ALÈS Deux journées à l’IMT Mines Alès pour inciter les jeunes filles à s’engager dans les carrières scientifiques
Avec la participation exceptionnelle de l’astronaute Claudie Haigneré et de la journaliste Tina Kieffer, l’IMT Mines Alès organise les 18 et 19 novembre un événement afin d'encourager les jeunes filles à s’orienter vers les carrières scientifiques et promouvoir ainsi l’équilibre entre les genres.
Le constat est sans appel. « Il n’y a pas assez de femmes dans les filières scientifiques », déplore Assia Tria, directrice de l'IMT Mines Alès. À ses yeux, des stéréotypes tenaces, hérités d'une longue tradition, continuent de freiner les jeunes filles et les empêchent d’envisager la diversité de carrières qui s’ouvre à leurs pairs masculins. Bien que l’IMT Mines Alès se distingue parmi les écoles d’ingénieurs françaises avec un taux de féminisation important – 31,5 % de femmes admises au concours Mines Télécom cette année sont dans leurs rangs et 37 % l’année précédente – ces chiffres restent encore trop bas. « Nous apprenons aux hommes à devenir aventuriers, mais pas aux femmes », regrette Assia Tria, la seule femme à la tête d'une école de l’Institut Mines-Télécom en France.
Pour tenter de renverser cette tendance, faire évoluer les mœurs et promouvoir une véritable égalité professionnelle, l’IMT Mines Alès organise les 18 et 19 novembre un événement qui met en avant deux grandes figures féminines inspirantes. Claudie Haigneré, première astronaute française, et Tina Kieffer, journaliste et fondatrice de l’association « Toutes à l’école » – qui œuvre depuis 2005 pour offrir une éducation de qualité aux jeunes filles en situation de précarité – seront au rendez-vous. Deux journées donc, pour valoriser le rôle des femmes dans la science.
La journée des « audacieuses »
Pour encourager ces vocations féminines, il faut toucher à la source de l’orientation professionnelle, soit dès le collège. Cela concerne non seulement les collégiennes, pour qu’elles se sentent légitimes à envisager des carrières scientifiques, mais aussi les collégiens, afin de les sensibiliser et de favoriser des comportements plus égalitaires. C’est dans cet esprit que les deux journées des Audacieuses s’ouvriront avec une table ronde, la « Table des Audacieuses », prévue le 18 novembre à 14 heures. Animée par Claudie Haigneré, et Tina Kieffer, la rencontre est réservée aux établissements scolaires, collèges et lycées, et devrait réunir près de 630 élèves issus d’Alès, de La Grand-Combe, de Salindres ou encore de Nîmes.
Après la table ronde, les élèves participeront à un speed dating dès 15h30, où ils rencontreront des femmes issues de divers métiers scientifiques et d'avenir, ainsi que des étudiantes de l'IMT Mines Alès. « Je crois qu’il est important d’ouvrir davantage nos portes pour accueillir plus de filles, » confie Assia Tria. « Ces rencontres sont là pour montrer qu'il ne faut rien s'interdire, il est essentiel de démontrer que ces femmes scientifiques sont épanouies. »
La première journée des audacieuses sera dédiée aux collégiens et lycéens, tandis que la seconde s’adressera à tous les publics, pour une raison bien précise. Pour Assia Tria, cela passe également par la sensibilisation des parents : « Chez nous, les filles ne sont pas assez encouragées par leurs parents, elles souffrent souvent du syndrome de l’imposteur. » Bien que les filles soient majoritaires dans les filières scientifiques au baccalauréat, elles « disparaissent » ensuite vers des cursus comme la médecine ou les écoles de commerce, observe la directrice. C’est pourquoi cette « journée des audacieuses » accueillera aussi les adultes : le 18 novembre, à 20 heures, Claudie Haigneré tiendra une conférence, suivie le lendemain matin, le 19 novembre à 9 heures, d’une intervention de Tina Kieffer. Le tout, ouvert au public, sur réservation (cliquer ici).
Dix-sept salles dédiées à des icônes féminines
Pour clore cet événement dont c'est la première édition et qui ambitionne de s'inscrire dans la durée, une inauguration symbolique marquera le point d’orgue de cette « journée des audacieuses ». En présence de Claudie Haigneré, le campus de Clavières sera officiellement rebaptisé à son nom lors d’une cérémonie qui se tiendra le 19 novembre à 10h30. Ce changement de nom s’accompagnera de l’inauguration d’une fresque murale, qui représente la première spationaute française et réalisée par Pierre Bernardi, suivie du baptême de dix-sept salles du centre d'enseignement, chacune portant le nom d’une femme ayant marqué l’histoire des sciences ou celle de l’établissement : de Josephine Baker à Lucie Aubrac, en passant par Ada Lovelace, principalement connue pour avoir réalisé le premier véritable programme informatique.
Tous les noms ont été sélectionnés suite à un appel à propositions lancé au sein de l'établissement. Huit salles seront également renommées prochainement en hommage à des hommes inspirants. Par ailleurs, un amphithéâtre de l'IMT Mines Alès sera prochainement renommé en hommage à Olympe de Gouges, afin d’assurer un équilibre avec les autres amphithéâtres, répartis équitablement entre deux noms féminins et deux noms masculins. Enfin, intitulée « Galerie des Audacieuses », une exposition présentera treize portraits d’enseignantes-chercheuses et de femmes scientifiques de l’IMT Mines Alès dans l'objectif toujours de promouvoir une meilleure représentation de la diversité dans le monde scientifique. Ces portraits seront ensuite diffusés dans les établissements scolaires. Une chose est certaine, Assia Tria est résolument déterminée à faire de sa prise de fonction un tournant pour les femmes dans le domaine des sciences.