FAIT DU SOIR À Uzès, la MFR du Grand Mas, une « grande famille » depuis soixante ans
C’est dans un ancien domaine viticole vieux de plus de deux siècles, niché au coeur d’un cadre idyllique à la sortie d’Uzès qu’en 1964, Gilbert Martin, déjà directeur d’une Maison familiale rurale (MFR) à Bagnols, décide de lancer un Institut régional d’éducation et d’orientation. Soixante ans plus tard, la MFR Le Grand Mas célébrait son anniversaire ce samedi.
Si le président de la MFR du Grand Mas Sylvain Combaz est aujourd’hui paysagiste à son compte à Rochefort-du-Gard, il le doit au réseau des MFR. « Je suis un ancien élève de MFR dans la région Centre, où j’habitais à l’époque, ça a sauvé ma scolarité et permis de me raccrocher au métier que je voulais faire », rejoue-t-il aujourd’hui. Un exemple parmi tant d’autres de ce que le réseau des MFR parvient à faire depuis des décennies : donner des perspectives à des jeunes en échec scolaire dans l’Éducation nationale, mais pas que.
« Nous avons aussi beaucoup de jeunes qui ont de très bonnes notes mais qui ont envie de donner du sens à leur scolarité, et à qui le cursus qui implique de rester en classe ne convient pas », affirme le directeur de la MFR Le Grand Mas Grégory Mulotti. Car à la MFR d’Uzès, qui propose des formations dans l’horticulture, le paysage et la maintenance du matériel servant à l’entretien des espaces verts du CAP au BTS, en passant par des classes de 4e et 3e destinées à l’orientation, « on applique tout de suite ce qu’on voit en classe », pose le directeur. Y compris les maths : « Pythagore on l’utilise quand on est paysagiste, si on veut que l’arbre soit bien droit par rapport à la façade », sourit Grégory Mulotti.
Une école professionnelle donc, « précurseure dans l’alternance », rappelle son président, où on pratique « l’apprentissage différemment », rajoute-il. Pas de professeurs mais des formateurs, souvent des professionnels des métiers enseignés qui ont décidé de transmettre leur savoir-faire, « avec des classes en effectifs réduits pour mieux apprendre », rajoute Sylvain Combaz. Plus qu’une différence, « un état d’esprit qui n’a pas changé en soixante ans », affirme Grégory Mulotti. « Il y a toujours cette proximité, ici un élève n’est pas un numéro, c’est un humain qu’on accompagne, dont on connaît le parcours de vie, on essaie d’accompagner de manière individuelle chacun des élèves », développe-t-il. À en juger par le nombre d’anciens élèves venus célébrer cet anniversaire samedi, l’attachement à la MFR et à ses formateurs est bien réel. « Nous sommes une grande famille », résume Sylvain Combaz.
Une moisson de médailles
La MFR Le Grand Mas accueille environ 250 élèves par an, dont de nombreux adultes. « Cette année, nous avons des élèves de 14 à 58 ans », précise le directeur. Il faut dire que la MFR est ouverte à tous. « Ici, toute personne qui a envie de travailler dans nos métiers trouvera toujours quelque chose », martèle Grégory Mulotti. Avec succès : cette semaine à Béziers (Hérault), deux formateurs et deux élèves adultes de la MFR du Grand Mas ont brillé à l’édition régionale du Concours national de reconnaissance des végétaux, avec pas moins de cinq médailles, dont une d’or et une d’argent pour les deux formateurs. De quoi faire de l’établissement uzétien le meilleur de la région cette année, ce qui lui vaut le Grand prix.
Une performance, puisque les formateurs devaient identifier 40 plantes par leur nom d'usage mais aussi leur nom en latin et en donner trois caractéristiques, le tout en trente secondes par plante. Pour les élèves, il s’agissait de retrouver le nom de trente plantes en 45 secondes par plante. Alors briller à ce concours est tout sauf anecdotique. « Nous sommes très fiers de vous », leur lancera la vice-présidente du Conseil départemental Bérengère Noguier samedi, en soulignant la qualité de l’enseignement de la MFR d’Uzès.
« Un outil d’éducation incontournable », salue le conseiller régional et président de la Communauté de communes du Pays d’Uzès Fabrice Verdier, qui loue également « la pédagogie différenciée, toujours bienveillante » à l’oeuvre au sein de l’établissement. S’il est un élu qui connaît bien les MFR, c’est bien le sénateur Denis Bouad : ancien parent d’élève à celle de Castillon-du-Gard, il en a ensuite été le président, avant de devenir pendant une dizaine d’années celui de la fédération départementale. Il en profitera pour « rendre hommage à ceux qui consacrent une partie de leur temps, de leur vie », à faire fonctionner les MFR.
Celle d’Uzès, qui a pu au cours de ses soixante années d’existence « traverser des périodes parfois difficiles », rappellera son président, développe de nombreux projets. Outre le projet de jardin-forêt Harmonie, lancé en 2019 et agrémenté d’un nouvel arbre, un cerisier du Japon, planté ce samedi pour les soixante ans, le Grand Mas réfléchit à « développer des formations dans le sport et de la nature », commence Grégory Mulotti. Par ailleurs, « Nous réhabilitons une partie des locaux, c’est une belle bâtisse mais qui nécessite des travaux que nous voulons faire intelligemment pour garder l’âme des lieux », poursuit le directeur. Après avoir remplacé la chaudière cette année, place désormais à la réhabilitation de l’internat. De quoi, pierre par pierre, faire perdurer ce modèle au moins soixante ans de plus.
Et aussi
Le réseau des MFR Occitanie-Méditerranée compte six MFR, dont cinq dans le Gard. Le Grand Mas donc, mais aussi la MFR du Pont-du-Gard, à Castillon, la MFR La Gardonnenque, à Vézénobres, la MFR La Pinède, à Marguerittes et la MFR Petite Camargue, à Gallargues-le-Montueux. Pas dans le Gard, mais pas loin, la sixième MFR du réseau est celle des Garrigues du Pic Saint-Loup, à Claret (Hérault).