FAIT DU SOIR Le Marathon des sables : la folle aventure d'un gendarme cévenol pour les enfants malades
À l'aube de ses 30 ans, Mathieu Wolf, sous-officier de gendarmerie à la brigade de Lasalle, va participer au mythique Marathon des sables en avril prochain. 250 kilomètres à parcourir dans l'aridité du désert saharien au profit d'une association œuvrant en faveur des enfants malades.
Déterminé ! Ce qualificatif lui colle à la peau. Mathieu Wolf est un obstiné qui ne lâche jamais rien. Chef de la brigade de gendarmerie de Lasalle à 29 ans, le père de famille s'est lancé un nouveau défi : participer à la 37e édition du mythique Marathon des sables qui aura lieu du 21 avril au 1er mai 2023. 10 jours pour se surpasser dans les dunes du Sahara, près de Ouarzazate (Maroc), et 250 kilomètres à parcourir en bravant l'aridité.
Une folle aventure dans laquelle le Lasallois embarque Daisy Casals, une amie qui formera avec lui le binôme baptisé "Les Képis des sables". Un nom faisant inévitablement référence à l'activité professionnelle de ces deux sous-officiers de gendarmerie, tout en adressant un clin d'œil à l'association Les Képis pescalunes basée à Lunel (Hérault) qu'ils ont décidé de représenter.
"Cette épreuve hors normes, nous avons choisi de la courir au profit des enfants malades ou handicapés de la gendarmerie", confirme Mathieu Wolf, qui y voit aussi l'opportunité de retrouver Daisy quelques mois après sa mutation pour Castelnaudary (Aude). "Loin d’avoir des carrures d’athlètes, nous sommes gonflés à bloc pour démontrer aux enfants que même dans la difficulté et dans l’adversité nous pouvons décrocher la lune pour eux", fait valoir le sous-officier.
Mais le dernier nommé n'en est pas à son coup d'essai ! En témoignent ces quatre médailles pendues à l'angle du bureau qu'il occupe dans la bridage de Lasalle. Celles glanées après être arrivé à quatre reprises au terme du Marathon de Paris. Mathieu Wolf a même franchi la ligne d'arrivée lors de la dernière édition malgré une blessure à la cheville contractée dès le douzième kilomètre.
Ça en dit long sur le mental d'acier du bonhomme ! "Selon moi, il y a 20 % d'effort physique et 80 % de mental. On va se retrouver parfois seuls sur des lignes droites interminables de 15 kilomètres sans aucune perspective. Il faut une sacrée résistance mentale pour arriver au bout sans faillir !", analyse-t-il. En septembre dernier, celui qui aura 30 ans dans quelques jours s'est déjà offert un avant-goût de la souffrance qu'il endurera dans le désert marocain en s'alignant sur le semi-marathon des sables aux Canaries.
Cette nouvelle performance sur l'île de Fuerteventura lui a appris une chose : mieux vaut ne pas oublier sa crème solaire ! D'autant que les températures annoncées au cœur du Sahara au printemps prochain ont de quoi faire frémir. "On attend jusqu'à 50° au pic de la journée", a été informé Mathieu Wolf, qui ne s'en effraie pas pour autant. "Il faudra s'hydrater très régulièrement à raison de deux gorgées d'eau toutes les 10 minutes", prévoit le jeune homme. L'organisation de l'épreuve ne s'y est pas trompée en octroyant 12 litres d'eau par jour et par concurrent.
Avec l'expérience qui est désormais la sienne, l'approche logistique de l'épreuve lui est naturellement revenue, tandis que son amie Daisy Casals gère l'aspect athlétique. "Elle a une meilleure condition physique que moi. On va dire que je suis la tête et elle les jambes", schématise le jeune chef de brigade. Une à deux fois par semaine, Mathieu Wolf profite donc du beau terrain de jeu que lui offrent les Cévennes pour s'adonner à de longues marches sur un rythme soutenu.
"Le col saint-Pierre est sans doute plus difficile à franchir que les dunes du Sahara", se rassure-t-il. "On a aussi notre préparation militaire derrière nous. On sait ce que c'est de marcher longtemps avec du poids sur le dos, donc on ne part pas de rien." Le quadruple participant au Marathon de Paris ne laissera rien au hasard. Le sac qu'il endossera chaque jour pendant l'épreuve devra peser entre 6,5 et 15,5 kilos (les limites imposées par le règlement).
Avec la chaleur et ces longues distances, chaque kilo compte. Ainsi, Mathieu Wolf a déjà renoncé à emporter sa batterie externe pour charger son smartphone. "Sur une aventure comme celle-là, on se déconnecte complètement de cette vie à cent à l'heure. On pose un peu le téléphone pour profiter pleinement", justifie le militaire. En revanche, certains objets sont obligatoirement imposés aux coureurs : pompe à venin, boussole, sifflet, lampe frontale, couverture de survie et briquet, entre autres.
Le Lasallois compte aussi sur ses deux gourdes pour s'hydrater, ses barres de céréales et des kilos de nourriture lyophilisée pour s'alimenter, son duvet pour reprendre quelques forces sous le bivouac et des lingettes nettoyantes pour se refaire une beauté. "Ce qui m'effraie le plus, c'est d'oublier quelque chose", admet le gendarme. Mais s'il y a bien une chose qu'il s'interdit de laisser à la maison, c'est ce lot de porte-clés frappés de photos de ses deux enfants et de sa femme. "Je les regarde pendant la course quand ça ne va pas", confie le père de famille.
Dans les dunes du désert en avril prochain, le chef de brigade n'aura pas d'autre objectif que de "terminer la course". "Ça sera déjà une sacrée performance", commente celui qui sait pouvoir compter sur "l'entraide" sans égal qui règne entre les participants durant l'épreuve. S'il craint les douloureuses ampoules aux pieds qui conduisent bien souvent à l'abandon, Mathieu Wolf mise sur des guêtres cousues sur ses chaussures afin d'éviter que le sable n'y pénètre.
Le futur trentenaire n'aura aucun mal à trouver le supplément d'âme dont il pourrait avoir besoin. "On court pour donner de la visibilité à l'association en profitant du rayonnement international du marathon des sables", expose-t-il. Et de conclure : "Il parait qu'à l'arrivée on se dit toujours "plus jamais ça" et que l'année d'après on est réinscrit. Je ne demande qu'à voir !"
Une levée de fonds pour les enfants malades
Une cagnotte Leetchi a été lancée par "Les Képis des sables" depuis quelques jours. Les dons récoltés seront reversés à l'association Les Képis pescalunes, tout comme les bénéficés générés par la vente de goodies à l'effigie de l'épreuve. Mathieu Wolf a déboursé 3 500€ pour s'inscrire et participer à cette épreuve. Une somme qui ne comprend pas l'achat du matériel.