FAIT DU JOUR Triade au sommet pour devenir le roi de l’arène
Corrida de Victoriano del Rio pour les Français Sébastien Castella et Juan Leal. Le Péruvien Andrés Roca Rey agrémentera ce cartel de rêve.
La course du jour est rare, très rare. Elle avait du sens, mais elle a pris une tout autre dimension depuis quelques jours, depuis une soirée madrilène qui a bien tourné. Dès l’annonce des cartels, cette corrida signait, pour Nîmes en tout cas, le retour de l’un des toreros les plus appréciés du circuit.
De plus, chose qui n’est pas désagréable, c’est à un Français que l’on doit cette récente plus-value madrilène. Sébastien Castella sera le chef de lidia tant attendu de cette corrida spéciale. Le Biterrois a fait son « vrai » retour sur le sable, officiellement, à Arles lors de la dernière feria de Pâques.
Il y a un peu plus d’un mois, il était opposé à un autre torero que le public aura la chance de voir ce soir, Andrés Roca Rey, un grand parmi les grands. D’ailleurs, il avait éteint les bonnes intentions d’un Castella blessé, mais qui avait tout de même défilé au paseo arlésien.
On pensait alors que le Français resterait sous le radar de nos espérances taurines mais c’était bien mal connaître le maestro artiste. Comme les plus grands, il répond toujours présent sur les moments forts de la saison et un paseo à Madrid en est forcément un.
Mental d’acier et physique d’athlète, Castella réalise une énorme faena qui cloue les gradins sur place et déchaîne les passions. Deux oreilles et une sixième sortie en triomphe du temple de la tauromachie, de quoi marquer, une énième fois, les esprits. De quoi rappeler à ses compañeros de cartel que le « vieux » est encore là. Et bien là !
Sur la planète des toros, les toreros n’ont pas toujours besoin de se rappeler ces basiques. Castella a une tauromachie plus libérée que jamais. Décontracté tout en état en tension perpétuelle, son corps est le reflet de son âme. On sait qu’il peut faire tout et n’importe quoi d’un toro avec lequel il se lie. Castella, c’est la douceur, la classe et le savoir.
Pour ajouter du piment à cette course, le Français Juan Leal sera lui aussi de la partie. Plus ancien en alternative qu’Andrés Roca Rey, l’Arlésien de cœur aura la lourde charge d’animer le duel à distance. Si nous parlons ainsi ce n’est pas pour dénaturer son rôle au cœur de cette corrida, bien au contraire ! Les trois tauromachies qui seront proposées aux tendidos seront complémentaires et Juan Leal a vraiment quelque chose à jouer.
Juan Leal est un héros, rien que ça. Il a traversé le désert mais il est revenu près de l’oasis. À la source de son toreo, ses racines plongent dans le fantastique et ses chimères demeurent tangibles. Juan Leal n’hésite jamais et assume tout. Son concept ? Ne pas tricher, se mettre dans les cornes et pousser son adversaire dans ses ultimes retranchements. Juan Leal est un maestro à voir, un exemple de courage et de passion. Un homme pas comme les autres.
Enfin, il fallait bien un troisième fada pour assurer le spectacle. C’est un autre torero de Nîmes (mais Péruvien) qui prendra le rôle. Andrés Roca Rey, donc, est celui qui remplit les arènes depuis qu’un certain José Tomas s’est raréfié. Les deux premiers ont l’habitude de triompher dans notre amphithéâtre, mais pas lui-même s’il y a pris son doctorat.
Chose étrange quand il torée par chez nous, le Péruvien est souvent timide. Pourtant, c'estun vrai génie ! Vaillant qui plus est. Avec Andrés Roca Rey en piste, l’empresa Simon Casas s’est assuré un cartel phare et un taux de remplissage de haute capacité. Ajouté aux deux autres et vous avez une corrida qui ne pourra que séduire l’aficionado qui veut un retour sur investissement.
Roca Rey c’est le maestro intrépide, élégant, professionnel. Mais c’est aussi et surtout un toreo sensationnel, un talent générationnel comme on en voit peu. Roca Rey allie douceur et pouvoir, savoir et espoir à chacun de ses paseos. Avec lui, en plus des deux autres, les 12 500 spectateurs ne seront, à coup sûr, pas déçus mais il reste une équation à résoudre et là, l’humain n’y sera pour rien. Les toros !
Ceux de Victoriano del Rio sont d’une qualité évidente. Ils triomphent d’une année sur l’autre, ils emballent aussi bien les amateurs de noblesse que ceux qui revendiquent que la bravoure doit prendre le dessus. Ces toros réussissent le pari osé de faire triompher les toreros en vendant chèrement leur cuir.
Le ganadero a envoyé neuf de ses pupilles à Nîmes, mais seules six d’entre elles sortiront. Lesquelles ? Les plus cornues ? Les mieux notées ?
Cette corrida restera dans les mémoires car cela doit être le cas. Avec un cartelazo pareil, les acteurs et les spectateurs de cette corrida seront les pièces maîtresses de ce succès. Mucha suerte a todos !