Publié il y a 1 an - Mise à jour le 01.10.2023 - Sacha Virga - 3 min  - vu 3386 fois

FAIT DU SOIR Julie Soulet, ou la belle revanche d'une bouchère

Julie Soulet Boucherie Beauteville Alès

Julie Soulet, patronne de la boucherie Beauteville à Alès

- Sacha Virga

Ouverte depuis janvier 2021, la boucherie Beauteville à Alès présente la particularité d'être tenue par une femme, Julie Soulet, ce qui fait sa différence et sa force. 

Au 19 rue Beauteville se situe une boucherie portant le même nom. Si d'aspect extérieur elle ressemble à toutes les autres, à l'intérieur c'est une bouchère qui est seule aux manettes. Après avoir jonglé avec différents métiers (vendeuse, commerciale...), Julie Soulet s'est lancée dans un CAP Boucherie en alternance il y a huit ans à Lézignan-Corbières (Aude) et en dix mois, la voilà sur le marché du travail. Passionnée par le milieu de l'alimentation et par la viande, elle n'a pas hésité à se lancer. Celle qui a beaucoup déménagé s'est dit qu'il fallait dire stop et passer sa formation. De fil en aiguille, elle gravit les échelons jusqu'à arriver au poste de chef bouchère.

Patronne de sa propre boutique depuis janvier 2021, celle qui fut victime autrefois de discrimination, raconte qu'elle a failli tout arrêter : "Quand j'étais employée, on avait tendance à me dire : "Appeler le boucher parce que vous ne savez pas couper des côtelettes d'agneau". Lorsque j'ai eu mon bébé, j'ai eu un déclic et je n'avais plus envie de faire ce métier, le cliché macho était horrible à supporter. J'en avais assez de devoir faire mes preuves tout le temps, comme quoi une femme n'aurait pas sa place dans le milieu", raconte-t-elle fortement. Et puis un jour, tout a changé : "Je suis tombée sur cette boucherie à vendre car elle était en faillite et là j'ai eu le déclic. J'étais au chomage et je n'avais rien à perdre. Ça m'a intéressé parce que ça voulait dire qu'il fallait repartir à zéro et je savais que je pourrais créer une boutique à mon image", déclare-t-elle fièrement. Un choix qu'elle ne regrette absolument pas aujourd'hui.

Mieux que ce qu'elle espérait

Ce qui s'avérait être un gros pari s'est transformé en grande réussite. Aujourd'hui Julie a plus de clients que ce qu'elle attendait. Toutes les tranches d'âge viennent, des jeunes jusqu'aux plus âgés, en passant par les familles. Si on pourrait croire que les étudiants délaissent les commerces de bouche traditionnels pour les grandes surfaces, la vérité est bien différente : "L'école des Mines, entre autres, m'amène pas mal de jeunesse. Ils viennent parfois tous les deux jours acheter les pièces de viande dont ils ont besoin, ils dépensent au plus juste", explique-t-elle. Selon Julie, les nombreux reportages que l'on voit aujourd'hui leur ont fait comprendre qu'il fallait faire attention à ce que l'on mangeait. 

Julie Soulet propose aussi un espace traîteur et s'efforce au maximum de faire du fait maison. Si cela n'est pas possible en raison de la quantité de travail qu'elle peut avoir lors de certaines périodes de l'année, elle a aussi des fournisseurs qui lui font des produits artisanaux. Le local voire très local est sa marque de fabrique : sa charcuterie vient de Lozère ou d'Aveyron, son boeuf du Limousin, son veau de Lozère et l'agneau provient d'un éleveur du Vigan. Le fait d'avoir moins d'intermédiaires lui permet de proposer des prix assez bas, tout en gardant une très bonne qualité : "Je n'ai pas besoin de monter les prix, je suis même parfois moins chère sur certains produits par rapport à la grande distribution", assure-t-elle.

Boucherie Beauteville Alès Julie Soulet
La vitrine principale de la boucherie Beauteville d'Alès • Sacha Virga

Quand le coeur lui en dit et qu'une place se libère dans sa vitrine, elle propose des produits du fruit de son imagination : "J'avais mis en vente des saucisses maison chèvre et figue, tout est parti en trente minutes !", se félicite-t-elle. Une de ses dernières créations : le roulé de boeuf à l'emmental. Un jour, un papy qui venait souvent, s'en est vu offrir une tranche pour qu'il goûte, lui qui n'était pas convaincu qu'il allait aimer. Et finalement, il en prend presque à chaque fois qu'il vient !

Fervente défenseuse de l'anti-gaspillage

Son expérience dans la grande distribution lui a fait éveiller certaines consciences. Elle peut se vanter de n'avoir presque jamais d'invendus et lorsque c'est le cas, elle préfère offrir à une personne âgée ou à quelqu'un dans le besoin : "Dans les grands magasins, le cliché c'était de remplir à outrance les rayons pour obtenir un effet de masse. Mais on en jetait la moitié et ça me rendait malade", dévoile-t-elle. Si besoin, elle possède une machine sous vide lui permettant de conserver plus facilement certains aliments. 

Aujourd'hui Julie Soulet fait de sa différence une force, ce qui lui permet d'avoir une clientèle plus féminine que dans d'autres boucheries : "Quand certains clients viennent on parle aussi d'autres sujets tels que les enfants. Les clients vont parfois me poser certaines questions, mais il n'y aura pas de jugement négatif. Je suis la seule bouchère à Alès et dans le Gard à tenir toute seule ma boutique. Je ne suis pas certaine qu'il y en ait beaucoup dans la même situation en France", conclut-elle.


Boucherie Beauteville. 19 rue Beauteville - Alès. 8h30 - 13h / 15h-18h30. Fermeture le mercredi et le dimanche

Sacha Virga

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