NÎMES Le dessin de presse, « un langage universel »
Le Club de la presse et de la communication du Gard organisait ce vendredi soir à Nîmes une rencontre-débat autour du dessin de presse, en présence notamment de la dessinatrice de Libération et Charlie Hebdo, Coco.
La question posée était la suivante : « Le dessin de presse est-il toujours d’actualité ? » Vaste question, alors qu’une exposition inédite de dessins de Cabu, dessinateur de presse assassiné le 7 janvier 2015 dans les attentats de Charlie Hebdo, se tient en ce moment au Carré d’Art. Vaste question, alors qu’en 2022, seuls 11 dessinateurs avaient une carte de presse, comme l’a rappelé le président du Club de la presse Guillaume Mollaret.
Une espèce en voie de disparition ? « Dans les faits, je n’en ai pas l’impression, estime Coco. Mais le métier se précarise, il y a beaucoup de pigistes. » Sans compter que de nombreux titres de presse préfèrent payer en droits d’auteur, ce qui participe de cette précarisation. Pour autant, le dessin, notamment de presse, est de plus en plus présent. « Aujourd’hui on n’ouvre pas un magazine sans voir de l’illustration, il s’est passé quelque chose », avance Margot Arrault, de Nîmes s’illustre.
Notamment car le dessin et l’illustration permettent « de représenter la complexité », rajoute-t-elle. C’est ce que fait Aline Bureau, illustratrice qui publie dans Le Monde ou encore La Croix, où elle est « amenée à représenter des choses difficiles », dit-elle pudiquement. L’inceste, la mort, la guerre, autant de sujets difficiles à illustrer en photo, sur lesquels l’illustration a son mot à dire, « par l’évocation, dans une veine plus onirique », rajoute l’illustratrice. Et sur des sujets moins durs aussi : ainsi, Julien Claudel, rédacteur en chef de la revue Jour de fête, qui traite du bio, a fait le choix de confier chaque numéro à un illustrateur, « ce qui amène quelque chose dans la construction du récit. »
Reste que pour le dessin de presse, qui peut parfois choquer ou déranger, nécessite parfois une explication de texte. C’est ce que fait Coco dans les établissements scolaires, et encore ce vendredi au lycée Daudet. « Parfois, une forme de fossé générationnel peut se créer », reconnaît-elle, évoquant « une génération de ‘petits curés’ » à qui « il manque des outils » pour comprendre le dessin de presse. Pour Coco, survivante de l’attentat de Charlie, « ça passe par de l’éducation, il faut entreprendre le travail. »