ALÈS/NÎMES Violences habituelles sur sa fille : 4 ans pour la maman et mandat de dépôt à l'audience
Une douloureuse affaire de violences habituelles sur une enfant est venue à la barre du tribunal correctionnel de Nîmes, mardi soir.
Il est près de 22h, ce mardi, lorsqu'une maman quitte la salle d'audience où elle était arrivée libre, pour regagner une cellule de la maison d'arrêt. Elle vient d'être condamnée à 4 ans de prison ferme avec arrestation immédiate. "Les faits sont d'une extrême gravité, madame", souligne dans son délibéré le président du tribunal Jérôme Reynes. La maman ne bouge pas comme si elle n'avait pas compris la sanction.
Pourtant, à l'audience, elle a beaucoup pleuré, gesticulé. Elle a souvent mis en avant sa vie difficile, son enfance sacrifiée par sa mère et sa jeunesse volée par des violences qu'elle aurait enduré en silence selon elle. Pourtant ce n'est pas cette femme, originaire d'Alès qui est la victime. Non, la victime est une adolescente de 14 ans qui a osé raconter le calvaire enduré pendant des années de la part de celle qui devait la protéger : sa mère.
Cette jeune fille, du haut de ses 13 ans, a poussé la porte du commissariat d'Alès le 26 mars 2022. Elle raconte aux enquêteurs qu'elle est frappée tous les jours, qu'elle est victime d'insultes et de menaces régulières. Elle affirme même qu'une goutte d'eau a fait déborder sa colère intérieure lorsque sa maman lui a coupé les cheveux pour lui donner une leçon... Des brimades que la gamine n'a pas supportées ! Elle indique aussi à la barre du tribunal correctionnel de Nîmes qu'elle a dû boire de la Javel et que sa mère a essayé de l'étrangler. Pour couronner le tout, des médecins découvrent sur son corps des hématomes et blessures qui peuvent provenir de violences régulières. Lorsque la mère de famille mis en cause est interrogée par le tribunal sur ces violences, elle ramène la souffrance à elle : "Ma fille, mais elle n'a pas vécu 0,01 % de ce que j'ai vécue."
Pour le procureur, la prévenue se voile la face et ne veut pas admettre les violences administrées à sa fille qu'elle élevait sans le père.
La victime, elle, regarde sa mère et suit attentivement ce procès depuis les bancs de la salle d'audience, entourée des éducateurs sociaux et de sa grand-mère. Elle n'a pas voulu se mettre sur le siège des victimes pour faire face à sa maman. "Elle a peur de se faire kidnapper par sa mère", indique maître Florence Mendez qui plaide pour l'adolescente. "Pour elle, c'est traumatisant d'être là mais elle en avait besoin. Elle a subi des actes abjects de la part de celle qui aurait dû la protéger. Elle a très peur de croiser sa mère", ajoute maître Mendez qui souhaite que le tribunal ordonne une interdiction de contact entre la mère et la fille.
"C'est une femme brisée, isolée. Elle était seule cette dame pour élever sa fille et elle n'a pas eu les moyens d'appeler à l'aide. La détention ne résoudra rien, vous devez permettre par votre sanction d'aller de l'avant", souhaite maître Manon Casteran pour la mère de famille.
Une prévenue déjà condamnée et dont le tribunal a relévé l'état de récidive concernant les violences. Elle écope au total de 4 ans de prison et d'un mandat de dépôt immédiat.