AU PALAIS Le maire condamné pour avoir frappé un élu
Il a été reconnu coupable, ce vendredi 24 février, de violences sur un élu d'une autre commune qui lui a dit "traître" et "planche pourrie".
On ne badine pas avec l’honneur dans l’armée française. À 67 ans, cet ancien officier de l’armée de terre, devenu maire de Moulézan depuis 15 ans, n’a pas supporté l’affront. Et le "Rocky Balboa" gardois va se faire justice lui-même et punir l'élu à l'origine de cette réflexion sur le champ d'honneur... et avec les poings.
Dans les faits, ce 28 juillet 2020, lorsqu’il arrive à une réunion du syndicat mixte de « Leins-Gardonnenque », il est reçu par un autre élu... Cet édile d’une autre commune fait donc le reproche au maire de Moulézan d’avoir renié ses convictions et ses amis politiques pour un poste offert par Franck Proust de vice-président à l'agglomération de Nîmes. Une tambouille politique qui ne devait rester que des mots mais qui va devenir une affaire pénale de "violence par dépositaire de l’autorité publique".
"Traître, planche pourrie"
Car le maire de Moulézan, Pierre Lucchini, ne supporte pas les propos qui lui sont adressés. « Il m’a dit traître, planche pourrie. Je lui ai dit ne le répète pas sinon tu vas avoir mon poing sur la figure », résume ce vendredi 24 février 2023, le maire de Moulézan sur le ring judiciaire du tribunal correctionnel de Nîmes. L’édile concerné a récidivé dans ses propos et en guise de réponse il a bien reçu le coup de poing dans la mâchoire… Un jour d’ITT pour la victime, une dent cassée et une plainte déposée pour les violences de la part du maire sur un autre élu.
Pour le procureur, c'est la cour de récréation
« Vous vous présentez à l’audience comme un grand serviteur de la France, mais les autres on le droit d’attendre de vous, monsieur le maire, un autre modèle », estime le vice-procureur Willy Lubin. « J’ai l’impression de me retrouver dans une cour de récréation, poursuit-il. En politique je connaissais les coups bas, mais pas encore les coups de poing », tacle le représentant du parquet.
« Avec le recul je regrette, mais sur le moment non. Il m’a provoqué, il me connaît, me dire traître je ne l’ai pas supporté, c'est une insulte », insiste encore aujourd’hui l’actuel maire de Moulézan.
Le maire a trahi politiquement
« Monsieur Lucchini revendique sa qualité de dépositaire de l’autorité publique. En politique, il peut y avoir des mots qui blessent », estime Maître Laurence-Jacques Ferri, avocat de la victime en revenant un instant sur les circonstances de la « trahison » ressentie par certains élus de la part de Pierre Lucchini. « Il a fait un choix qui n’est pas celui du parti, il a suivi l’adversaire politique monsieur Proust pour un poste. Il a donc trahi au sens politique. Et comme les mots ne lui conviennent pas, il préfère donner un coup de poing, accable Maître Laurence-Jacques Ferri. Toutes les attitudes ne sont pas acceptables. On doit effectivement agir avec honneur lorsque l’on est un élu de la République ».
« Vous êtes un élu, vous représentez l’État, on peut attendre de vous une attitude irréprochable », reprend la présidente du tribunal correctionnel de Nîmes, Élodie Dumas. « Et lui, il faut se mettre à ma place. Il s’agissait d’une provocation préméditée. On ne se refait pas », répond du tac-au-tac le "Rambo" de Moulézan.
« Vous l’avez croisé depuis les faits ? », interroge la juge pour savoir si le maire avait présenté ses excuses depuis cette agression de juillet 2020. « Non il m’évite, il se tient loin de moi », complète le maire finalement reconnu coupable de « violences ».
Il est condamné à 180 jours/amendes à 10 euros soit l'équivalent de 1 800 euros. Il devra en outre payer 840 euros de dommage à son "adversaire politique" c'est-à-dire la dent cassée.