Publié il y a 1 an - Mise à jour le 12.06.2023 - Thierry Allard - 4 min  - vu 1312 fois

FAIT DU JOUR À Verfeuil, des solutions « de bon sens » pour économiser l’eau

Éric Ajasse et Sébastien Corba, élus à Verfeuil, devant une des bâches

- Photo : Thierry Allard

Verfeuil, village d’un peu plus de 600 habitants près de Lussan, doit son nom à l’abondance en eau qui le caractérisait autrefois. Aujourd’hui, l’eau se fait plus rare, et la commune met en place des solutions pour l’économiser.

« On ne se voyait pas ne rien faire », commence Sébastien Corba, adjoint au maire de Verfeuil. Il faut dire que, même si « ici, l’eau c’est toujours un peu problématique », avance-t-il, l’été dernier a été particulièrement pénible sur ce plan. Ainsi, en juillet dernier, le château d’eau se retrouve à sec. « Par moments, toute l’eau pompée dans la nappe, 16 mètres cubes par heure, était entièrement consommée dans le village et rien n’allait dans le château d’eau », rejoue Éric Ajasse, conseiller municipal.

Une situation inconfortable, surtout en cas d’incendie : le village aurait été incapable de fournir de l’eau aux pompiers. Les deux élus se relaient alors pour procéder à des coupures d’eau, en journée et parfois la nuit, pour permettre au château d’eau de se remplir, jusqu’à ce que le délégataire Véolia ne connecte le village avec la commune voisine de Saint-André-d’Olérargues. Depuis, une grosse fuite sur le réseau de Verfeuil a aussi été identifiée et réparée, de quoi espérer un été plus tranquille.

Stocker pour ne pas gaspiller

Il n’en reste pas moins que ces événements ont convaincu la mairie d’agir. Elle a alors acheté cinq bâches souples de stockage d’eau : une de 100 mètres cubes, une de 60, deux de 30 et une de 5, pour 25 000 euros environ en comptant les frais annexes. L’idée : stocker l’eau, et accessoirement éviter de la gaspiller. « On trouvait dommage de ne pas stocker l’eau de pluie, ni celle qui sort de la station d’épuration », affirme Sébastien Corba. Ainsi, la plus grosse des bâches a été placée à côté de la station d’épuration, sur une plateforme aménagée pour l’occasion. Elle est remplie des eaux traitées par la station.

Une eau avec laquelle la commune ne peut pas faire ce qu’elle veut : impossible de la boire, évidemment, ni d’arroser les cultures destinées à l’alimentation. Par contre, « on arrose les arbres de la pépinière municipale (un arbre est planté à chaque naissance, NDLR) et cet été nous donnerons la possibilité aux gens de venir se servir pour arroser leurs fleurs », explique l’adjoint. La mairie va acheter un traitement UV pour cette eau. À terme, l’économie est estimée à 80 mètres cubes pour l’arrosage municipal entre mai et septembre.

Quant aux autres bâches souples, « elles ont été placées à des endroits stratégiques pour récupérer les eaux de pluie par gravité, et une autre pour l’eau d’un puits près de la rivière, pour la défense incendie », rajoute-t-il. Autre utilisation de ces équipements : les piscines. « Nous prêtons ces bâches, afin que les gens qui vident leur piscine pour l’entretien puissent y stocker leur eau avant de la reremplir avec », présente Éric Ajasse. Sachant que chaque piscine contient en moyenne environ 40 mètres cubes, soit un quart de la consommation annuelle d’eau d’un foyer de quatre personnes, l’économie est significative. Quatre personnes s’en sont servies cette année, et d’autres devraient suivre prochainement.

Les bâches sont prêtées aux habitants qui doivent vider leur piscine • Photo : DR

La mairie a organisé il y a quelques semaines une réunion d’information avec le fabricant des bâches, basé en Isère, réunion à laquelle les villages des alentours ont été conviés. L’idée, sans faire de publicité au prestataire, était de « faire prendre conscience qu’il y a cette solution pour récupérer l’eau », affirme Sébastien Corba. La mairie compte désormais initier un achat groupé, « ouvert à tous ceux qui le voudront. »

Un système innovant à l’école

Les actions pour économiser l’eau à Verfeuil ne se limitent pas à ces bâches : au sein de son école, la mairie travaille sur un système permettant de récupérer les « eaux grises », celles du lavage des mains par exemple, et de les réinjecter dans les chasses d’eau. « On veut le mettre en place d’ici la fin de l’année », avance Sébastien Corba, qui y voit aussi un projet pédagogique, alors que l’école et ses 52 élèves représente la plus grosse consommation d’eau des bâtiments communaux.

La mairie va également distribuer un tract sur les restrictions d’eau, traduit en néerlandais, allemand et anglais, pour sensibiliser aussi les touristes étrangers, nombreux l’été et parfois peu au fait des économies d’eau. Et le 25 juin, une journée de nettoyage de la nature sera organisée au moulin Bès, en bord de Cèze. Chaque participant se verra offrir un système de raccordement aux gouttières pour remplir une cuve ou une bâche.

Bref, « le but est de faire un peu bouger les lignes, c’est du bon sens dans l’utilisation de la ressource », résume Sébastien Corba. Une ressource qui manque non loin de là, à Saint-Marcel-de-Careiret, dont la source est à sec depuis un an. La solution a été trouvée… à Verfeuil, grâce à un forage réalisé dans les années 1990, mais jamais utilisé jusqu'ici. La conduite reliant Verfeuil à Saint-Marcel sera posée à la mi-juillet sous la houlette de l’Agglomération. À Verfeuil, Éric Ajasse espère désormais une chose : « Qu’à Saint-Marcel ils soient aussi précautionneux que nous pour l’utilisation de l’eau. » Et ailleurs aussi.

Thierry Allard

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