Publié il y a 2 jours - Mise à jour le 02.01.2025 - © François Desmeures - 5 min  - vu 573 fois

FAIT DU JOUR Les frères Metge et le Dakar, un rendez-vous amoureux

Adrien et Michaël, unis par le sang et la moto.

- © DR

À 45 et 38 ans, Michael et Adrien Metge reprendront la route de l’Arabie Saoudite, à la fin du mois, pour s’élancer dès le 3 janvier sur les pistes du désert. Anciens motards, désormais, copilotes, ils gardent de l’ambition sur une épreuve qu’ils connaissent particulièrement bien, même si le terrain de jeu a évolué depuis leurs premières participations.  

Malgré leur engagement annuel dans l’épreuve du Dakar, les frères Metge n’ont jamais vu l’Afrique. Leur Dakar à eux est un mélange d’Amérique du Sud et d’Arabie Saoudite. Deux terrains de jeu radicalement différents, mais loin de la capitale du Sénégal qui a donné son nom à l’épreuve. Même si la grande aventure reste l’une des motivations au départ*.

Les deux frères nés à Sauve comptent à eux deux 17 participations au Dakar. • © maxppp

Michael est l’aîné de la fratrie, qui « s’entraînait déjà à la moto, sur la piste de mon père, à l’âge de trois ans ». Celui qui conte cette histoire, qu’il n’a pourtant pas pu voir, c’est Adrien, son cadet. Ce récit fait partie de la légende familiale, qui décolle avec le père, Jean-Yves, qui avait déjà inscrit son nom sur les plaques du Dakar. Elle se poursuit avec la mère, Mireille, qui parvint à terminer deuxième du rallye des des Gazelles, au Maroc. Dans la propriété familiale, route de Villesèque à Sauve, une piste a accueilli un temps des entraînements, avant qu’elle ne soit jugée illégale. C’est bien ce terrain de jeu qui a permis à Michael d’acquérir le niveau pour s’aligner sur la ligne de départ de l’épreuve mythique du rallye-raid.

Comme ici en 2023, Michael Metge sera co-pilote en 2025 tout comme son frère. • © maxppp

À 45 ans, il va connaître son 11e Dakar. « J’en ai fait sept à moto et quatre en voiture », rembobine-t-il. Étonnante évolution, quand on sait la passion de l’homme pour le deux-roues, lui qui fut même pilote officiel Sherco, l'écurie nîmoise. « Mais à un moment, je me suis fait un peu peur en tombant », reconnaît-il. C’était avant un Dakar. Et Michael a troqué le guidon pour le road-book du copilote, après avoir tenté de déplacer ses sponsors de la moto à l’auto. Mais les budgets étaient trop importants pour les finances familiales.

Père de famille

« Quand on commence à penser au risque, ça devient dangereux », poursuit Michael Metge, qui, entretemps, a aussi vu naître des enfants. Ce qui n’est pas, non plus, anodin. Double champion du monde des rallyes WRC, au début des années 2000, le Finlandais Marcus Grönholm en plaisantait d’ailleurs en parlant de la naissance des siens, avouant qu’à chaque enfant, il perdait environ un dixième de seconde au kilomètre en spéciale. Si les écarts entre compétiteurs sont généralement plus importants en rallye-raid, la naissance d’une progéniture influe forcément sur la part de risque à prendre et, donc, sur les performances.

Devenir copilote, quand on a toujours guidé, nécessite évidemment « d’avoir confiance. À chaque fois qu’on change de pilote, il y a un temps d’adaptation. Mais avec certains pilotes, comme Jérôme de Sadeleer, j’ai pris autant de plaisir qu’en tant que pilote », se réjouit Michael. Le duo a fini deuxième de la catégorie SSV**, l’an dernier. Cette année, il montera à bord du véhicule du Saoudien champion du monde SSV, Yasir Seaidan, qui est arrivé troisième de la même catégorie, en 2024, avec un certain Adrien Metge comme copilote, sur une CR7 de Century Racing.

© Instagram

Pour Adrien, le huitième Dakar sera aussi le troisième en tant que copilote. Il a également signé cinq Dakar à moto, dont un à la 11e place et un autre à la 12e, toujours avec Sherco. Et il ne lâche pas le guidon, en courant, sur Yamaha, le championnat de rallye-raid du Brésil, avec d’excellents résultats. « À moto, au Dakar, j’ai vraiment cherché le meilleur résultat possible. En voiture, c’est différent, ça ne dépend pas que de moi. » Et cette année sent la nouveauté : Adrien quitte la catégorie SSV pour « la catégorie reine », celle des « auto ». « Mais le pilote est bon, Marcelo Gastaldi. Il va vite. » Dans l’inconnu, il ne se fixe pas d’objectif. Si ce n’est, peut-être, de finir…

« En Argentine, c’étaient des fous ! »

Pour les deux frères, en Arabie Saoudite, le Dakar reste une aventure, « on part tous les matins à la découverte de nouveaux paysages », s’enthousiasme Michael Metge. Et ce même si le « désert magnifique » peine à compenser « le côté humain » des épreuves courues en Amérique du Sud, notamment sur les pistes qu’emprunte le championnat du monde des rallyes WRC, bondées de passionnés. « On a vu des autoroutes bloquées, tellement il y avait de spectateurs. Ou la foule s’ouvrir devant le passage des voitures », rappelant, au passage, certaines images des fameux Groupe B des années 80. « En Argentine, c’étaient des fous ! », résume Adrien, qui en a gardé des étincelles dans les yeux.

« L’Amérique du Sud m’a plus plu pour la diversité des terrains, poursuit-il. L’Arabie Saoudite, c’est grand, il y a beaucoup de place, mais tout est un peu pareil. Ça reste du désert, du caillou, il n’y a pas vraiment de piste. Parfois, on se perd. On revient. On retrouve. Je pense aussi que l’organisation essaie de plus en plus de compliquer la navigation. » Michael en convient, « l’Amérique du Sud était plus variée. On avait les pistes, vers Cordoba, l’altitude en Bolivie et des déserts différents… » Mais l’Arabie présente, pour les organisateurs, « un terrain de jeu adéquat », avance Michael, qui pense que l’épreuve y est installée pour longtemps.

On est donc, décidément, bien loin du Dakar qui finissait au Sénégal, mais avec les moyens financiers saoudiens qui soutiennent l’organisation. Adrien n’est pas allé jusqu'à Dakar mais « beaucoup au Maroc, à moto, pour des rallyes ou des entraînements. On croise aussi les anciens qui ont fait le Dakar, à l’époque, qui nous expliquent que c’était une aventure. Il faut se souvenir qu’à un moment, il n’y avait pas toute cette technologie : l’organisation ne savait pas où étaient les coureurs. En panne, perdu dans le désert, on devait sérieusement se poser des questions », se marre Adrien. « En tant que compétiteurs, on aime l’aventure et la découverte, tranche Michael. Si jamais le rallye a l’opportunité d’aller ailleurs, c’est toujours bien. » Un discours qui laisse penser que Michael Metge est loin d’avoir dit adieu au Dakar. Adrien, lui, le confirme : il pense refaire l’épreuve, après cette édition 2025. Quel que soit le nouveau territoire qui s’appellerait Dakar.

*Créé en 1979, le rallye-raid a longtemps relié Paris à la capitale sénégalaise Dakar. Il s'est déroulé en Afrique jusqu'en 2008. Cette année-là, quelques jours avant le départ, quatre Français et trois militaires mauritaniens sont assassinés en Mauritanie. La course est annulée. L'année suivante, elle migre en Amérique du Sud en conservant le nom de "Dakar". Elle se déroulera sur ce continent jusqu'en 2020, date à laquelle elle se trouve un autre terrain de jeu : l'Arabie Saoudite.

**Auto, moto, camion... Pilotes et copilotes peuvent concourir dans huit catégories différentes. Les SSV ou "side by side vehicle" sont des véhicules tout-terrain légers à deux places.

© François Desmeures

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