoup en l’égalité des chances et de traitement". D'autant que le déploiement de cette équipe de sept professionnels, lesquels sont identifiés comme "des personnes ressources", peut aussi profiter en cas de besoin à l'école boissetaine dans sa globalité.
Si, de l'avis de tous les protagonistes du jour, dont le président de l'Unapei 30, lequel estime que "le droit à l'éducation pour tous les enfants impose au système éducatif de s'adapter aux besoins particuliers des élèves", l'ouverture d'une nouvelle UEMA était "une évidence", elle rend un service inégalable à des parents qui n'ont pas à porter seuls le fardeau de la maladie au prix de leur vie professionnelle. À l'image de Cindy, toute heureuse de pouvoir se remettre dès demain "en recherche d'emploi".