Publié il y a 13 jours - Mise à jour le 08.12.2024 - Anthony Maurin - 4 min  - vu 213 fois

NÎMES Gaulois, mais Romains !

Le Musée de la Romanité (Photo Archives Anthony Maurin).

Le Musée de la Romanité (Photo Archives Anthony Maurin).

Les chefs-d’œuvre du musée d’Archéologie nationale feront partie de la prochaine exposition temporaire du Musée de la Romanité du 29 mai 2025 au 4 janvier 2026.

Au printemps 2025, le Musée de la Romanité à Nîmes invite le public à une immersion dans l’histoire fascinante de la Gaule romaine avec l’exposition « Gaulois, mais Romains ! ».

Nicolas de Larquier (Photo Musée de la Romanité).

Le commissariat général de l’expo est assuré par Thierry Dechezleprêtre, conservateur en chef du patrimoine, responsable scientifique des collections de la Gaule romaine, du Musée d’Archéologie nationale et du Domaine national du château de Saint-Germain-en-Laye, mais aussi par Nicolas de Larquier, conservateur en chef du Musée de la Romanité.

À travers un partenariat exceptionnel avec le musée d’Archéologie nationale, l’exposition explore la manière dont les cultures gauloise et romaine se sont entremêlées pour façonner une identité nouvelle, riche et complexe. Ce dialogue entre deux civilisations révèle une société en pleine mutation, où traditions locales et influences romaines s’unissent pour former un véritable art de vivre gallo-romain. Une immersion historique qui offre un nouvel éclairage captivant sur la Gaule romaine.

Au Panthéon des dieux nîmois, même le Gaulois Sucellus était reconnu. La statue est à découvrir au Musée de la Romanité (Photo Archives Anthony Maurin).

« Gaulois, mais Romains ! » retrace l’histoire de la Gaule conquise par Rome et illustre la manière dont les Gaulois ont non seulement intégré, mais aussi réinterprété la culture romaine, déconstruisant ainsi les stéréotypes traditionnels autour de la « Gaule chevelue » pour dévoiler un territoire et une société organisée, à la culture et aux traditions développées.

L’exposition vise ainsi à révéler les traces matérielles d’un véritable « art de vivre » gallo-romain, mêlant influences gauloises et romaines, sur un territoire qui s’étend au-delà de la Narbonnaise, dans les provinces d’Aquitaine, de la Lyonnaise et de la Gaule Belge.

La maison gauloise reconstruite à l'échelle accueillera le mobilier qui a été retrouvé à l'intérieur (Photo Archives Anthony Maurin).
La maison gauloise reconstruite à l'échelle accueillera le mobilier qui a été retrouvé à l'intérieur (Photo Archives Anthony Maurin).

Le cadre chronologique s’étend de la défaite d’Alésia, en 52 av. J.-C., jusqu’au IIIe siècle, période au cours de laquelle s’expriment pleinement les multiples facettes de cette gallo-romanité.

Elle offre également l’occasion de revenir aux origines du musée d’Archéologie nationale, fondé par Napoléon III comme un musée qualifié à l’origine de « gallo-romain », et qui a contribué à façonner certains stéréotypes autour de la Gaule. S’appuyant sur la richesse de ses collections, tout en servant de complément aux collections permanentes du Musée de la Romanité, l’exposition permet de transmettre aux visiteurs les clés de lecture pour mieux les appréhender.

Un parcours sur-mesure

Le parcours de l’exposition s’ouvrira sur l’emblématique figure du sanglier, symbole de la « Gaule chevelue » dans la culture populaire, et qui incarne la dualité entre les identités gauloise et romaine.

Ici, près de la source, il y a quelques années lors d'une animation des Grands jeux romains 

Animal totémique pour les Gaulois et gibier noble pour les Romains, le sanglier occupe une place centrale dans les deux cultures, alimentant l’imaginaire d’une Gaule sylvestre. L’exposition s’articule ensuite autour de trois grandes séquences : le développement de la société gallo-romaine, l’exploration des pratiques religieuses et du panthéon gallo-romain, et enfin, une réflexion sur la naissance de l’archéologie gallo-romaine à l’époque de Napoléon III.

La première séquence plonge les visiteurs dans le quotidien des habitants de la Gaule après la conquête romaine. À travers une sélection d’objets archéologiques, nous découvrons comment les Gaulois ont dû intégrer le modèle romain tout en préservant certaines de leurs traditions.

Le Musée de la Romanité (Photo Archives Anthony Maurin).
La file d'attente pour entrer au Musée de la romanité quand une exposition temporaire est bonne... Et ce fut le cas avec l'excellente "Achille et la Guerre de Troie" ! On espère que la suivante sera d'aussi bonne qualité (Photo Archives Anthony Maurin).

Cette première séquence cherche à montrer qui sont les habitants de la Gaule romaine et comment la société est organisée. En fonction des différents groupes sociaux, cette séquence s’attarde sur les citoyens et les élites, l’armée romaine en Gaule, les artisans et leurs métiers, mais aussi les esclaves et les affranchis. Elle est illustrée par des stèles funéraires, des inscriptions honorifiques et des objets du quotidien.

À travers la restitution 3D de la Villa de la Millière, dans laquelle il sera possible de se promener, le public découvre comment les Gallo-romains vivaient à la romaine dans la campagne du nord de la Gaule. La voûte de la Villa, décorée des personnifications des quatre saisons, sera présentée au public pour la première fois depuis son acquisition et sa restauration récente par le musée d’Archéologie nationale.

Monument funéraire d’un couple de notables romains nîmois Musée de la Romanité (Photo Anthony Maurin)
Monument funéraire d’un couple de notables romains nîmois (Photo Anthony Maurin)

Consacrée au domaine des dieux, la deuxième séquence met en lumière la richesse et la complexité du panthéon gallo-romain, fruit d’un syncrétisme entre les croyances celtiques et romaines.

Les dieux gaulois ont progressivement cohabité avec les divinités romaines, créant un système religieux hybride où les cultes locaux et impériaux se sont entremêlés. Cette section présente des sculptures et des représentations divines issues des deux peuples, comme la statuette du dieu de Bouray, qui illustre la présence de divinités celtes aux côtés du panthéon gréco-romain.

Achille et la guerre de Troie au Musée de la Romanité de Nîmes (Photo Anthony Maurin)
L'entrée de l'exposition temporaire du Musée de la Romanité de Nîmes (Photo AAnthony Maurin)

Le culte des divinités, qu’il soit public ou domestique, est exploré dans cette séquence à travers des objets votifs retrouvés dans des sanctuaires tels que les masques de Lacroix-Saint-Ouen qui permettent d’illustrer le rôle des ex-voto dans les rituels religieux. L’importance des offrandes est mise en lumière à travers des pièces telles que l’ex-voto offert à Apollon Moritasgus, retrouvé à Alise-Sainte-Reine. Des descriptions d’offrandes animales et de sacrifices révèlent les rituels pratiqués pour obtenir la protection des dieux, que ce soit pour une guérison ou pour le succès des récoltes.

Le Musée de la Romanité (Photo Archives Anthony Maurin).
Le Musée de la Romanité (Photo Archives Anthony Maurin).

Enfin, la troisième partie de l’exposition revient sur l’histoire et l’évolution de l’archéologie en France, de ses premières découvertes jusqu’à l’institutionnalisation de la discipline. Cette section montre comment l’archéologie a permis de redécouvrir la Gaule romaine et de forger une nouvelle « identité nationale » selon les volontés politiques et idéologiques de Napoléon III.

Passionné d’histoire romaine, ce dernier a joué un rôle crucial dans la redécouverte de ce passé gallo-romain, notamment à travers son soutien aux fouilles d’Alésia qui a contribué à la naissance du musée d’Archéologie nationale en 1867. Le XIXe a fortement influencé l’éducation, la culture populaire et la construction d’un imaginaire national autour des Gaulois, encore très présent aujourd’hui.

Des visiteurs du Musée de la Romanité (Photo Archives Anthony Maurin).

Autrefois considérée comme « une science auxiliaire de l’histoire », l’archéologie a acquis durant le XXe siècle le statut d’une science à même d’appréhender l’Homme dans sa globalité.

Pendant longtemps, cette discipline était en effet réduite à la découverte de trésors et de beaux objets. Ainsi, l’archéologie de la Gaule romaine, longtemps limitée aux nécropoles et à l’exploration des villes et des villas, s’intéresse dorénavant aux simples fermes, aux parcellaires anciens, aux pratiques agricoles et aux témoins qu’ils laissent.

À travers une approche ludique et pédagogique, l’exposition intègre des dispositifs numériques qui invitent les visiteurs à plonger dans l’histoire de la Gaule romaine, à explorer minutieusement les découvertes archéologiques avec des modélisations 3D des œuvres exposées, et même à se projeter dans une salle de classe de la IIIe République.

Le Musée de la Romanité (Photo Archives Musée de la Romanité) • Service Communication

Anthony Maurin

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