FAIT DU SOIR Loi immigration : les opposants de tous horizons maintiennent le cap
Parmi la centaine de manifestations organisées ce dimanche un peu partout dans le pays, trois ont eu lieu en terres gardoises à Nîmes, Alès et Bagnols-sur-Cèze. Rappelons que le Conseil constitutionnel devra rendre sa décision sur le texte adopté par l'Assemblée nationale, le jeudi 25 janvier 2024.
À Nîmes, ce dimanche matin, ils étaient entre 700 et 800 manifestants à s'être réunis devant la Maison carrée pour réclamer le retrait de la loi Asile immigration. Une loi qui "ne répond pas aux causes de l'exil forcé d'hommes, de femmes, d'enfants fuyant les guerres ou le réchauffement climatique, ni aux défis de l'accueil dans la dignité, ni au défi de la définition de la politique digne et humaine d'intégration".
Une loi est-il encore écrit dans l'appel à manifester, "rédigée sous la dictée des marchands de haine qui rêvent d'imposer à la France leur projet de "préférence nationale". Elle torpille les piliers porteurs de notre pacte républicain, hérité du Conseil national de la Résistance. Elle s'attaque ainsi au droit du sol autant qu'aux droits fondamentaux proclamés par la Constitution".
Alors, tandis que le Conseil constitutionnel étudie ce texte adopté le mois dernier par l'Assemblée nationale, le résultat d'un compromis entre la majorité et la Droite, ceux qui s'y opposent tentent un nouveau coup de pression, avant l'annonce de sa décision jeudi prochain.
Est-ce le contexte d'urgence ou l'appel à manifester lancé par une centaine de personnalités gardoises (les deux peut-être !) qui a su remobiliser les troupes ? Toujours est-il qu'ils étaient deux fois plus nombreux à fouler le pavé nîmois par rapport à dimanche dernier. Et tous d'horizons différents, syndicalistes (CGT, SNES-FSU, Solidaires, CNT, etc.), représentants d'associations, responsables politiques (PCF, LFI, Parti de Gauche, Parti socialiste, Génération écologie) et de nombreux anonymes.
Tous les participants étaient réunis sous un seul et même slogan : "Solidarité avec les sans-papiers, avec les immigrés... Retrait de la loi Darmanin-Le Pen." Après un tour de ville jusqu'à la préfecture du Gard, le cortège s'est dispersé un peu après 12h30. Caramo, Guinéen âgé de 16 ans, arrivé à Nîmes il y a quatre mois s'est dit très touché de cet élan de solidarité dont il a été témoin ce dimanche.
"On remercie ces gens, notre vie n'est pas facile, au squat c'est très difficile." Caramo fait partie de la centaine de migrants qui a trouvé refuge dans un hammam désaffecté du quartier de Valdegour. "J'ai quitté mon pays après avoir perdu mes parents, c'est grâce à mon oncle que je suis arrivé en France. J'ai fait cinq ans d'études de français. Je voudrais pouvoir étudier ici et travailler. J'aimerais être électricien dans le bâtiment", explique-t-il.
À Alès
« Première, deuxième, troisième génération, nous sommes tous des immigrés ! » Ce chant, qui avait été entendu une semaine plus tôt à Nîmes, a été repris par les opposants à la loi Asile immigration qui s’étaient donné rendez-vous devant la sous-préfecture du Gard. Ils étaient environ 500 à battre le pavé dans les rues alésiennes. Parmi eux se trouvait Danielle, avec une pancarte sur laquelle était écrit « Il n’y a pas d’étranger sur cette Terre… ».
L’Alésienne complétait la phrase avec « Il n’y a que des gens qui ne se sont pas encore rencontrés ». Au-delà de la belle formule, Danielle estimait essentiel d’être présente dans le cortège : « Je ne pouvais que venir à cette manifestation, parce que je suis originaire du Liban, et je suis restée en France après mes études. Je me suis occupée des migrants et suis très impliquée. » La retraitée nourrissait quand même un regret : « Ça manque un peu de jeunes et c’est triste. »
Les manifestants ont traversé la ville, pour terminer au bord du Gardon. Là, avaient lieu les prises de paroles des représentants des organisations appelant à la manifestation. « Cette loi est dictée par les marchands de haine. Elle s’attaque au droit du sol. Nous sommes invincibles car nous sommes unis. Nous demandons au président de la République de ne pas promulguer cette loi. Débarrassons notre terre de la peste brune et du capitalisme ! », a exprimé Martine Sagit, secrétaire générale de la CGT à Alès.
À la fin de la manifestation, La Marseillaise et L’Internationale ont été chantées par une partie des opposants à la loi Asile immigration.
À Bagnols-sur-Cèze
À Bagnols-sur-Cèze, une centaine de personnes s'est rassemblée devant le monument aux morts, ce dimanche matin. Il n'y a eu qu'une seule prise de parole pour marquer l'unisson des personnes présentes. L'appel des 201 personnalités appelant à manifester contre la loi Immigration a été lu au micro. Dans la foule, il y avait des citoyens, des associations engagées, les syndicats et les partis de Gauche, tous sur la même longueur d'ondes. "Il est important d'être ensemble au moment où la société se fracture, où il est plus difficile de réunir les luttes et la colère", souligne Geneviève Sabathé, militante de Bagnols insoumise.
Vincent Poutier, secrétaire de la section du Parti socialiste de Bagnols-sur-Cèze, estime que "Ies valeurs d'humanisme sont bafouées. C'est une loi tellement inique où on voit les agrégations du macronisme avec le Rassemblement national". Quant à Elian Cellier, secrétaire du Parti communiste Gard rhodanien, il déplore que cette loi "stigmatise un peu plus des populations fragilisées et fait un marche-pied au RN. Les mesures liées à la santé sont aberrantes et en plus improductives. Pareil pour la limitation des étudiants étrangers, les profs de fac et les directeurs d'universités sont montés au créneau".
David Crunelle du syndicat FSU pointe également : "Conditionner les prestations sociales sur la durée fait que les enfants vont se trouver dans une situation de pauvreté qui va empirer." La crainte que la précarité s'accentue, Patrick Lescure la redoute lui aussi. Le secrétaire général de l'Union locale CGT Gard rhodanien exprime son opposition : "En aucun cas, cela règle les problèmes de l'immigration que sont la guerre, la faim, le dérèglement climatique. Des femmes, des hommes, des enfants sont prêts à mourir en mer pour essayer de vivre mieux. Cette loi va les rendre plus clandestins, plus précaires, plus chairs à canon pour les patrons." Il est outré par la division que génère la loi : "Ceux dont le métier nous intéresse, on les garde. Puis il y a les autres. C'est d'un cynisme total."
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