OAC Yoann Barclay, entraîneur des U17 : "Cette année est la cerise sur le gâteau"
Ancien joueur du Nîmes Olympique et actuel entraîneur des U17 de l'OAC, Yoann Barclay partage son parcours et sa philosophie de formation. Alors que son équipe vise le titre, l'ancien international martiniquais envisage de céder sa place après trois années avec la même génération de joueurs.
En course pour la première place du championnat R1, les U17 de Yoann Barclay occupent actuellement la troisième position, à un point du dauphin Sète et deux points du leader Les Arceaux qu'ils affronteront lors de la dernière journée, conservant ainsi de solides espoirs de remporter le titre. Ce succès est le fruit de trois années de travail, avec le même groupe, depuis leurs débuts en moins de quinze ans jusqu'à aujourd'hui. À 43 ans, Yoann Barclay est sur le point d'obtenir son Desjeps en mai et envisage alors de passer le flambeau à une nouvelle personne, après avoir guidé l'équipe sur le plan sportif et surtout éducatif.
Objectif Gard : Pouvez-vous présenter votre parcours ?
Yoann Barclay : Après avoir fait partie du centre de formation du RC Lens en tant que joueur, je suis retourné en Martinique, ma terre natale. Là-bas, j'ai joué pour l'équipe nationale senior. Le Nîmes Olympique, en Ligue 2 à l'époque, m'a remarqué et j'ai disputé quelques matchs. Par la suite, j'ai contribué à la montée de Beaucaire de National 2 à National. J'ai également évolué du côté de Toulouse, Narbonne et Carcassonne en National 3. À 27 ans, en 2007, alors que j'étais joueur à Carcassonne, j'ai obtenu mon brevet d'état. Depuis, j'ai entraîné diverses équipes, dont des équipes de jeunes et des équipes féminines au niveau national. Après un passage de deux ans du côté de Tarascon en R1 féminine, je suis maintenant dans ma troisième année à l'Olympique Alès en Cévennes, où j'ai pris en charge la génération 2007 depuis leur passage en U15, en passant par les U16 et maintenant les U17.
C'était important pour vous de les suivre chaque année pour leur progression ?
Quand Jean-Marie Pasqualetti, directeur sportif de l'OAC, m'a approché, il m'a parlé de l'intérêt de la génération 2007 et de la nécessité de les faire progresser. Sans hésitation, j'ai accepté de les entraîner. Notre objectif était de rester en R1, mais nous avons fini ex aequo à la sixième place avec Lunel, ce qui nous a conduit à descendre en R2. Malgré cela, j'étais déterminé à ramener l'équipe en R1. C'est là que j'ai décidé de rester avec cette génération. J'étais par ailleurs en cours de sélection du diplôme d'État supérieur de la jeunesse, de l'éducation populaire et du sport (Desjeps) à Clairefontaine, ce qui me prenait une semaine par mois durant dix mois. Je ne voulais pas changer d'équipe et perturber l'apprentissage du groupe alors j'ai poursuivi.
"Les gamins sont à l'écoute et ont intégré les enseignements. Ils ont bien travaillé, le mérite leur revient."
Yoann Barclay, entraîneur des u17 de l'OAC
Aujourd'hui vous êtes à la troisième place du classement, à deux points seulement du leader, comment avez-vous travaillé pour en arriver à faire partie des têtes d'affiche ?
Nous avons affaire à une génération dotée de certaines qualités, mais qui a souffert de la pandémie de covid. Leur saison en U13 a été interrompue, et celle en U14 a été écourtée. C'est une génération qui manque d'apprentissage sur le football à 11, sur une saison complète. Malgré ces défis, nous avons travaillé dur. J'ai identifié leurs lacunes et procédé à des recrutements pour les combler. Les gamins sont à l'écoute et ont intégré les enseignements. Ils ont bien travaillé, le mérite leur revient. Il était essentiel de leur faire prendre conscience de leur potentiel, de les faire jouer ensemble et de les encourager à prendre du plaisir sur le terrain.
Comment maintenez-vous l'équilibre entre l'exigence de résultats et la préservation des jeunes joueurs contre une pression trop excessive ?
Ma philosophie est claire. Pour moi, l'humain passe en priorité, nous sommes là pour accompagner ces gamins. L'échec est bénéfique. Il faut justement leur faire comprendre cela avec la génération actuelle, c'est difficile pour eux d'accepter qu'ils ne savent pas faire quelque chose, ça les stresse d'autant plus. Ma philosophie est vraiment de laisser le gamin jouer, s'exprimer et l'accompagner en lui montrant le chemin à prendre, en le rassurant.
"J'ai toujours aimé le beau jeu, mais celui où la singularité de chaque jeune puisse s'exprimer, ne pas robotiser les joueurs. "
Yoann Barclay, entraîneur des u17 de l'OAC
Être champion en fin de saison, vous y pensez ?
Il ne reste que quatre matchs, ce serait bête de ne pas y penser. Le seul souci est que jusqu'à ce week-end nous avions notre destin entre nos mains. Nous dépendons désormais de l'équipe qui est deuxième. Et nous jouerons les leaders du classement lors de la dernière journée.
Vous continuerez l'année prochaine à suivre cette génération 2007 en U18 ?
Non... Je pense qu'en trois ans j'ai atteint le maximum. Ils ont besoin d'un nouveau discours, d'un renouvellement, de s'habituer à de nouvelles personnes. L'objectif est qu'ils aient de nouveaux coachs avant leur arrivée en senior.
Quel bilan tirez-vous de ces trois années avec eux ?
Je suis plutôt satisfait de ce groupe parce que lorsque je les ai récupérés, il y avait de grandes lacunes tactiques. Nous avons mis en place certaines choses pour les faire évoluer individuellement, car on sait à quel point aujourd'hui l'aspect mental a pris pas mal de place. La saison n'est pas finie mais je me suis régalé à encadrer ce groupe, il y a des gamins qui sont formidables sur le plan humain. Footballistiquement, il y en a qui ont des qualités. Sur le plan personnel je suis plutôt content, les deux dernières années ont été enrichissantes et cette année est la cerise sur le gâteau, je suis entré à Clairefontaine.
Entraîner une équipe Senior à l'OAC, vous y pensez ?
(Rires) Aujourd'hui je dirais que la formation est quelque chose qui m'attire car dans mon parcours de footballeur je n'ai pas eu ces entraîneurs qui ont su m'écouter, m'apporter des choses. C'était toujours les résultats avant tout. Et ça m'anime de rendre au football ce qu'il n'a pas pu me donner, je veux aider les jeunes à progresser.
"Quand on va voir un chirurgien, on ne va pas lui dire comment il doit opérer. Par contre, vu qu'on aime, que l'on regarde ou que l'on joue même au football, on se permet d'aller voir l'entraîneur de son fils."
Yoann Barclay, entraîneur des u17 de l'OAC
Comment gérez-vous les préoccupations des parents sur le bord du terrain, le poison qu'est le "projet Mbappé" dont on entend beaucoup parler ?
Je pense que c'est une culture typiquement française où chaque personne a son mot à dire sur quelque chose qui n'est pas forcément son métier. Ils estiment qu'ils peuvent donner leur avis. Quand on va voir un chirurgien, on ne va pas lui dire comment il doit opérer. Par contre, vu qu'on aime, que l'on regarde ou que l'on joue même au football, on se permet d'aller voir l'entraîneur de son fils. C'est difficile parce qu'ils font partie intégrante de la progression de leurs enfants, donc nous ne pouvons pas les mettre totalement de côté, nous sommes obligés de travailler avec eux. Par contre, quand je mets mon enfant quelque part, je fais confiance à l'éducateur. Les enfants sont en pleine éducation, ils sont là pour s'amuser, prendre du plaisir. Je suis allé à un tournoi, les gamins jouaient, les parents se battaient dans les tribunes ! C'est horrible. Le "projet Mbappé" fait beaucoup de mal car on oublie qu'à un certain âge il y a un apprentissage et on veut aller parfois tellement vite que l'on dégoûte certains gamins.