FAIT DU JOUR Chez Grap’Sud, rien ne se perd tout se traite !
Le groupe dont le siège social est situé à Cruviers-Lascours a amorcé une restructuration dans les domaines de la diversification et la décarbonation de ses activités. Explications.
L’histoire débute en 1969 avec la création de la distillerie La Gardonnenque à Cruviers-Lascours, commune rurale de 700 âmes située en plein cœur du département du Gard. Pendant près de 35 ans, la structure va s’attacher à développer et élargir ses activités de diversification et de valorisation des produits de la viticulture. Mais en 2006, la distillerie gardoise décide de s’unir avec sa consœur audoise Cap’Sud pour faire naître l’Union de distillerie Grap’Sud. L’année suivante, le groupe est rejoint par les distilleries la Varoise puis Romann en Alsace. En 2010, elle intègre La Narbonnaise et quelques mois plus tard La grappe de Montpellier et la SCA de distillerie Les vignerons d’Ouveillan. En 2017, l’Union Grap’Sud devient le groupe agro industriel coopératif, Grap’Sud SCA (Société en commandite par actions). Son activité consiste principalement à collecter, retraiter et valoriser les coproduits issus de la filière vitivinicole afin d’élaborer des produits agricoles, agroalimentaires et nutraceutiques.
Une économie circulaire
Aujourd’hui, Grap’Sud est devenu un groupe qui rassemble plus de 160 salariés répartis sur quatre sites de production, et dont le chiffre d’affaires annuel en progression était de 53 M€ en 2023. Mais pour cela, la société, solidement enracinée sur son territoire, a amorcé depuis plusieurs mois maintenant une restructuration en profondeur « destinée à adapter et à préparer l’entreprise et ses filiales aux changements actuels », souligne Yoann Maillard, directeur général adjoint du groupe. Une mutation qui a pour principal mot d’ordre la diversification avec un élargissement des matières premières traitées, et cela dans une logique d’économie circulaire et durable. En charge jusqu’alors du retraitement des marcs, soit près de 85 000 tonnes par an, des lies (165 000 hectolitres) ou encore des vins, la distillerie a choisi d’étendre la valorisation de ces matières au-delà de la production d’alcool comme l’explique Yoann Maillard : « À partir des coproduits agricoles, nous produisons à présent du tartrate de calcium transformé en acide tartrique naturel (acide utilisé généralement en pâtisserie et en cuisine comme additif alimentaire, NDLR), du colorant naturel, des extraits de vins, de l’huile de pépins de raisin ou encore de l’engrais organique liquide et des amendements organiques normés. »
Mais Grap’Sud n’a pas l’intention de s'arrêter en si bon chemin puisque la structure propose également d’étendre son savoir-faire à d’autres filières telles que l’oléiculture avec le traitement de margines - autrement dit, l’eau de végétation - d’olives ou encore celui de déchets verts pour le compte de collectivités locales.
Une chaudière à la biomasse
Cependant, afin d’accentuer davantage un développement vertueux souhaité par la direction et les quelque 1 900 adhérents et apporteurs, et de faire face aux nouveaux enjeux environnementaux, le groupe s’est lancé dans un projet de décarbonation de ses activités pour un coût global de près de 10 M€. « L’ensemble des activités et de nos productions est désormais pensé via le prisme de la RSE (Responsabilité sociale des entreprises) qui drive notre organisation autant que nos investissements en cours », indique le directeur général adjoint. Cette initiative se traduit notamment par l’installation d’une chaudière fonctionnant à la biomasse issue de la production de l’usine gardoise. « Cela doit nous permettre d’être autonome en énergie verte. » Selon les estimations, la réduction de l’empreinte carbone engendrée par ce nouveau mode de chauffage devrait être équivalente « à l’émission annuelle de 1 000 véhicules diesel ». Par ailleurs, Grap’Sud poursuit depuis plusieurs mois un programme de réduction de sa consommation d’eau, notamment dans les process de production « avec une première étape de réduction de 30 % déjà franchie ». L’objectif, désormais, étant d’atteindre les 50 % d’ici à la fin de l’année avec notamment la mise en place de récupérateurs d’eau. La direction est attentive également à l’installation de panneaux photovoltaïques, avec un premier essai, effectué sur le site de Gardioval en Espagne sur une surface d’un hectare, qui permet de couvrir « 20 % de sa consommation électrique ». Il est à noter que Grap’Sud est investie depuis plusieurs années dans la production d’alcools de marcs à destination de la bicarburation. « Cela représente environ 35 000 hectolitres dont l’utilisation, notamment comme carburant pour des bus, contribue de façon significative à la réduction des gaz à effet de serre ».
À terme, l’entreprise gardoise, dont l’exportation de produits dans 45 pays représente 38 % de son chiffre d’affaires, a pour objectif de réduire ses émissions de CO2 de 5 000 tonnes par an, soit l’équivalent de 650 fois le tour du monde en voiture ou de l’empreinte carbone annuelle de 500 Français.
Le soutien de la Région
À l’occasion du salon Energaïa, le salon européen des énergies renouvelables qui s’est tenu en décembre dernier à Montpellier, les directions de l’Arec (Agence régionale énergie climat), GreenFlex et Grap’Sud ont signé un contrat FITEEO (Financeur pour l’industrie et le tertiaire de l’efficacité énergétique en Occitanie) pour accompagner la société gardoise, sur le plan financier et technico-économique, dans son projet de décarbonation de ses activités au travers notamment l’achat de la chaudière biomasse.