AU PALAIS Le SDF alésien tabasse son hôte d’un soir à coups de bâton
Nabil, un SDF alésien de 45 ans, a frappé à coups de bâton celui qui l’hébergeait provisoirement.
Tous les protagonistes de cette triste nuit du 27 août sont réunis, ce jeudi après-midi, devant le tribunal d’Alès. Dans le box, en position d’accusé, c’est Nabil, solide gaillard au crâne rasé qui vit l’audience si intensément qu’il mime les scènes de violence et use de mimiques en tout genre pour retranscrire le plus fidèlement possible sa vision de la soirée.
Sur le banc des parties civiles, c’est la victime, Pierre, frêle bonhomme vêtu d’une gabardine trop grande et d’une sacoche qui semble accrochée à sa main. Derrière lui, dans le public, c’est Thierry, mais tout le monde l’appelle Titi, même la présidente de l’audience Bérangère Le Boëdec. Titi, c’est l’éternel spectateur : celui qui a assisté aux faits sans intervenir, sans broncher, et qui en fait autant lors de cet épilogue devant le tribunal correctionnel.
Vers 3 heures du matin, dans cette nuit du 27 août, Nabil et Titi, deux SDF alésiens bien connus des habitués du centre-ville, se retrouvent chez Pierre. Là, les versions divergent, mais il ressort de l’audience que Nabil, déjà instable dans sa tête, consomme de la cocaïne. Il semble aussi que Pierre ait contracté à son égard une vieille dette de cocaïne de 300 €. Bref, dans le cerveau de Nabil, argent et cocaïne ne font pas bon ménage et il se met à frapper Pierre à coups de bâtons sous l’œil de l’impassible Titi. Avant de quitter les lieux, Nabil emporte avec lui l’ordinateur portable de sa victime, ce qu’il considère être une juste compensation des 300 € prêtés.
A l’audience, le démonstratif Nabil regrette. Il a l’air sincère. Il s’excuse, invoque Dieu, fait des serments et demande l’indulgence de la présidente. Moins emphatique, son avocate, Euria Thomasian, appuie sa défense sur l’altération du discernement de son client au moment des faits. La substitut du procureur, Mélodie Fabre, en tient compte aussi, mais rappelle également aux juges les 10 jours d’ITT accordés à la victime et les 27 points de suture sur le crâne de celle-ci.
Au retour d’un court délibéré, le tribunal condamne Nabil à 24 mois de prison dont 10 avec sursis. Le SDF est maintenu en prison. À sa sortie, il ne devra pas entrer en contact avec Pierre, ni remettre les pieds à Alès pendant sa période de mise à l’épreuve, soit trois ans.
Tony Duret