À l'âge de 20 ans, alors qu'elle fréquente les cabarets parisiens, Marie Fortuit découvre les chansons d'Anne Sylvestre reprises par d'autres artistes. "Les gens qui doutent", "Douce maison", cite-t-elle en exemple, se remomérant ses gens qui les chantaient à tue-tête. Très populaire dans les années 60 et 70, Anne Sylvestre souvent comparée à Georges Brassens, est considérée comme une artiste féministe, engagée même si elle détestait ce dernier qualificatif. "Au moment de sa disparition (le 30 novembre 2020, NDLR), j'ai ressenti la nécessité de me replonger dans son oeuvre, de continuer à faire vivre ses chansons." 

Marie Fortuit a construit son spectacle "avec les chansons d'Anne Sylvestre comme phare, comme guide, mais aussi en entremêlant des textes que j'ai écrit et un autre d'Isabelle Sorente, Le complexe de la sorcière, accompagnée de Lucie Sansen, cela pour mettre en lumière une constellation de femmes artistes." Un spectacle que la comédienne, autrice et metteuse en scène, a voulu "inscrit dans les préoccupations qui sont les nôtres aujourd'hui", focalisé sur la vie en vrai "loin des écrans entre autres stimulations permanentes et de partager un moment, comme dans une bulle, pendant 1h15." Si le féminisme est le fil dramaturgique dans l'écriture, c'est la société à notre époque qui se raconte "avec malice, insolence et humour", comme savait si bien le faire Anne Sylvestre d'ailleurs. 

Un ton nécessaire, bien qu'on aurait volontiers envie de le durcir pour éteindre par exemple les voix des masculinistes américains, une meute hurlante et décomplexée depuis l'élection de Trump. "Ce qu'on a cru avoir acquis est finalement remis en question. Plus que jamais, il faut être radical et résistant pour contrer toutes formes de bêtises, de barbaries..., réagit Marie Fortuit. Pour ma part, c'est par le biais de l'art que j'essaie de me positionner et ainsi de marcher main dans la main avec les militantes. Ça donne encore plus de sens de jouer ce spectacle. Il y a un engagement dans les chansons, c'est par la poésie que nous essayons de faire bouger les choses, par le coeur à coeur et pas par un discours."

"La vie en vrai" de et avec Marie Fortuit accompagnée au piano par Lucie Sansen. Un spectacle proposé par le Théâtre de Nîmes hors les murs : le mercredi 20 novembre à 20h au foyer communal de Clarensac, le jeudi 21 novembre à 20h à la salle des fêtes Numa-Gleizes à Redessan et le vendredi 22 novembre à 20h30 au pavillon de la culture et du patrimoine à Saint-Gilles.