GARD Frappée, humiliée, séquestrée et tondue : le calvaire filmé d'une jeune mère de famille
La vidéo diffusée, ce vendredi matin, à l'audience du tribunal correctionnel a marqué les esprits. Une scène de violences et d'humiliation infligée à une jeune femme de la part du père de son enfant.
"Je n'ai pas fait ces actes de violences et pareil pour la séquestration je n'ai rien fait", insiste le prévenu détenu lors de son arrivée devant le tribunal correctionnel de Nîmes, ce vendredi matin. Il lui est reproché deux scènes distinctes de violences survenues en septembre 2018 avec des coups dans la garrigue, puis en novembre 2019 avec une séquestration de sa compagne qui a duré cinq jours, une séquestration avec de nombreux coups et avilissements.
Le prévenu nie en bloc
Mais depuis le début le prévenu, Ayoub K. âgé de 27 ans, reste sur sa position : il n'a rien fait et il est victime d'une cabale de la part de la famille de son ex-petite amie. Cet homme, déjà connu pour 11 condamnations dont 4 pour des faits de violences, campe sur sa position d'innocent, accablé à tort dans ce dossier qui était ouvert au criminel au départ des investigations. Pourtant tous les éléments mènent vers lui même si l'enquête, "légère", "inconsistante" a été dénoncée par la défense. "Je plaide ce matin pour un homme que tout accable", indique son conseil maître Luc Abratkiewic.
"Mais pourquoi la famille de cette jeune femme aurait voulu vous nuire ?", interroge Jean-Michel Perez, le président du tribunal correctionnel de Nîmes "Je n'ai pas voulu l'enfant, je n'ai pas voulu le reconnaître et sa famille voulait me marier de force", affirme le mis en cause.
La vidéo terrifiante d'une jeune femme humiliée
Sauf que plusieurs élèments vont faire pencher la balance judiciaire en faveur de la jeune femme, une ancienne adjointe de sécurité du commissariat de Nîmes. Le premier élément reste les constatations médico-légales et les blessures ingligées à la jeune mère de famille et à une amie qui a essayé de s'interposer... Cette dernière, qui est également partie civile mais qui n'est pas présente à l'audience, a eu "le plancher orbital fracassé", selon maître Carmelo Vialette.
Mais, plus grave pour le prévenu, il reste les images photographiques et une vidéo enregistrée sur le téléphone portable du prévenu. Une vidéo déroutante. Elle a été diffusée à l'audience ce matin. On y voit la victime le visage en sang dans sa douche. Elle est dénudée, prostrée dans sa baignoire, et elle a été tondue au niveau des cheveux et des sourcils. En même temps, elle est insultée par la voix d'un homme qui filme avec son portable. "J'étais une morte vivante pendant qu'il filmait. Je pensais qu'il allait me tuer", dira-t-elle aux enquêteurs sur procès verbal. De plus le père de son enfant, qui multipliait selon lui à l'époque les relations féminines, avait enlevé leur enfant et menaçait la mère de famille de ne plus le voir.
Pour le procureur, la preuve des violences est dans le téléphone du prévenu
"Mais ce n'est pas moi. C'est elle qui m'a envoyé la vidéo. Sa famille l'a frappée à cause de moi, à cause de la relation qu'elle avait avec moi", ajoute le prévenu. "La preuve irréfutable est dans son téléphone portable qui vient l'accabler malgré ses dénégations", estime pour sa part le procureur, Philip Ughetto, qui demande 6 ans de prison à l'encontre de l'agresseur... Ce dernier a refusé les expertises psychiatriques et psychologiques qui auraient pu essayer de comprendre comment cet homme peut devenir irascible, jaloux, et être emporté pour un motif futile vers une réaction très violente, ajoute le parquetier.
Il y a les mots dans la procédure et les images insoutenables
"Je suis encore dans l'effroi de cette vidéo, j'ai la gorge nouée. Il y a les mots couchés sur un procès-verbal qui évoque cette violence, cette soumission et puis il y a les images insoutenables", plaide pour les deux victimes maître Carmelo Vialette. "Là j'ai vu la douleur, les plaies saignantes, les coups, la soumission. Cette vidéo prend la mesure de ce qu'elle a vécu dans sa chair, dans son coeur, dans son âme", complète le pénaliste nîmois.
"C'est un dossier où l'on doit se contenter d'une vidéo. On ne s'intéresse absolument pas aux déclarations évolutives, incohérentes, et parfois suréalistes", estime maître Abratkiewic pour le mis en cause, pointant du doigt l'ancienne petite amie victime. "Je veux bien que l'on fasse de la justice Paris Match avec le choc des photos, mais quand même comment imaginer une séquestration alors qu'elle a des contacts avec sa mère, qu'elle sort de la maison", ajoute le conseil en défense.
Le tribunal est allé au-délà des réquisitions en infigeant 7 ans de prison à Ayoub K. Il est également maintenu en détention.