Le sport fait aussi vieillir plus vite : à 39 ans, les carrières s'arrêtent souvent et, en escrime, on devient, de fait, un vétéran. Ils sont une quinzaine dans cette catégorie au sein d'Alès Escrime, sur 80 licenciés. Et parmi cette quinzaine, un nom de famille se tire la part du lion, celui des Delacour. Si Patrick a obtenu des résultats honorables, Brigitte est revenue parée de bronze des championnats d'Europe et des championnats du monde et a ravi le titre de championne de France en fleuret, quand son mari finissait en argent.

"On a chopé le virus plus jeune", rembobine Patrick Delacour. Des années de pratique plus tard, Brigitte et Patrick Delacour se rendent à l'évidence, "les vétérans sont la partie forte des clubs". Et ce, alors même que "les vétérans, même à bon niveau, n'ont pas d'aide. La fédération nous donne juste le suvêtement de l'équipe de France." Une règle qui vaut pour ceux qui vont porter les couleurs de leur pays dans les compétitions internationales. 

La France conserve quand même un nombre de pratiquants importants, environ 55 000, loin devant certains de ses voisins. "En Italie, l'escrime est payante", nuance Patrick Delacour. Pour autant, tous les clubs ne sont pas logés à la enseigne : si Alès est doté d'une salle ad hoc, "on n'avait pas de salle spécifique dans le Loiret", constatent les Delacour, originaires du sud de Paris. 

L'envie de s'installer, à la retraite, dans des gîtes ardéchois à Saint-Paul-le-Jeune qui leur appartenaient, les a rapprochés du club alésien. Avec bonheur puisque les résulats s'enchaînent depuis. Le prochain rendez-vous international, ce sera pour les championnats d'Europe, à Thionville, à l'Ascension. "Chez les vétérans, une année les championnats sont en individuel, l'autre ils sont par équipe." En 2022, Patrick Delacour a rapporté une 5e place par équipe quand Brigitte finissait sur le podium avec ses trois acolytes. En 2023, ce sera chacun pour soi. 

Brigitte et Patrick Delacour sont conscients que leurs résulats peuvent susciter de l'intérêt pour leur sport chez d'éventuels hésitants. Ils mènent régulièrement des actions auprès des écoles comme ils l'ont fait aussi, à la rentrée, dans les allées de Décathlon. "Le club se maintient, on finira l'année à un peu plus de cent licenciés", pronostique le président du club, Samuel Malhautier. Qui n'oublie pas que son club a déjà organisé, par deux fois, le championnat de France vétérans au Capra. Le couple Delacour offre un argument supplémentaire de poids au retour de l'épreuve.