Jouer en bas de chez soi a toujours fait partie des moments d’apprentissage essentiels pour développer des rapports sociaux, se lier avec les autres, stimuler sa créativité et apprendre l’autonomie. Ces dernières années, un constat important a été fait. Les enfants passent de moins en moins de temps dehors, sont moins tolérés sur l’espace public et pour des enjeux de sécurité, les parents ne les laissent plus jouer librement en bas de chez eux.

Depuis 2021, les Centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active (Ceméa) Occitanie ont mis en place le projet Terrain d’Aventures dans l’Hérault. “Notre objectif est de permettre aux jeunes de revenir jouer en bas de chez eux librement et qu’ils se réapproprient l'espace public. Nous travaillons essentiellement dans les quartiers prioritaires”, indique Anne-Dominique Israël, directrice adjointe jeunesse éducation culture citoyenneté aux Ceméa Occitanie. En France, une soixantaine de Terrain d’Aventures ont été mis en place.

Le premier Terrain d’aventures dans le Gard

Les Ceméa Occitanie et six partenaires ont choisi d’expérimenter un Terrain d’Aventures sur le quartier de Pissevin. Le centre social Simone-Veil de Valdegour, l’espace Léon-Vergnole de Pissevin, l’école des Parents et des Éducateurs du Gard (EPE 30) et les associations Paséo, les Mille Couleurs et Baba Livre sont en collaboration. “Nous avons appris à tous se connaître et nous avons réellement travaillé ensemble. Pour ce projet, nous avons mis en place une organisation sans faille”, révèle Marion Laibe, la directrice de l’association Paseo.

La première expérimentation gardoise de Terrain d’Aventures est organisée du 22 au 31 juillet à Pissevin. 1 600 m² sont dédiés aux jeunes de 0 à 17 ans dans le jardin Lulli. Des animateurs de toutes les organisations partenaires ont été spécialement formés pour ce projet. Chaque jour, au moins quatre animateurs sont sur place pour garantir la sécurité des enfants. Une balançoire, une tyrolienne et deux conteneurs contenant du matériel de récupération sont à disposition, les enfants peuvent s’en servir pour jouer.

Cet espace de liberté leur est réservé pour imaginer, créer, expérimenter et s'amuser. “Ils peuvent grimper aux arbres s’ils le veulent et nous fournissons du matériel pour construire des cabanes”, explique une animatrice. Marteaux, scies et clous sont à disposition. En amont, ils doivent passer un permis qui leur permettra d’utiliser les outils. Les animateurs leur apprennent notamment à utiliser la scie et le pied de biche. Un espace est dédié aux parents. Cette initiative crée aussi des liens entre les accompagnateurs.

Premier bilan plus que positif

“Nous avons démarré sur les chapeaux de roues avec une équipe motivée et des enfants enchantés”, se réjouit Marion Laibe. Un bilan a été effectué sur les trois premiers jours d’ouverture. Au total, 135 enfants ont découvert le terrain d’aventure, en moyenne 70 jeunes sont venus jouer quotidiennement. 50% ont entre 6 et 10 ans et 25% ont entre 11 et 14 ans. En moyenne, 45% de filles étaient présentes. Les enfants venaient majoritairement du quartier de Pissevin (80%), mais certains étaient originaires de Valdegour, Ville active et du Mas de Mingue.

Chaque jour, une vingtaine de parents venaient accompagner leurs enfants. “Les retours des familles sont très positifs. J’ai pu avoir des échanges très intéressants avec les parents. Cet accueil m’a touché”, raconte Anne-Dominique Israël. Chaque soir, après 20h, l’équipe éducative fait un bilan de la journée. Elle fait des analyses pratiques par écrit.

Les financeurs publics séduits par le projet

Le Terrain d’Aventures a reçu le soutien du département du Gard. “Quand vous m’avez annoncé le projet, vous m’avez ému. Aujourd'hui, vous indiquez que c’est déjà une réussite, c’est super pour nos enfants nîmois. Vous portez de l'espérance et c’est pour ça qu’on vous a suivi”, affirme Amal Couvreur, vice-présidente au Conseil départemental du Gard en charge de la politique de la Ville et conseillère régionale de la région Occitanie.

La ville de Nîmes a aussi financé ce projet. “Pour être honnête, quand on m’a fait part du projet, j'étais dubitatif. Laisser des jeunes libres en plein cœur de Pissevin avec des marteaux et des scies, j’étais un peu réticent. Finalement, au vu du bilan effectué, nous pouvons dire que c'est une réussite. Et je suis très heureux de savoir que des filles participent à ce dispositif”, se réjouit François Courdil, adjoint au maire.

La Caf du Gard et l'État ont aussi subventionné ce nouveau dispositif. “Ce projet permet de mettre une réelle dynamique dans le quartier pour les jeunes. Pour rappel, 48% des habitants de Pissevin ont moins de 30 ans et c’est essentiel pour ses habitants de créer du lien, ensemble. Depuis les fusillades, l’espace public est devenu un espace adverse. Ça doit changer. Ils doivent se sentir en sécurité dans leur quartier”, conclut Mathias Nieps, sous-préfet.