NÎMES Le dealer relaxé car l'argent vient "du petit monsieur à la barbe blanche"
Dans ce quartier, les policiers « vident l’océan avec une petite cuillère », estime le président du tribunal correctionnel de Nîmes.
Le magistrat se réfère au Portal, secteur bien connu pour son trafic de stupéfiants au quartier du Chemin-bas d’Avignon à Nîmes. Le 6 janvier 2021, le suspect entre dans un immeuble de la rue Georges-Bruguier. Quelques secondes après, la police intervient et l'arrête. Les forces de l'ordre constatent la présence d’un sac dans la boîte aux lettres avec 48 pochons de cannabis, plus 620 euros en coupures de 10 euros et 20 euros dans ses poches.
Pour les policiers c’est sûr, l’homme qu’ils ont repéré et qu’ils connaissent bien vu ses précédentes condamnations pour de la vente de drogue au Portal, est le propriétaire du sac abandonné.
Mais la position de ce monsieur depuis son arrestation est de dire qu’il n’est pas le porteur du sac et que ce n’est pas lui qui vendait ce jour-là les produits stupéfiants. "Ils ne sont pas tombés du ciel ces produits stupéfiants quand même", interroge le président. Pour les 620 euros, le prévenu « ne croit plus au père Noël mais il a la chance d’avoir ce cadeau du petit monsieur à la barbe blanche », sourit le président du tribunal. « Oui, c’est mon argent de poche, il m’a été donné par ma mère pour Noël, vous pouvez le lui demander », insiste le mis en cause au casier judiciaire bien chargé.
« Vous faisiez quoi là-bas ? » demande le président Bandiera. « Je buvais un jus avec des connaissances », affirme sans broncher le prévenu. « Voilà comment un dossier simple peut devenir compliqué avec des déclarations farfelues d’un prévenu. Vous le déclarerez coupable. Il a trois libérations conditionnelles révoquées. Chaque fois qu’il sort, il récidive», estime le vice-procureur qui réclame 6 mois ferme car les faits sont survenus à 15 jours d’intervalle d’une précédente interpellation du suspect. Il y ajoute 5 ans d’interdiction du département à ses réquisitions.
« Il vous dit aujourd’hui, j'ai été condamné plusieurs fois pour des faits survenus au Chemin-bas, j’ai toujours endossé la responsabilité, mais cette fois-ci, ce n’est pas moi », plaide maître Annélie Deschamps. Le tribunal a décidé de relaxer cet homme au bénéfice du doute et les 620 euros du père Noël lui ont été restitués. Reste à savoir s'il continue à déguster son jus avec des amis au Portal ?