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Publié il y a 3 mois - Mise à jour le 17.08.2024 - © Stéphanie Marin - 5 min  - vu 5268 fois

FAIT DU JOUR Le fabuleux destin d’Amélie Laugier : XXVe Reine d’Arles

Amélie Laugier, 22 ans, a été sacrée XXVe Reine d’Arles le 8 mai dernier.

- Stéphanie Marin

Encore étudiante, Amélie Laugier, 22 ans, a été choisie pour succéder à Camille Hoteman et devenir ainsi la XXVe Reine d’Arles.

Des yeux remplis de larmes. La pudeur les retient, la sincérité en a déjà bien assez fait. Les semaines passent et l’émotion demeure intacte. Elle en a rêvé de ce moment, sans jamais imaginer que la fiction deviendrait réalité. Et pourtant, à 22 ans, Amélie Laugier a été sacrée XXVe Reine d’Arles le 8 mai dernier. L’Arlésienne - elle a grandi dans le village de Moulès plus précisément - succède ainsi à Camille Hoteman. Dans ses yeux, il y a des larmes certes quand elle repense à son sacre, à cette foule amassée sur la place de la République, à son papa, producteur de foin de Crau, décédé en 2018.

Mais en les levant au ciel pour mieux se souvenir, elle voit l’image de cette petite fille, éblouie, fascinée, « envoûtée même », surenchérit-elle, par les costumes des Arlésiennes, au point de vouloir elle aussi, se costumer. Elle n’avait que 3 ans quand elle en a fait la demande à sa grand-mère, Armelle, ancienne commerçante à Saint-Martin-de-Crau. À l’âge de 6 ans, l’enfant intègre le groupe folklorique Li Coudelet Dansaire. Une évidence ? Pas du tout, « dans ma famille, on suivait les traditions sans y être directement impliqué, personne avant moi n’a porté le costume. »

Amélie a porté son premier costume à l’âge de 3 ans. À 6 ans, elle intégrait le groupe folklorique Li Coudelet Dansaire. • DR

« C’est parfois difficile de s’affirmer quand on est adolescent »

Amélie poursuit son petit bonhomme de chemin, la passion chevillée au corps. Au collège Charloun-Rieu, l’adolescente choisit d’apprendre le provençal. Et déjà, à cette époque-là, elle ne cachait pas ses ambitions. Sur le papier de présentation aux professeurs, la jeune fille inscrivait son envie d’être Reine d’Arles. « Il y a deux semaines, une de mes professeurs m’a présenté ma fiche », s’amuse Amélie. Même ses amis étaient au courant, la comprenaient-ils ? « Pas vraiment, se souvient-elle. C’est parfois difficile de s’affirmer quand on est adolescent, et sur ce sujet-là, ça l’est d’autant plus. »

L’incompréhension de ses camarades n’a pas entamé sa détermination. « Grâce à Astrid Giraud - Reine d’Arles entre 2011 et 2014, NDLR - qui m’a donné envie d’assumer celle que je voulais être, par ce qu’elle dégageait, son aura. » Alors, la Mireillette, sa marraine était Laetitia Arbousset (Martin de son nom d’épouse), demoiselle d’honneur sous le règne de Catherine Sautecoeur ; s’est accrochée à son rêve, chaque défilé provoquant la même joie, le même émerveillement.

À 15 ans, Amélie participe à la Festo Vierginenco aux Saintes-Maries-de-la-Mer et portera, comme le veut la tradition, le ruban et le costume d’Arlésienne, pour la première fois. Les études se poursuivent, d’abord au lycée Saint-Charles à Saint-Martin-de-Crau, l’Arlésienne est titulaire d’un Bac général ES avec mention ; puis à Nîmes, au centre de formation IFC. Son BTS et Bachelor Immobilier en poche, l’étudiante s’est engagée dans un Master en stratégie d’entreprise.

La fin du règne de l’élégante Camille Hoteman touche à sa fin. Le 26 décembre 2023, Amélie Laugier dépose sa candidature auprès de Festiv’Arles, Maintenance et Traditions, comité des fêtes d’Arles qui célèbre cette année son centenaire. « J’étais déjà stressée en retirant le dossier, bien plus encore lorsque je l’ai déposé, s’amuse la jeune femme. Je voulais que tout soit parfait, j’ai pris le temps de le remplir et vérifié des dizaines de fois que rien ne manquait. » Son dossier était bien conforme, trois autres candidates

ont également été retenues. Une pré-sélection suivie d’épreuves écrites, orales et techniques. « Il sera tenu compte, pour la désignation des lauréates, de leur culture générale, de leurs connaissances en histoire et patrimoine arlésien, en littérature provençale, us et coutumes du Pays d’Arles et de la Provence en général. Elles devront par ailleurs maîtriser l’usage de la langue provençale, afin de savoir l’utiliser dans une conversation courante », indique le site officiel du titre. Les candidates doivent aussi savoir s’habiller et se coiffer seules, et monter en croupe derrière un cavalier.

« C’est une opportunité exceptionnelle de faire partie d’un règne »

« Ça représente beaucoup de travail, que l’on nourrit depuis de nombreuses années, mais les derniers mois ont été très intenses en révision. » Amélie a pu compter sur le soutien d’Amandine Valerian, une des demoiselles d’honneur de Camille Hoteman. Un appel, le fameux appel, et des larmes en réponse, les quatre candidates concourent officiellement pour le titre de la Reine d’Arles. « C’est une opportunité exceptionnelle de faire partie d’un règne, que l’on soit demoiselle d’honneur ou reine. Les nombreuses sorties sont l’occasion de belles rencontres. Dernièrement par exemple, nous avons été conviées à l’inauguration d’une exposition d’un artiste luxembourgeois dans le cadre des Rencontres internationales de la photographie au Jules César (un hôtel de la ville, NDLR), en présence de la Grande-Duchesse Maria Teresa de Luxembourg. »

Née un 7 mai, la jeune femme a reçu le plus beau cadeau d'anniversaire : trois ans de règne en tant que XXVe Reine d’Arles. Son intronisation a eu lieu le 30 juin, lors de la fête du costume. « Face au miroir, quand je me suis vue en costume blanc, privilège de la reine en titre, j’ai vraiment réalisé. » À ses côtés Nina Graillon, Salomé Espelly, Faustine Bret, ses demoiselles d’honneur. Le souvenir de l’annonce des résultats l’émeut encore. S’engage alors une nouvelle vie, un nouveau rôle, celui « d’incarner les traditions », pour les trois années à venir. « J’aimerais que ce soit un règne de partage, avec les demoiselles d’honneur et avec les gens. J’aime et j’ai besoin de ce contact humain, d’échanges, c’est vraiment quelque chose qui me caractérise. » La Reine d’Arles devra jongler entre les multiples rendez-vous - Camille Hoteman en a assuré jusqu’à 300 par an - et ses études, puisque septembre démarrera sa deuxième année de Master. « C’est un autre défi à relever », lâche-t-elle rieuse.

Petite retouche maquillage, les larmes de joie de la nouvelle Reine d'Arles ont laissé leur trace lors de son élection. • © Camille Graizzaro

Le costume d’Arlésienne : les goûts, les couleurs et la personnalité

Amélie Laugier possède une trentaine de costumes. Elle prône la simplicité, « j’aime quand tout est carré dans le costume, j’essaie d’être toujours au plus juste, je fais toujours référence aux photos anciennes. » À chaque Arlésienne sa personnalité, « certaines portent la chapelle - plastron en dentelle en forme de trapèze qui couvre la poitrine, NDLR - plus ouverte, d’autres plus resserrée. Les coiffures ne sont pas les mêmes non plus. » Le temps de préparation d’Amélie Laugier est estimé à deux heures, coiffure comprise. Amélie compte dans sa garde-robe quelques pièces de famille, plus les bijoux de la Reine, autre symbole fort du règne comme le costume blanc.

© Stéphanie Marin

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