FAIT DU SOIR Avec la réouverture de la boutique solidaire, des projets plein les rayons
Trois mois après sa fermeture pour cause de déménagement, la boutique solidaire du Secours Catholique a rouvert ses portes au numéro 22 de la rue Briçonnet à Nîmes.
Autrefois installée sur le boulevard Natoire, la boutique solidaire du Secours Catholique a déménagé dans le courant de l'été au numéro 22 de la rue Briçonnet, toujours dans le centre-ville de Nîmes. "Un déménagement réalisé en grande partie par les bénévoles", précise Martine Bastide, responsable de la vie des équipes. À Nîmes, l'association en compte 150, répartis sur divers pôles d'activités.
La boutique est l'un de ces pôles, lequel à la façon d'un jeu de Tetris a rejoint les locaux de la rue Briçonnet après le départ de la délégation du Gard devenue propriétaire d'un nouveau bâtiment nîmois. "Il y avait déjà le tri ici. Tous les quinze jours, une fourgonnette devait faire au moins trois voyages pour approvisionner la boutique du boulevard Natoire. Alors maintenant que la boutique nous a rejoints, c'est plus facile", explique Baya, bénévole.
Ce sont environ trois tonnes de vêtements qui sont traités chaque année. "Nous avons de tout, des grandes marques aussi, pour femmes, hommes et enfants. Ce ne sont que des articles en très bon état. Dès qu'il manque un bouton ou autre, nous redirigeons les articles vers la ressourcerie, ce qui représente environ une tonne", souligne Martine Bastide. Mais cela devrait prochainement évoluer, puisque la responsable de la vie des équipes travaille sur le développement d'un pôle textile comprenant la boutique, le tri et la couture. Une retoucheuse vient tout juste d'être recrutée pour assurer le petit rafistolage mais pas que...
Opération exceptionnelle à 1 €
L'équipe nîmoise du Secours Catholique souhaiterait se lancer dans l'Upside cleaning, concept qui consiste à donner une seconde vie aux objets, vêtements etc. "Nous recevons parfois des choses surprenantes, des cravates Lacroix en soie par exemple, qui trouvent difficilement preneurs, mais qui pourraient être réutilisées dans des créations", insiste Martine. Ces créations seraient vendues à la boutique solidaire à prix cassés, très cassés au même titre que les autres articles présentés sur cintres, allant de 0,50 € à 8 €. Ce mardi 19 septembre, jour d'inauguration, le tarif affiché - et maintenu jusqu'à ce vendredi 22 septembre - défiait toute concurrence : 1 €.
"Qu'est-ce qu'on a aujourd'hui pour 1 € ? Un pain... et même pas, en fait", lance une habituée de la boutique. Fatima aussi fréquente régulièrement ces rayons. "Aujourd'hui on n'a plus assez d'argent, tout est cher. Même manger revient trop cher." Sur un an, selon l'étude réalisée par l'Insee, les prix à la consommation ont augmenté de 4,9% en août, après + 4,3% au mois de juillet. Rappelons également que le taux de pauvreté en France s'établit à près de 15%, toujours selon l'Insee.
Fatima, un budget de 50 € maximum en poche, remplit à vive allure son panier de vêtements destinés à toute sa famille. D'autres sont plus raisonnables. "On peut essayer ?", demande une dame à Baya. "Ce n'est pas parce que ça coûte 1 €, qu'il faut acheter n'importe quoi", embraye-t-elle.
Un projet d'épicerie solidaire
Ouverte à toutes et à tous, cette boutique dont les stocks proviennent de dons, est un véritable lieu de vie, de convivialité et de mixité, mais aussi un des leviers financiers permettant à l'association de mener ses actions d'aide et d'accompagnement aux personnes en difficulté, "touchées par une grande précarité". "90% des personnes que nous recevons sont sans papiers, parmi lesquels même des bénévoles", indique Martine. Juste avant notre entretien, elle s'affairait à passer des coups de fil, à faire marcher son réseau, pour tenter de trouver une solution d'hébergement pour une famille d'origine algérienne. "Les parents et leurs trois enfants âgés de moins de dix ans dorment dans des parcs la nuit. Peut-on imaginer une chose pareille", se désole-t-elle.
La lutte contre les inégalités et l'amélioration de l'accès aux droits de tous sont au coeur du projet global engagé depuis de nombreuses années par le Secours Catholique. Cela comprend l'apprentissage de la langue française, l'accès aux soins, à l'alimentation. Ce dernier volet jusque-là principalement ouvert sur des ateliers de cuisine, s'oriente vers la création d'une épicerie solidaire, mais aussi celle d'un jardin partagé. Des projets en cours de réflexion. L'antenne nîmoise du Secours Catholique a d'ailleurs été sollicitée par le bailleur social Un Toit pour Tous pour animer un jardin partagé dans une de ses résidences en collaboration avec ses habitants. La convention se trouve sur le bureau de Martine, ne reste plus qu'à la signer...
La boutique solidaire est ouverte au 22 rue Briçonnet à Nîmes les mardis et jeudis de 9h à 12h30 et les mercredis et vendredis de 14h à 17h.