FAIT DU SOIR Violences à l’école primaire de Poulx, les parents disent « Stop ! »
Après une série d’agressions verbales et physiques, des parents d’élèves ont décidé de manifester ce mardi matin devant le groupe scolaire Georges-Brassens. Reçus en fin d’après-midi par un représentant de l’Éducation nationale, les Poulxois ont obtenu la mise en place du programme baptisé « Phare », plan national de prévention du harcèlement à destination des écoles, des collèges et des lycées.
« Mon fils s’est fait tabasser. Il a reçu des crachats, des coups dans les côtes et ils lui ont fait une balayette. Pour nous, c’est une bombe qui explose, on n'en peut plus. Même les mamans, on a la boule au ventre. On ne va attendre la fin de l’année scolaire pour intervenir, c’est maintenant qu'il faut agir ». C’est excédée et émue qu’Alexandra explique de la brutalité dont a été victime son fils, Hugo. Ce dernier, âgé de neuf ans témoigne ce qu’il a vécu : « Il y a beaucoup de violence physique et verbale. Certains ont des maux de tête ou des douleurs au ventre. C’est dur à vivre. Tous les matins je me dis « encore une journée où l’on va se faire frapper et harceler ». Tout le monde en a marre, même les enseignants sont désespérés ».
Nos enfants ont libéré leur parole. Ils sont victimes d’humiliations, de violences et de coups.
Julie, la maman de Léopold (9 ans)
Selon les témoignages recueillis ce mardi matin devant le groupe scolaire Georges-Brassens, la brutalité fait partie du quotidien des écoliers. Trois élèves sont mis en cause, dont une fille et la crainte s’est installée dans les esprits. « Il y a une personne dans la classe qui me frappe tous les jours et j’ai peur d’aller à l’école », explique Léopold. Des propos abondés par Julie, sa maman : « Nos enfants ont libéré leur parole. Ils sont victimes d’humiliations, de violences et de coups. On demande que des choses soient mises en place, pour la sécurité de nos enfants et pour aider l’élève qui est fautif mais qui est probablement aussi en difficulté. Il faut aussi accompagner la maîtresse qui est toute jeune dans cette école ».
J’ai quitté la région parisienne pour ne plus avoir à faire à la violence
Faustine, la maman de Lys, qui est scolarisée à Poulx
Les parents des 25 élèves qui ont manifesté aujourd’hui ont décidé de déscolariser leurs enfants tant que le problème ne sera pas réglé. Et le mal parait profond : « J’ai quitté la région parisienne pour ne plus avoir à faire à la violence. Je suis venue dans ce village tranquille et je ne comprends pas que même ici ces violences soient possibles. Il faut que le directeur prenne ses responsabilités et que ça s’arrête », s’insurge Fautine, dont la fille est scolarisée à Poulx. Ciblé, le directeur de l’école Georges-Brassens a refusé de répondre à nos questions.
Ma fille est très bien élevée. Elle se sent harcelée, rejetée et agressée par les parents.
La maman d'une élève mise en cause.
De son coté la maman d’une enfant mise en cause livre une toute autre version des faits : « C’est n’importe quoi. Je n’ai jamais été convoquée. Je sais que ma fille n’est pas tout le temps sage, mais ce n’est pas quelqu’un qui est capable d’être violente. Ma fille est très bien élevée. Bloquer l’école et vouloir porter plainte contre ma fille, ça va trop loin. C’est honteux. Ma fille se sent harcelée, rejetée et agressée par les parents. C’est inadmissible, on n’est pas des tueurs et on est très bien vus dans le village, je n’ai jamais eu de souci. Il y a toujours eu des enfants qui se chamaillent ».
Il n’en reste pas moins que la mobilisation des parents d’élèves a porté ses fruits. Reçu en fin d’après-midi par un représentant de l’Éducation national, les Poulxois ont obtenu la mise en place de programme « Phare », le plan national de prévention du harcèlement à destination des écoles, des collèges et des lycées. « Tout va être contrôlé d'un point de vue Éducation nationale. Nous aurons un point sur le programme mis en place à la fin du mois », conclut Julie, une des mamans manifestantes.
Qu'est ce que le programme Phare ?
Le programme Phare est un plan de prévention du harcèlement à destination des écoles, des collèges et des lycées fondé autour de cinq piliers :
- Éduquer pour prévenir les phénomènes de harcèlement ;
- Former une communauté protectrice autour des élèves ;
- Intervenir efficacement sur les situations de harcèlement ;
- Associer les parents et les partenaires de l’école au déploiement du programme ;
- Mobiliser les instances de démocratie scolaire (CVC, CVL) et le comité d’éducation à la santé, à la citoyenneté et à l’environnement
La politique de prévention s’est ainsi structurée autour du programme de lutte contre le harcèlement Phare, qui s’appuie aujourd’hui sur un réseau de 150 responsables académiques et départementaux dédiées à 100% au pilotage de la lutte contre le harcèlement. Accompagnés de leur équipe, ils traitent les situations de harcèlement signalées par les chefs d’établissement, via numéro académique et grâce à la plateforme du 3018.
Phare repose sur la mobilisation des équipes éducatives et des élèves, notamment :
- une "équipe ressource" (5 par collège, 5 par circonscription du premier degré) est chargée de mettre en œuvre le protocole de prise en charge des situations de harcèlement dans chaque circonscription du 1er degré et dans chaque établissement du 2d degré, dans toutes les académies. Elle suit à cette fin une formation académique de huit journées sur deux ans, consacrée aux situations de harcèlement et de cyberharcèlement et notamment des faits d’intimidation et à leur prise en charge et au repérage et à la prise en charge
- des élèves ambassadeurs de la lutte contre le harcèlement sont formés dans le 2d degré. Phare prévoit en outre la participation des élèves à trois temps forts de prévention au cours de l’année scolaire et l’organisation d’ateliers de sensibilisation à l’attention des familles.
Au cœur du programme Phare, une plateforme digitale dédiée à la lutte contre le harcèlement regroupe :
- tous les contenus éducatifs destinés à l’ensemble des élèves du CP à la 3e, aux élèves ambassadeurs (uniquement second degré), a et aux adultes (parents, personnels)
- les outils de suivi pour les chefs d'établissement, directeurs d'école, IEN et superviseurs académiques
Le rectorat a fait parvenir à notre rédaction cette réaction : "Une alerte sur de possibles faits de harcèlement a été faite par des parents d'élèves le 8 novembre en fin de journée au directeur de l'école Georges Brassens de Poulx. Le protocole PHARE de prévention et de lutte contre le harcèlement a aussitôt été activé avec, dès ce jour de reprise d'école, la mise en œuvre immédiate de mesures de protection, la prise en charge des élèves supposés victimes et l'échange avec les parents des élèves potentiellement victimes et impliqués, comme c'est systématiquement le cas pour chacun des signalements. La direction des services de l’Éducation nationale du Gard précise que depuis la rentrée scolaire de septembre, aucune alerte relative à de possibles faits de harcèlement au sein de l'école Georges Brassens de Poulx ne lui est parvenue, et rappelle que pour des raisons d'efficacité de prise en charge des situations de harcèlement, il convient saisir la direction de l'école ou de l'établissement le plus en amont possible, soit de contacter le numéro national 3018, soit les services de l’Éducation nationale du Gard à ce.dsden30-harcelement@ac-montpellier.fr ou encore les services du rectorat à : harcelement@ac-montpellier.fr"