LE DOSSIER Mammouth de Durfort : le lieu de découverte est désormais privé
Signalé au bord de la RD 982, le lieu de découverte du mammouth de Durfort est désormais privé et inaccessible. C’est d’ailleurs de l’autre côté de la départementale que Régis Debruyne et les scientifiques du Muséum d’histoire naturelle ont prospecté, à l’été 2022, pour trouver les suites du lac ou du marécage dans lequel est mort le mammouth juvénile afin de trouver d’autres espèces ayant connu le même sort. Les recherches se poursuivent pour resserrer la périoide dans laquelle sertait mort le mammifère.
Une site de découverte coupé en deux par la Départementale
C’est déjà à la faveur de travaux routiers que deux cantonniers tombent sur les premiers fossiles, en 1869. L’archéologue et inspecteur des monuments historiques, Jules Ollier de Marichard, et l’ingénieur Paul Cazalis de Fondouce, en visite dans la grotte des morts proche, sont appelés à livrer leur expertise. Et ce qui ressemblait à d’anciennes canalisations d’eau devient des défenses de mammouth, et les os des fossiles.
La guerre contre la Prusse fait rage dès l’année suivante, et la plume passe après l’épée. Mais la mémoire est vive, puisque le Muséum national acquiert la relique avant même qu’elle ne soit entièrement exhumée, ce qui est fait en 1873. Avec ses 4,3 mètres de haut, pour près de 7 mètres de long et huit tonnes, c’est l’un des plus grands fossiles de mammouth jamais assemblés. Car, même juvénile, le Mammuthus méridionalis reste plus grand que son descendant laineux, qui lui est plus connu et surtout plus fréquent dans les galeries.
Assemblé et monté en 1876, le mammouth de Durfort attendra la construction de la galerie de paléontologie et d’anatomie comparée au Jardin des Plantes pour trouver sa place définitive, en 1898.
Un podcast radio et un documentaire télé à l’automne
L’histoire complète du mammouth de Durfort est à retrouver dans le podcast Les Curieuses histoires du Muséum, coproduit par le Muséum national d’histoire naturelle et France Culture.
Côté télévision, France 5 présentera, dans son émission Science Grand format en octobre prochain, un documentaire Dans les pas du mammouth géant qui contera la découverte du fossile, et évoquera sa vie imaginée et sa restauration. À noter qu’une reconstitution historique partielle réunit, dans le documentaire, une part des scientifiques venus à Durfort, en juin et août 2022, à d’autres figurants. Parmi lesquels Luc Long, qui a dirigé les fouilles dans le Rhône à Arles, et joue Jules Ollier de Marichard. Une respiration, pour lui, alors que ses fouilles dans le fleuve sont aujourd’hui à l’arrêt, faute de budget débloqué.
Sur la date de son décès, les recherches se poursuivent
Ils sont descendus en nombre, en juin 2022, pour tirer les choses au clair. Sous la houlette du paléogénéticien Régis Debruyne, et le regard de Cécile Colin - dont le mammouth avait été démonté en début de mois - des scientifiques sont descendus pour retrouver le sol dans lequel le mammouth de Durfort s’était enlisé et avait trouvé la mort. Soit entre 700 000... et deux millions d’années. Une fourchette trop large pour satisfaire une paléontologue, un paléogénéticien, un expert des pollens, un autre des sédiments et de paléo-magnétisme, un troisième de datation absolue et un spécialiste de la faune préhistorique.
Le retour du mammouth dans la galerie ne signe pas la fin des recherches. Car les fossiles et matériaux rapportés lors des ouvertures pratiquées dans le sol, en juin et août 2022, sont encore sous analyse. Pour Régis Debruyne, les résultats tangibles ne tomberont qu’à l’automne et permettront de préciser la période où a vécu le mammouth d’une vingtaine d’années. En attendant les résultats finaux, la fourchette de temps s'est déjà réduite, Régis Debruyne estimant désormais le décès entre 800 000 et 1,2 million d'années. La période exacte sera connue en 2024.
La cave coopérative marque l’événement
Les élus et vignerons du village sont venus à Paris les bras chargés au Muséum national d’histoire naturelle. Pour marquer le retour du mammouth de Durfort dans la galerie de paléontologie, la cave coopérative a produit une étiquette spéciale pour embouteiller son viognier bio, à l’effigie du mammouth, vendu 6,40 € à la cave. Une bouteille événementielle, qui pourrait être pérennisée pour la gamme bio de la cave coopérative, en phase avec l’histoire du village, alors qu’à la cave de Montfrin, le squelette de mammouth exposé résulte d’un achat, et pas d’un patrimoine local.