Publié il y a 10 mois - Mise à jour le 21.01.2024 - Propos recueillis par Anthony Maurin - 3 min  - vu 574 fois

L’INTERVIEW Bernard Raynaud (Écrans britanniques) : « Il n’y aura ni pop-corn, ni streaming avec nous ! »

Bernard Raynaud de l'association des Écrans britanniques à Nîmes (Photo Anthony Maurin).

Bernard Raynaud de l'association des Écrans britanniques à Nîmes (Photo Anthony Maurin).

Le festival des Écrans britanniques aura lieu à Nîmes du 8 au 17 mars. Interview du président de l'association, Bernard Raynaud. 

Bernard Raynaud de l'association des Écrans britanniques à Nîmes (Photo Anthony Maurin).
Bernard Raynaud de l'association des Écrans britanniques à Nîmes (Photo Anthony Maurin).

Objectif Gard : Le festival n’est pas jeune, arrivez-vous à renouveler l’offre ?

Bernard Raynaud : Oui bien sûr et même si nous en sommes à la 27e édition du festival ! Par exemple, nous parlons de plus en plus du cinéma irlandais, qui est britannique mais qui vient en ajout car l’Irlande marque de plus en plus sa différence culturelle. L’effet brexit je pense… L’Eire s’émancipe et le cinéma irlandais est extrêmement vibrant, il y a beaucoup de créateurs et ça foisonne de productions. Mais nous avons toujours du cinéma de patrimoine, des hommages que nous rendons aux grands réalisateurs ou acteurs en gardant toujours un œil sur l’actualité pour essayer de découvrir les Ken Loach ou John Boorman de demain.

Quelles seront les nouveautés 2024 ?

Cette année, il y aura des premiers films anglais mais aussi irlandais. L’un des invités principaux sera l’écrivain Ian McEwan. Nous continuons le thème de l’an dernier, de « l’écrit à l’écran » et Mc Ewan viendra au double titre de romancier adapté et de scénariste. Une réalisatrice britannique que nous allons faire découvrir au public car son œuvre n’a jamais été diffusée en France, Carol Morley, devrait venir aussi. J’attends l’opinion du public car nous sommes en plein dans notre rôle, nous faisons découvrir des choses que le public ne verra pas ailleurs. L’année dernière, on a sous-titré six films, c’est énorme !

Des hommages sont prévus ? Et quoi d’autre ?

Un grand nombre de réalisateurs ou d’acteurs nous ont quittés comme Terence Davies qui était venu à Nîmes. Également un acteur qu’on aimait beaucoup, Tom Wilkinson, qui avait notamment tourné dans The full Monty et dont on a souvent programmé les films dont le dernier que j’avais adoré. Il y aura deux très grands films irlandais : l’adaptation d’un roman célèbre et un polar qui bouscule les codes. C’est le premier film d’un documentariste qui s’est fait couler le jour où il a sorti un documentaire sur l’avortement en Irlande… D’un mal est venu un bien, il s’est reconverti en réalisateur de film de fiction, ce coup d’essai est un coup de maître.

Comment peut-on adhérer à l’association ?

Chaque année on part pour un marathon alors qu’on veut limiter les films… Mais on a eu du sang nouveau dans l’association suite à l’appel que nous avions lancé pour trouver des adhérents et des bénévoles. Les adhérents, c’est la première force d’un festival, surtout quand les budgets ne sont pas extensibles et se serrent de plus en plus, même si la ville de Nîmes nous aide. Adhérer, c’est aussi une façon de soutenir le festival car il est difficile d’équilibrer notre budget depuis deux ou trois ans. Rejoignez-nous car nous ne sommes jamais assez nombreux pour faire tourner la boutique. Rejoignez l’association pour 15 euros par an ou alors, si vous êtes donateurs, ça commence à 50 euros (défiscalisable à 66 %).

Bernard Raynaud de l'association des Écrans britanniques à Nîmes (Photo Anthony Maurin).
Bernard Raynaud de l'association des Écrans britanniques à Nîmes (Photo Anthony Maurin).

Le public n’est pas jeune, comment faire changer les habitudes ?

On se tord la cervelle pour montrer aux jeunes que ce cinéma n’est pas forcément barbant mais pas que du Marvel non plus… On espère tous les publics, j’aimerais qu’on arrive enfin à intéresser les jeunes. Je veux élargir notre public qui est celui du Sémaphore, mais les jeunes doivent au moins rentrer dans ce cinéma et voir ce qui s’y passe. Nous avons des liens forts avec le lycée Daudet à Nîmes, l’université de Montpellier. Nous travaillons avec l’IUT avec un groupe d’étudiants qui participe à la création du festival.

Ennuyeux vous êtes ?

Il faut faire le premier pas car on nous pense ennuyeux… On essaie d’être dans l’actualité et d’ouvrir la palette. On peut faire du bon cinéma plus commercial avec de la qualité. Avec la version originale, on entend la voix de l’acteur, on voit d’autres choses, c’est une autre culture, les classiques ne sont pas non plus ennuyeux ! On veut faire découvrir le Sémaphore aux jeunes car ils ne le connaissent pas assez, mais une fois qu’ils y vont, ils l’adorent !

Pourquoi venir ?

Ils risquent de voir sur les écrans, à Nîmes, des choses qu’ils ne pourront pas voir ailleurs. Combien de films de qualité, de petits chefs d’œuvres que nous avons passés ne sont même pas dans les circuits de distribution ? Les fidèles du festival le savent et c’est un luxe ! On ne trouve pas tout sur YouTube. Entre ce que nous organisons au Sémaphore, au Carré d’Art et au lycée Daudet, vous verrez des choses que vous ne verrez pas ailleurs ! Et arrêtez de regarder ça sur des écrans tout petits… Il n’y aura ni pop-corn, ni streaming avec nous !

Propos recueillis par Anthony Maurin

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