Publié il y a 5 jours - Mise à jour le 17.02.2025 - Propos recueillis par Abdel Samari - 8 min  - vu 5024 fois

FAIT DU JOUR Yvan Lachaud : « Si je suis de retour aux affaires en 2026... »

Yvan Lachaud presque sur le départ pour les municipales de 2026

- Photo CC/ObjectifGard

« Je ne revendique pas une tête de liste. Mais je crois qu'il faut faire une proposition d'apaisement, de construction, d'hommes et de femmes qui ne vivent pas de la politique, qui sont engagés dans la vie professionnelle nîmoise. Qui sont prêts à donner pour intelligemment construire… »

Après six ans dans l’opposition, l’ex-président de Nîmes métropole n’est pas candidat aux municipales en 2026, mais c’est tout comme. L’envie est là. Et un programme déjà en tête pour l’avenir de Nîmes. Yvan Lachaud l’assure, il n’est pas revanchard suite à sa défaite de 2020. Mais garde l’œil vif et la critique aiguisée sur la majorité municipale et un certain Franck Proust, qui a pris sa place dans le fauteuil de patron de l’agglomération. Interview.

Objectif Gard : Les municipales auront lieu dans un an à Nîmes. Dans quel état d'esprit êtes-vous ?

Yvan Lachaud : Je suis préoccupé par ce qui se passe dans la ville. Responsable départemental du parti Horizons, je travaille pour trouver des solutions afin d’offrir une autre dimension et de meilleures perspectives pour Nîmes. Je suis donc dans un état d'esprit constructif. Vous le savez, je ne vis pas de la politique, cependant, je n'ai pas perdu cette envie de participer à l'amélioration de notre cité, de notre agglomération.

Jean-Paul Fournier, le maire de Nîmes • Photo MaxPPP

Jean-Paul Fournier ne fera pas de cinquième mandat. Depuis son annonce, une guerre à droite s’installe…

Elle est pire que celle que l’on a voulu imposer entre le maire et moi il y a quelques années. C'était déjà très compliqué dans les relations entre l'agglomération et la ville avant 2020. Aujourd’hui, au niveau de la ville, les élus en viennent à se compter. Ce qui veut donc dire que tout est bloqué. Aucune décision ne peut être prise. Prenons la situation des Halles de Nîmes. Vous avez d’un côté, un groupe qui affirme avoir tout fait pour les étaliers. Et les autres qui indiquent le contraire. Ce n'est pas tenable et ce n'est pas digne d'une ville comme la nôtre. Quand je vois cette opposition à l'intérieur de la propre majorité municipale, aujourd'hui, j'ai honte. Et en même temps, cela ne m'étonne pas…

Vous auriez fait différemment pour cette succession ?

Vous le savez, les municipales de 2020 se sont déroulées dans des conditions particulières avec le Covid. L'élection de 2026 sera forcément différente.

"En 2020, au second tour, il y avait à peine 32% de votants"

Pourquoi ?

Je pense que si on regarde l'élection de 2020, au second tour, il y avait à peine 32 % de votants. Dont acte. La démocratie a parlé. Mais je pense qu'aujourd'hui, les choses sont différentes. D'abord, parce que Jean-Paul Fournier va s'arrêter. Et ses équipes sont complètement explosées…

C’est peut-être la chance de la gauche et de Vincent Bouget qui ont travaillé pendant six ans dans l’opposition…

Vincent Bouget, vous m'excuserez, mais je pense qu'il y a d'autres solutions que le Parti communiste à la tête de la ville. Nous l'avons déjà eu et on connaît le résultat. Je respecte Vincent Bouget en tant qu'homme et je respecte les élus communistes en tant qu'hommes ou femmes. Mais je pense qu'il y a d'autres façons de gérer la ville aujourd'hui. 

On entend beaucoup de critiques sur la majorité sortante. Il y a aussi des motifs de satisfaction et des réalisations…

On peut citer deux réalisations, le futur Palais des Congrès et la Halle des sports. Mais je ne vois rien d'autre. Et encore, pour moi, le Palais des Congrès pose un problème de coût. 65 millions d'euros d'investissement, même s'il y a eu des subventions, c’est énorme. Surtout, quand on voit aujourd'hui les modèles économiques des Palais des Congrès en France, qui sont souvent en déficit de fonctionnement, je ne vois pas très bien ce que ça va apporter à la ville… Et je me dis que c’est une faute d’avoir centré tous les financements, ou quasiment tous, sur cette opération-là… En ajoutant l'agglomération dans le bilan de cette majorité, je me dis : quel triste bilan, quand même. Quand je regarde Magna Porta, il y a six ans, et que je la regarde aujourd'hui, rien n'a changé. Même le mas Larrier où l’on m’a reproché l’investissement, il est vide. Comment est-ce possible ? À côté d'une gare TGV, on ne pouvait pas faire du coworking, de la restauration ? C’est inadmissible !

Photo DR Objectif Gard

Nîmes métropole fait savoir que le développement économique a généré plus de 1000 emplois…

Le développement économique de la ville ou de l'agglomération est très insuffisant. Il ne s'est rien passé. Ou alors qu'on me donne des chiffres. On me dit 1000 emplois, je les cherche. Je voudrais savoir. Je ne suis pas là pour critiquer. Je suis là pour faire un bilan de ce qui s'est passé. Ne me dites pas que l’on n'a pas trouvé, sur des milliers de mètres carrés, des dizaines d'hectares autour de la gare, des entreprises pour s'implanter en cinq ans. Pour moi, c'est un échec économique. Quelles sont les entreprises qui sont venues s'installer ? Aucune. À part des entreprises qui ont déménagé…

L’autre sujet qui traversera les municipales l’an prochain, c’est la sécurité. Jean-Paul Fournier a pourtant mis de nombreux moyens en recrutant des policiers municipaux et en développant la vidéosurveillance…

Sur la sécurité, c'est encore un autre débat. Aujourd'hui, il n'y a pas que la ville qui est responsable. Mais, qu'on ne puisse pas appuyer sur des boutons pour que l’ANRU aille beaucoup plus vite, c'est inadmissible. Sur le trafic de drogue, et je travaille avec des mineurs au quotidien, c'est lamentable. Enfin, on nous a dit que pour faire des économies d'énergie, on va éteindre les rues à partir de minuit. Il faut arrêter. L'électricité a baissé depuis. Il faut qu'on rééclaire les rues la nuit. Sur Pissevin, il est vraiment nécessaire de se mobiliser pour le poste de police et d’accélérer pour détruire la galerie Richard Wagner ! Même si des élus se sont mobilisés, il faut imposer à l’État d’aller plus vite ! Ce qui se passe n’est pas acceptable…

Avez-vous envie de vous investir pour l'avenir de Nîmes ?

Je suis très attaché à Nîmes. Contrairement à d'autres, je n'ai pas besoin de ça pour gagner ma vie. Je réfléchis donc. Je réfléchis parce que, dans une ville de plus de 100 000 habitants, même si les décisions appartiennent à Paris, et aux négociations des partis politiques de la famille Ensemble.  Avec mon parti Horizons, nous regardons la meilleure stratégie pour la ville de Nîmes.

"Il n'y aura pas d'accord possible avec M. Proust"

L’accumulation des listes de la droite et du centre fera forcément le jeu de l’extrême-droite, non ?

Face aux risques de l'extrême-droite, comme de la gauche communiste, pareil. Bien sûr, je ne pourrais pas comprendre que la ville de Nîmes tombe dans les mains du RN. Pour moi, ce ne serait pas pensable. Mais dans une élection, tous les risques sont possibles. Surtout avec l'éclatement aujourd'hui du parti Les Républicains. 

Est-ce qu’un accord national est possible entre les LR et Ensemble dont vous faites partie ?

Pour moi, non, puisqu'en fait, vous savez pertinemment ce que j'ai vécu. Les attaques que j'ai subies de la part de Franck Proust, encore récemment. Donc, pour moi, humainement parlant, ce n'est pas possible. C'est une frontière que je ne franchirai pas. Ainsi, il n'y aura pas d'accord possible avec M. Proust.

Valérie Rouverand sur notre plateau TV du Club Objectif Gard. • Photo : Noémie Meger

Est-ce qu'il pourrait y avoir un accord possible avec Valérie Rouverand ?

Moi, j'essaie de trouver une solution de rassemblement d'hommes et de femmes intelligents, de centre-gauche et de centre-droite. J'ai toujours appartenu à cette famille centriste, et je pense qu'on peut trouver aujourd'hui une solution de rassemblement. Donc, je n'ai aucun problème là-dessus. Je ne revendique pas une tête de liste. Mais je crois qu'il faut faire une proposition d'apaisement, de construction, d'hommes et de femmes qui ne vivent pas de ça, qui sont engagés dans la vie professionnelle nîmoise, qui sont prêts à donner pour intelligemment construire… Je suis prêt en tout cas à travailler, à œuvrer dans ce sens-là, en respectant les hommes et les femmes qui veulent s'engager librement, mais pas à n'importe quel prix.

En cas de victoire avec Valérie Rouverand, vous pourriez revenir à la tête de Nîmes Métropole ?

Sans problème, c'est un sujet que je connais bien. Ce qui me fait plaisir, c'est de parler à nouveau de communauté urbaine. C’est drôle. Il y a déjà 6-7 ans, j'en avais parlé en disant qu'il faut que la communauté d'agglomération passe à la communauté urbaine. Et 6-7 ans après, on se rend compte que peut-être, je n’avais pas tort… Avec des subventions de l'État autrement importantes, avec des compétences autrement importantes, tout en respectant toutes les communes, on donnerait au territoire nîmois une nouvelle dimension…

L'élection est dans un an, quelle est votre vision de Nîmes ?

La priorité, je crois, pour tout le monde, c'est le problème de l'insécurité. Il faut être actif pour régler le trafic de drogue. Il faut taper sur la table au niveau national, je crois avoir les réseaux pour cela. Il faut travailler sur l'éclairage public, sur une présence de la police municipale différente. Et si je suis de retour aux affaires, il y aura un nouveau centre éducatif fermé à Nîmes. Le jeune délinquant doit être remis sur le droit chemin. Ce que l'école essaie de faire au quotidien, mais elle n'y arrive pas, faute de moyens.

"La majorité municipale actuelle a préféré vendre les terrains à des investisseurs…"

Comment analysez-vous la situation des Halles de Nîmes ?

D’abord, je pense que l’arrivée des Galeries Lafayette est une bonne chose. Mais n'oublions pas que le centre-ville de Nîmes vit parce qu'il y a aussi des halles. Donc aujourd'hui, on ne peut pas leur dire : pendant un an, vous allez débarquer de là et on va vous mettre ailleurs. Cela n’a pas de sens. Il faut trouver des solutions. Peut-être qu’il est possible de rénover en site ouvert. Et rassurer les étaliers qui travaillent là depuis plusieurs générations et méritent d’être mieux considérés.

En 2020, vous aviez appuyé votre programme sur le volet éducatif et universitaire…

Il y avait trois grands domaines à développer. L’éducation, en effet. Dès que M. Proust est arrivé à l'agglomération, il a fermé l’EERIE. Curieux, parce qu'il y avait quand même des écoles et d'autres voulaient s'y implanter. Aujourd'hui, qu'a-t-on fait de l’EERIE ? Rien. Je pense que sur un territoire comme Nîmes, il est fondamental de développer l’université et l’enseignement supérieur. Aujourd'hui, il y a vraiment un besoin entre l'emploi et la formation. On manque de jeunes pour un certain nombre de métiers… Pour cela, il faut donner de la place à l’université de Nîmes. Moi, je peux vous assurer que si demain, je suis de retour aux responsabilités, on réservera en face, sur les terrains de l'armée, un espace très important, parce qu'il nous faut, en urgence, un vrai campus avec des équipements sportifs, du logement, etc. La majorité municipale actuelle a préféré vendre les terrains à des investisseurs…

Yvan Lachaud presque sur le départ pour les municipales de 2026 • Photo CC/ObjectifGard

L’autre grand manque à Nîmes, selon vous, c’est une piscine publique…

Il y a un grand manque de piscines et il est temps d’en construire. 

Comment imaginer que vous ne serez pas candidat après cet entretien…

Je vous ai présenté les idées qui sont les miennes et qui ont toujours été les miennes et que je n'ai jamais abandonnées. Après, le reste, je vous redis que moi, si je peux apporter ma pierre à l’édifice, je le ferai parce que ce qui se passe aujourd'hui n'est pas supportable. 

Vous prendrez toute votre part à cette campagne…

Je suis très attaché à l'avenir de ma ville et pour moi, dans ma tête, je ne peux pas faire autrement. Quand je me déplace dans la ville, très souvent, on me dit : « M. Lachaud il faut y aller ». Donc, je pense qu'il y a une réelle attente et j’y réfléchis. 

Parce que 2020 garde un goût d'inachevé après votre défaite…

C'est la vie, mais je ne suis pas dans la revanche. Car c'est une question qui peut se poser, naturellement, de se dire qu'il y a une forme de revanche puisqu'en 2020, avec la COVID, peu de gens se sont déplacés et que la campagne a été finalement altérée. Vous me sentez malheureux au quotidien ? Non. Donc, vous savez, j'ai des tas de projets, j'en développe et je pense que ma vie est faite de ça, c'est-à-dire d'être ouvert aux autres.

Propos recueillis par Abdel Samari

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