FAIT DU SOIR Des émotions en yoyo pendant la finale de la Coupe du monde
À Nîmes, la Maison carrée prise d'assaut
Abattement, espoir et désillusion. Voilà comment résumer cette finale perdue. Dans la capitale gardoise, tous les bars ont fait le plein. Dès 15 heures, il régnait une ambiance de feria avec le boulevard Victor-Hugo fermé et beaucoup de supporters réunis devant le bar du même nom. Mais l'essentiel de la foule était rassemblée sur la place de la Maison carrée avec près d'un millier de fans réunis. Du balcon situé au-dessus du café Latin, deux enfants donnent le "la" mégaphone à la bouche et le public reprend en chœur le chant des supporters, "Aux armes".
Drapeaux, maquillages, perruques, fumigènes... tout l'attirail était sorti et les cordes vocales ont tremblé au moment de la Marseillaise. De rigueur en début de rencontre, l'optimisme est vite retombé après les deux buts argentins en moins de 30 minutes. Vers 17 heures, la défaite semble se profiler alors que la nuit tombe et que le froid se fait sentir. Mais les plus vaillants luttent et l'espoir renaît avant la sentence finale. En quelques minutes, la place s'est vidée, ne laissant que quelques visages en pleurs.
À Alès, la liesse avant le silence de cathédrale
Le yoyo pour la fête à Léo. Pour ce qui est sans doute la dernière du génie Messi en équipe d'Argentine, les supporters français sont venus en nombre devant les écrans des bars de la ville. Sans surprise, c'est le Cristal qui a concentré le plus grand nombre de personnes - 300 à la louche - quand le bar de la Couronne, celui de l'Ambiance, ou encore le Louis-Blanc affichaient aussi complet. Des supporters qui n'ont d'ailleurs pas été tendres avec le génie argentin, sifflé dès son entrée en jeu, quand chaque prise de balle de Mbappé déclenchait des frissons.
Si les retours au score des joueurs français paraissaient improbables, doudounes et bonnets de sortie tenaient presque de l'incongru pour une finale de Coupe du monde. Si la température n'a pas refroidi les gens présents, les Argentins s'en sont chargés, certains choisissant - bien mal leur en a pris - de quitter le match dès le 2e but argentin. Un but qui énerve certains spectateurs, qui assistent au jeu indigent d'une équipe de France en mal d'inspiration, Kylian Mbappé récoltant même des : "Et lui là, à 100 millions par an !"
Quand la France est au fond du trou, le public massé dans la brasserie l'Ambiance en est réduit à applaudir un crochet de Varane au milieu du terrain. Puis, l'espoir renaît, au point que l'arrêt de Lloris sur une frappe de Messi, dans les arrêts de jeu, est fêté à la hauteur d'un but. Mais le dernier penalty argentin vient valider ce que tout amateur de foot a pu craindre pendant le match : la défaite française. La fameuse "chatte à Dédé" a montré ses limites. Et le DJ du Cristal a beau exhorter le public à rester faire la fête, celle-ci est gâchée et finie...
Le feu au Chalet à Beaucaire avant la douche froide
À Beaucaire, les supporters des Bleus se sont tassés à l'intérieur du Chalet des sports. Les murs comme le comptoir du bar ont vibré aux réactions du public, frappant du poing avec rage, quand l'équipe de France ne parvenait pas à dompter les Argentins. Les mains cachaient les visages, et à 2-0, même s'il restait encore de l'espoir, les supporters s'agaçaient de voir Griezmann et ses coéquipiers incapables de réagir.
La tension est montée encore d'un cran quand la connexion wifi a lâché. Plus de son, plus d'image. Un incident réparé après quelques longues minutes. Et puis, il y a eu ces deux buts inscrits coup sur coup par Kylian Mbappé, le Chalet s'est alors enflammé, des fumigènes ont été craqués et la Marseillaise a été entonnée.
3-2 pour l'Argentine, des noms d'oiseaux volaient dans les airs, 3-3, de nouveau la joie. "On y croit, dans quelques minutes, nous serons champions du monde." Pas cette fois-ci, le DJ est allé plus vite que la musique !
Malgré tout, les supporters ont célébré le beau parcours de l'équipe de France lors de cette Coupe du monde 2022 au Qatar, d'abord sur le parking des arènes de Beaucaire, puis comme le veut la tradition, sur le boulevard Maréchal-Foch, où une quarantaine de policiers nationaux étaient postés.
À Bagnols-sur-Cèze, "on se reverra dans quatre ans"
À Bagnols-sur-Cèze, les supporters ressortent hagards du bar des sports. D'autres restent encore quelques instants à l'intérieur sans y croire vraiment. C'est le cas de Christèle et sa nièce, Tressy, toutes deux passionnées de ballon rond. "Dès le départ, on savait que c'était pour Messi. Il fallait qu'il gagne puisque c'était sa dernière Coupe du monde. Ça s'est vu dans l'arbitrage, le premier penalty était donné", réagit Christèle, amère. Tressy, elle, n'a pas de mots.
Même si toutes deux se doutaient que la France avait peu de chances de s'illustrer aux tirs au but, elles y ont cru jusqu'au bout. "On n'était pas dans le match au début. Les Bleus nous ont fait vibrer en deuxième mi-temps... Il fallait mettre le 3e avant. On se reverra dans quatre ans", lance la tante. À chaque victoire, sa nièce et elle venaient faire la fête à Bourg-Neuf. Ce soir, il n'en sera rien. Les fusées qu'elles avaient achetées ne seront pas déballées.
Quelques pétards ont tout de même retenti dans la ville. Juste avant les prolongations, un supporter a lancé : "En faisant son triplé en finale de Coupe du monde, Kylian Mbappé peut être sûr qu'il sera Ballon d'or. Que l'on gagne ou que l'on perde." On le découvrira l'année prochaine. En tout cas, le match a tenu en haleine tous les Bagnolais venus supporter les Bleus. L'ambiance a oscillé entre résignation, espoir, joie puis tristesse.