FAIT DU SOIR Nucléaire : large mobilisation pour l’EPR2 aux portes du Gard
C’est une initiative partie du Gard, organisée dans le Vaucluse, mais réunissant des acteurs économiques et politiques de quatre départements et trois régions en faveur d’un projet : celui de l’implantation d’une paire de réacteurs EPR2 à Tricastin (Drôme).
Ce mercredi midi, ils étaient environ 150, principalement des chefs d’entreprises, des politiques et des salariés du nucléaire, mais aussi une poignée d’opposants au nucléaire, à s’être rassemblés à Bollène pour dire « oui » à l’EPR2 à Tricastin. Car s’il est acquis qu’une paire de réacteurs nouvelle génération va être bâtie en Auvergne-Rhône-Alpes dans le cadre du programme du nouveau nucléaire, deux sites sont en balance : Tricastin donc, et Bugey (Ain). Et la décision approche.
Du côté de Tricastin, et de tout son bassin économique qui déborde largement sur le Vaucluse, l’Ardèche et le Gard, on préfèrerait nettement l’avoir tout à côté, cette nouvelle centrale, synonyme d’emplois par milliers et de retombées économiques par millions. Alors le Collectif, qui regroupe douze associations d’entreprises et de commerçants du Gard rhodanien, a eu une idée : « Mettre le dossier en haut de la pile, en partant du monde économique et en associant les élus, les citoyens, les chefs d’entreprises », résume Julien Feja, vice-président du Collectif, en charge de ce dossier.
Et c’est peu dire que le Gard s’est bien mobilisé : outre les élus, du président de l’Agglo du Gard rhodanien Jean-Christian Rey, en passant par les députés Pierre Meurin et Pascale Bordes, la conseillère régionale Monique Novaretti et une flopée de maires, de nombreux chefs d’entreprises des associations du Collectif avaient fait le déplacement tout comme le président de l’Union des industries et des métiers de la métallurgie Gard Lozère, Philippe Patitucci. Hors du Gard, la mobilisation a bien pris aussi, avec les présences de Marie-Pierre Mouton, la présidente du Conseil départemental de la Drôme, de Violaine Richard, conseillère régionale de la région Sud Paca, du président du Conseil économique, social et environnemental de la Région Occitanie, Jean-Louis Chauzy, ou encore d’Anthony Zilio, maire de Bollène et président de la Communauté de communes Rhône Lez Provence.
Ce dernier soulignera la présence de nombreux maires des différents départements concernés, avant de rappeler « s’il y en avait encore besoin, notre soutien à l’implantation de l’EPR2 à Tricastin. » Et l’élu vauclusien d’estimer que « nous sommes à la croisée des chemins », et pas que géographiquement : la décision d’EDF doit tomber au mois de juin, au plus tard à la rentrée de septembre. D’ici là, un premier rapport de l’Autorité de sûreté du nucléaire est également attendu. « La dernière ligne droite, c’est maintenant », lance pour sa part la présidente du Département de la Drôme.
« Pour une fois, on ne se tire pas la bourre entre les territoires »
Alors dans ce contexte, tout le monde fait fi des frontières. « Nous sommes unis », affirme Anthony Zilio. « Le Rhône n’est pas une frontière, mais un trait d’union », rajoute le président de l’Agglo du Gard rhodanien Jean-Christian Rey, avant de se féliciter que « pour une fois, on ne se tire pas la bourre entre les territoires, on s’associe. C’est nouveau, pas pour le monde économique, mais plus pour nous dans le monde politique. » Un point de vue partagé par Violaine Richard, de la Région Sud Paca : « C’est un projet de territoire que nous soutenons aujourd’hui, il mérite l’énergie de tout le monde. »
Cette mobilisation du jour suit deux lettres ouvertes de Marie-Pierre Mouton adressées aux PDG successifs d’EDF. « À ce jour, nous comptons 500 signatures, avec des élus de poids comme Carole Delga (présidente de la région Occitanie, NDLR), Renaud Muselier (celui de la région Sud Paca), Laurent Wauquiez (celui de la région Auvergne-Rhône-Alpes), mais aussi les présidents des départements de l’Ardèche, de Vaucluse et tout un panel de conseillers départementaux, régionaux, de parlementaires », énumère la présidente du département de la Drôme. Et ce projet est soutenu par des élus « de bords politiques très différents », souligne-t-elle.
Il faut dire que le poids du nucléaire est très important : « deuxième filière en nombre d’emplois d’Occitanie », rappellera Jean-Louis Chauzy, « 18 800 emplois directs et indirects pour la région Sud », abondera Violaine Richard. Des territoires où, de plus, « nous avons les grands acteurs de l’énergie et de nombreuses TPE, PME et start-ups », rappelle la conseillère régionale, et plus localement « un bassin de vie et d’emploi sur quatre départements et trois régions où nous avons les savoir-faire, les formations, des entreprises, une histoire et l’acceptation de la population en grande majorité », rajoute Marie-Pierre Mouton.
Désormais, reste à faire passer le message dans les sphères décisionnelles. Alors après ce coup d’éclat, le Collectif ne compte pas s’arrêter en si bon chemin : « Nous allons faire une lettre ouverte à Emmanuel Macron et à Luc Rémont (le PDG d’EDF, NDLR), avance Julien Feja. Après la lettre ouverte politique de Marie-Pierre Mouton, nous allons en faire une économique ».
Et aussi
Si, d’après Marie-Pierre Mouton « la grande majorité » de la population soutient le nucléaire, certains s’y opposent. Ils étaient une poignée ce mercredi à s’être invités à la mobilisation, pour demander « de nouveaux débats sur toute la vallée du Rhône, car ce qui se décide là, ce n’est pas une paille », lancera l’un d’eux à l’issue de la manifestation, avant d’en appeler « à la Commission nationale du débat public et à l’État, nous voulons un débat public, aller jusqu’au bout de nos arguments. » Là aussi, le message est passé.